Un pied de nez aux Français avec nos vins!

Vignoble La Grenouille
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Respectée et célébrée à l’international, l’industrie viticole québécoise n’en demeure pas moins une jeune adolescente. Ce n’est que dans les années 1970, particulièrement au tournant de la décennie suivante, que les premiers vignerons se sont lancés sérieusement dans une production dite de qualité. Si le vin de glace n’a plus besoin de présentation, la viticulture québécoise a élargi ses horizons. Alors que produire du vin rouge était impensable il y a 30 ans, la donne a beaucoup changé. Notamment, grâce au réchauffement du climat.

Des cépages nobles… au Québec!

La production du vin dépend de la variabilité du climat : le nombre de périodes sans gel et l’accumulation de chaleur mesurée en degrés-jours. Les quatre saisons québécoises, autrefois bien définies, sont plus imprévisibles en termes de variation des précipitations et d’écarts de températures. Les premiers gels surviennent de plus en plus tard, les raisins sont donc plus sucrés, ce qui augmente leur taux d’alcool. Climatologue chez Ouranos, Philippe Roy s’intéresse aux impacts des changements climatiques sur la production viticole du Québec. Un article paru dans la publication Climatic Change de juillet 2017 fait état de ses recherches.

Des projections climatiques jusqu’en 2065 permettent de constater que le climat favorisera la culture de grands cépages européens, les vitis vinifera (chardonnay, cabernet, pinot, sauvignon, merlot, etc.), dans différentes régions.

À titre d’exemple, on parle de deux à trois semaines de plus sans gel. Une hausse des précipitations est aussi prévue. Plusieurs vignerons québécois expérimentent déjà les vitis vinifera. Les vignobles du Domaine Saint-Jacques et Les Pervenches commercialisent d’ailleurs de ces vins considérés plus « nobles ».

Évolution des conditions climatiques favorables aux cépages de type vitis vinifera pour la région agricole du Québec 2015-2065

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Alors que les régions du monde sont de plus en plus confrontées aux changements climatiques, les vins du Québec se préparent à vivre des années pétillantes, en partie grâce à eux. L’ascension gustative des vins de la Belle Province, qu’on annonçait dans un futur pas si lointain, est déjà amorcée.

Respectée et célébrée à l’international, l’industrie viticole québécoise n’en demeure pas moins une jeune adolescente. Ce n’est que dans les années 1970, particulièrement au tournant de la décennie suivante, que les premiers vignerons se sont lancés sérieusement dans une production dite de qualité. Si le vin de glace n’a plus besoin de présentation, la viticulture québécoise a élargi ses horizons. Alors que produire du vin rouge était impensable il y a 30 ans, la donne a beaucoup changé. Notamment, grâce au réchauffement du climat.

Des cépages nobles… au Québec!

La production du vin dépend de la variabilité du climat : le nombre de périodes sans gel et l’accumulation de chaleur mesurée en degrés-jours. Les quatre saisons québécoises, autrefois bien définies, sont plus imprévisibles en termes de variation des précipitations et d’écarts de températures. Les premiers gels surviennent de plus en plus tard, les raisins sont donc plus sucrés, ce qui augmente leur taux d’alcool. Climatologue chez Ouranos, Philippe Roy s’intéresse aux impacts des changements climatiques sur la production viticole du Québec. Un article paru dans la publication Climatic Change de juillet 2017 fait état de ses recherches.

Des projections climatiques jusqu’en 2065 permettent de constater que le climat favorisera la culture de grands cépages européens, les vitis vinifera (chardonnay, cabernet, pinot, sauvignon, merlot, etc.), dans différentes régions.

À titre d’exemple, on parle de deux à trois semaines de plus sans gel. Une hausse des précipitations est aussi prévue. Plusieurs vignerons québécois expérimentent déjà les vitis vinifera. Les vignobles du Domaine Saint-Jacques et Les Pervenches commercialisent d’ailleurs de ces vins considérés plus « nobles ».

Évolution des conditions climatiques favorables aux cépages de type vitis vinifera pour la région agricole du Québec 2015-2065

Évolution des vendanges au Québec
Une décennie favorable se caractérise par le retour fréquent d’années remplissant trois conditions climatiques : une saison sans gel d’au moins 180 jours, une accumulation de chaleur entre le 1er avril et le 31 octobre dépassant les 1250 degrés-jours, ainsi que des températures hivernales ne descendant pas sous la barre des -27°C. Les cartes sont établies en considérant 90 scénarios climatiques. (© Ouranos)

Une appellation québécoise?

Michael Marler, du vignoble certifié bio Les Pervenches, pense que les changements climatiques vont aider la maturation des raisins qui nécessite plus de chaleur. Par contre, il y a beaucoup plus d’incertitude et il est nécessaire de s’adapter. Cette année, les vendanges se sont d’ailleurs faites plus tard. « Au 15 septembre, les raisins étaient moins mûrs qu’à l’habitude, si bien que la récolte a eu lieu du 10 au 17 octobre. D’habitude, on fait les vendanges à partir du 20 septembre », explique-t-il, précisant que l’été a été très pluvieux et moins chaud, la chaleur de septembre ayant littéralement sauvé la récolte.

Michael Marler et son épouse ont choisi une démarche de culture en biodynamie. Ils cultivent notamment des cépages vitis vinifera avec succès, notamment du chardonnay et du pinot noir. Le terroir s’exprime avec une richesse aromatique en bouche grâce aux grands soins qu’ils portent à leurs sols et à leurs vignes. Afin de protéger ces dernières durant les mois d’hiver, une toile géotextile possédant un pouvoir isolant de 10 °C est utilisée en plus du foin, par précaution.

Vignoble La Grenouille
Le vignoble La Grenouille en Estrie (© Fabien Jouanjean / Unpointcinq)

Les vignerons cultivent surtout des variétés hybrides plus résistantes au froid qui donnent plus de volume par hectare. Certains sont réticents à cultiver les vitis vinifera qui demandent plus d’investissement en temps et en argent. Il faut également savoir que les vignobles québécois utilisent quatre à cinq fois moins d’intrants chimiques par année, un contributeur d’émissions de GES.

Président de l’Association des vignerons du Québec (AVEQ), Yvan Quirion est très enthousiaste au sujet de la future appellation Indication géographique protégée (IGP), sur laquelle il travaille depuis des années et qui mise sur la qualité et la distinction des vins d’ici.

Il n’y aura pas de compromis sur la qualité, nous sommes condamnés à être parfaits.

Yvan Quirion

Une démarche qui devrait aider à chasser le mythe voulant que les vins québécois ne soient pas à la hauteur. « Ailleurs dans le monde, les gens favorisent leurs vins locaux, ce qui n’est pas le cas au Québec. Cela doit changer », souligne Yvan Quirion.

La conjoncture est plus que jamais favorable au développement de l’industrie vinicole québécoise. L’année 2016 a d’ailleurs livré une excellente cuvée. Une plus longue période d’ensoleillement et des automnes plus chauds donnant un sérieux coup de pouce à la vinification. Les ventes de vins en 2016 ont ainsi augmenté de 14 % par rapport à l’année 2015. Avec une nouvelle mise en marché, longtemps faible, les vins québécois ont désormais une place de choix à la Société des alcools du Québec (SAQ) avec l’espace Origine Québec, qui a fait progresser les ventes des produits d’ici de 40 %. De meilleurs vins et de meilleures ventes, le réchauffement climatique amène également son lot de bonnes nouvelles.

 

Vin chaud

Par Fabien Jouanjean

Unpointcinq a retroussé ses manches et a participé aux vendanges 2017 en Estrie. L’occasion de questionner Daniel L’Heureux, responsable du vignoble La Grenouille à Cowansville, sur ces fameux changements climatiques qui sont en train de chambouler l’histoire de la viticulture au Québec.

Reportage tourné et réalisé par Fabien Jouanjean.