Lancé en 2015 par trois Montréalais tannés de consommer de la bouffe suremballée à gros prix, le groupe d’achat d’aliments en vrac NousRire s’étend maintenant à 15 villes au Québec. Chouette façon de faire un pied de nez aux changements climatiques.
Riz, farine, huile, noix, cacao, pâtes, fruits séchés : c’est le genre d’aliments que Valérie Houle, une ingénieure montréalaise mère de trois enfants, commande en ligne pour nourrir sa famille. Deux fois par mois, elle dépose une dizaine de contenants vides dans de grandes sacoches qu’elle fixe sur le porte-bagages de son vélo-cargo et se rend à l’entrepôt du groupe d’achat d’aliments NousRire, dans le quartier Mile-End à Montréal, à quelques coups de pédale de chez elle.
Depuis qu’elle a adhéré à NousRire, en novembre 2016, sa famille a clairement diminué son empreinte carbone, selon elle, notamment en réduisant les déchets allant au bac de recyclage ou à la poubelle. « Mais en plus, le prix des produits certifiés biologiques que propose NousRire se compare à celui des produits non bios à l’épicerie. Si ce n’était pas du groupe, je n’achèterais pas d’aliments bios. »
D’ailleurs, le groupe d’achat n’offre que des aliments certifiés biologiques, produits sans pesticides ni engrais synthétiques, sans OGM, sans agents de conservation ou de synthèse et sans arômes artificiels, explique Adam Taschereau, l’un des cofondateurs. Comme aucun n’est emballé, ils sont aussi bons pour la santé que pour le climat : par exemple, entre mai 2015 et juillet 2018, 365 tonnes de nourriture ont été vendues, ce qui a permis d’économiser 730 000 emballages, soutient-il.
Selon une étude réalisée par le Centre international de référence sur le cycle de vie des produits, procédés et services (CIRAIG) pour le compte de l’entreprise Cascades, les emballages d’aliments en plastique alimentaire contribuent au réchauffement climatique pendant tout leur cycle de vie, particulièrement lors de leur fabrication (extraction de la matière, transformation).
Réduire leur utilisation, plutôt que de miser sur une fin de vie comme le recyclage, est la seule façon d’éviter l’émission de gaz à effet de serre, précise le document.
« Comme nous achetons en très grande quantité, les emballages utilisés par nos fournisseurs sont réduits au maximum », poursuit Adam Taschereau. Alors qu’ils avaient l’habitude de livrer des produits dans des emballages de plastique, certains d’entre eux ont accepté d’adopter des contenants réutilisables, ajoute-t-il. Avec quelque 9000 « rieurs » – le surnom attribué aux membres – aux quatre coins du Québec, NousRire permet, d’après lui, de faire évoluer le comportement de certains fournisseurs.
De leur côté, les rieurs arrivent avec leurs contenants réutilisables afin de récupérer les aliments pesés ou mesurés par les bénévoles du groupe. À Montréal, le party lève rapidement à l’entrepôt de NousRire les jours de distribution : voyez ça par ici!