Rivière-Saint-Jean : seuls face aux vagues

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Face à l’érosion côtière, les petites municipalités apprennent à se débrouiller par elles-mêmes.

Petit village de la Côte-Nord, Rivière-Saint-Jean possède le record provincial peu enviable de la plus forte érosion côtière. Et le phénomène s’emballe : selon les mesures du Laboratoire de dynamique et de gestion intégrée des zones côtières de l’Université du Québec à Rimouski (UQAR), la mer y grignote près de quatre mètres par année sur la terre, quand elle n’avançait « que » d’un mètre au début des années 1980.

« De 45 à 75 % du recul de la falaise est attribuable à des redoux hivernaux, explique le responsable du Laboratoire, Pascal Bernatchez. Quand les températures deviennent positives en plein hiver et qu’il se met à pleuvoir, cela amène beaucoup plus d’eau dans les falaises et provoque des écoulements de boue. »

Sur le banc des accusés, on trouve un autre processus lié aux changements climatiques : la réduction du couvert de glace dans le golfe, notable depuis la fin des années 1990, qui permet aux vagues de venir frapper la côte.

L’érosion est même parvenue à mettre au jour un dépotoir clandestin, qui a déversé ses saletés dans l’eau pendant des mois. Le ministère de l’Énergie et des Ressources naturelles a nettoyé le site l’an dernier, mais pas grand-chose d’autre n’est prévu pour l’instant. La chance et le malheur de Rivière-Saint-Jean, c’est que ni routes ni habitations, situées en retrait du littoral, n’y sont en péril. « Tant qu’il n’y a pas d’infrastructures directement menacées, le gouvernement ne veut pas injecter d’argent, regrette la mairesse Josée Brunet. Si rien n’est fait pour contrer l’érosion, ces infrastructures vont finir par être touchées… » De son côté, Québec assure que cet enjeu sera pris en compte dans le futur plan de lutte contre les changements climatiques.

« On pense qu’on peut limiter l’érosion en diminuant la hauteur et la pente du talus, et en le végétalisant. »
Josée Brunet

Rassembler les forces vives

« À l’échelle locale, nos capacités d’action sont minimes, souligne le préfet de la MRC de Minganie, Luc Noël. On est une petite population et on dispose de peu d’expertise. Alors, on se débrouille comme on peut. » Une table de concertation a été créée pour rassembler les forces vives (municipalités, organisme de bassin versant Duplessis, UQAR) et avancera éventuellement des solutions.

Rivière-Saint-Jean compte aussi agir de son côté. « On voudrait faire un test dans une zone particulièrement touchée, indique la mairesse. On pense qu’on peut limiter l’érosion en diminuant la hauteur et la pente du talus, et en le végétalisant. » Un remède au goût du jour, selon le professeur Bernatchez « Dans l’estuaire et le golfe du Saint-Laurent, 90 % des ouvrages de protection sont des infrastructures très rigides, enrochements ou murets. Nos enquêtes récentes nous indiquent que les résidents et les firmes de génie veulent maintenant des solutions plus douces, comme de la recharge de plages. » À Rivière-Saint-Jean, il ne s’agit pas vraiment d’un choix : la municipalité de 215 habitants n’a pas les moyens de se payer des enrochements.

Dans le Bas-St-Laurent, ça déménage

À Sainte-Flavie, la municipalité de 900 âmes a recruté une chargée de projet en résilience côtière. Sa mission : rencontrer les propriétaires les plus menacés par l’érosion et leur annoncer qu’ils sont admissibles à une aide financière du gouvernement pour déplacer ou démolir leur maison. À l’entrée du village, 12 terrains ont ainsi été mis à la disposition des Flaviens qui voudront déménager. Une nouvelle réglementation municipale est également en vigueur pour ceux qui ne veulent pas quitter le littoral : les nouvelles constructions sont désormais interdites dans une « zone de contrainte » dont la largeur varie de 20 à 42 mètres en partant de la plage.

Lire aussi : Sainte-Flavie ou le dilemme du littoral

 

Cet article provient d’un cahier sur l’action climatique municipale au Québec, publié par le quotidien Le Devoir, en partenariat avec Unpointcinq.