La banque qui porte fruit

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Il suffit d'une carte de bibliothèque pour avoir accès gratuitement à des milliers de semences sur le territoire montréalais. Photo de Marie-Soleil Marleau
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Poivrons, tomates et radis ont fait leur apparition… dans les bibliothèques de Montréal. Depuis quelques années, ces lieux proposent une collection de semences gratuites aux adeptes de jardinage de la métropole. On a testé pour vous.

« Bonjour! Votre lot de semences est disponible à la bibliothèque Le Prévost, vous pouvez le demander au comptoir à l’entrée. Bon jardinage !🌱 », m’annonce par courriel ma grainothèque de quartier. Depuis ma commande il y a une semaine, je me prépare mentalement à faire mes semis : des pots, de la terre, de l’eau, un endroit ensoleillé…

Car cette année, c’est décidé, je me mets au jardinage! Et ça commence par aller à la découverte des bibliothèques de semences, qui ont été implantées un peu partout à Montréal. Celle de Villeray regorge de graines de toutes sortes : des tournesols au basilic, en passant par une impressionnante variété d’espèces de tomates et de poivrons, il y en a (littéralement) pour tous les goûts!

Une idée qui fait des petits

À l’image de Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension, 16 des 19 arrondissements de la métropole proposent au moins une de ces grainothèques dans les bibliothèques municipales. Si certaines, aussi appelées « jardinothèques », offrent le prêt d’outils de jardinage, d’autres se concentrent principalement sur le prêt et le don de semences. De février à octobre, les personnes abonnées peuvent se procurer des sachets de toutes sortes pour leur intérieur, leur balcon, leur cour arrière ou leur jardin partagé. Ils peuvent aussi retourner les semences qu’ils veulent partager.

Une graino-quoi?

La grainothèque est une banque de semences basée sur le concept du partage : il est possible d’y « emprunter » gratuitement des semences, de les cultiver et de rapporter par la suite les graines obtenues pour permettre à quelqu’un d’autre d’en bénéficier. La grande majorité de celles-ci proviennent donc de gens du quartier et sont adaptées au climat particulier de la région, en plus d’être considérées comme « libres » de droits. Si le partage de semences existe depuis des siècles, les grainothèques, elles, se sont enracinées dans les différentes bibliothèques de la Ville de Montréal dans les dix dernières années et croissent à bon rythme.

Plus d’informations sur ce qui est offert chez vous

Villeray détient l’une des plus grandes grainothèques du réseau. « L’an passé, on a donné 2083 enveloppes sur une collection d’environ 5000, m’explique Marjolaine Famelart, bibliothécaire et responsable de la grainothèque au Prévost depuis mai 2024. Et cette année, on a même ajouté un étage! »

C’est en 2020, à l’aube de la pandémie, que le projet est né. Sixième à faire son apparition sur l’île, la bibliothèque de semences située dans Villeray offre aujourd’hui une panoplie de services à la communauté. Conférences, ateliers d’art et de jardinage, visites de résidences pour personnes âgées, heures du conte sur le thème des plantes… les idées ne manquent pas à la bibliothécaire, passionnée, pour faire rayonner le jardinage tout au long de l’année.

Bien que le service de prêts et dons de semences varie d’un établissement à l’autre, le principe reste dans l’ensemble le même. À la bibliothèque de Parc-Extension, par exemple, les membres peuvent se servir directement dans l’étagère de semences, puis passer au comptoir pour enregistrer leur emprunt; même chose à la bibliothèque de Saint-Michel où, le projet étant plus récent, l’offre y est davantage limitée.

Villeray-Parc-Extension détient l’une des plus grandes grainothèques du réseau. Marjolaine Famelart, bibliothécaire, en est la responsable depuis mai 2024. Photo de Marie-Soleil Marleau

Cultiver chez soi

C’est une initiative qui a de quoi réjouir l’agronome Issiaka Sanou, qui travaille depuis plus de 25 ans en agriculture urbaine à Montréal. « Les grainothèques… C’est magnifique! L’idée est vraiment géniale et ça grossit chaque année : il y a des gens qui ont chez eux des vieilles semences dont ils ne réalisent même pas la valeur, qui vont les porter dans les grainothèques [ce qui permet de les partager]. Moi, je trouve ça génial! » me raconte-t-il, au téléphone.

Pour cet agronome de formation, fondateur de la coopérative agricole Les Serres du dos blanc, située près du cégep Saint-Laurent, à Montréal, les aliments doivent d’abord et avant tout être cultivés près de celles et ceux qui vont les consommer. « Cultiver soi-même, c’est sortir de l’environnement tout ce qu’on connaît : les pesticides, les insecticides, du CO2 qui est produit… Juste pour le transport des légumes qui viennent du Mexique jusqu’ici, imaginez combien on peut économiser [de carburant]! »

Il est aussi d’avis que les Montréalaises et Montréalais devraient être mieux informés de ce qu’ils peuvent eux-mêmes cultiver et des bénéfices pour leur santé, tant physique que mentale. Il donne donc, chaque année depuis près de dix ans, une série de quatre conférences sur les bases du jardinage écologique.

« Pour moi, la population montréalaise a besoin de ces informations-là parce que c’est celle qui est la plus coupée de la réalité [agricole] », soutient Issiaka Sanou.

L’agronome Issiaka Sanou, travaille depuis plus de 25 ans en agriculture urbaine à Montréal. Chaque année, il donne une série de quatre conférences sur les bases du jardinage écologique. Photo de Marie-Soleil Marleau

Les mains dans la terre

Moi-même jeune pousse en matière de jardinage, je me suis rendue à l’une de ses conférences, au deuxième étage de la bibliothèque Le Prévost. Et je ne suis pas seule : une quarantaine de personnes, de tous âges, ont bravé l’hiver et l’abondante quantité de neige pour venir apprendre à faire leurs semis.

« L’agriculture a toujours été urbaine, on l’a sortie de la ville et maintenant on la ramène », débute fièrement ce grand monsieur à lunettes. Au passage, il énumère plusieurs exemples d’initiatives agricoles dans la métropole : jardins communautaires, collectifs et éducatifs, toits verts, potagers dans les cours arrière… L’agriculture est omniprésente à Montréal : il suffit d’y porter attention.

Pour faire pousser mes semis, il m’a fallu partir à la recherche du matériel nécessaire. Je me suis procuré, pour moins de 30 $ :

  • 50 pots dégradables;
  • 2 contenants de plastique me servant de serres intérieures (réutilisables);
  • 1 sac de tourbe biologique;
  • 1 thermomètre/hydromètre.

(Note aux adeptes des transports collectifs : n’ayant moi-même pas d’auto, j’ai été en mesure de tout transporter en autobus et à pied sans aucun problème!)

Défi supplémentaire : il m’a fallu trouver un endroit où faire pousser mes plantes. L’ensoleillement étant une denrée rare dans les appartements et un enjeu important des maisons de ville ou en rangée, il vaut mieux y penser avant de se mettre les mains dans la terre.

Pour mon petit jardin, j’ai décidé de faire pousser différentes espèces : basilic, tomates cerises rouges, haricots abondants, pensées violettes tricolores et tournesols. Sept jours après avoir fait mes semis, des pousses vertes sont apparues. Les semences, l’ensoleillement et le matériel étaient donc adaptés!

Je confirme ce qu’Issiaka Sanou et Marjolaine Famelart me disaient : le jardinage fait du bien à l’environnement et à la santé, mais c’est surtout pour l’esprit qu’il est bénéfique. « Jardiner, jouer dans la terre… c’est zen! Les gens oublient, ils sont dans le moment présent. En plus, récolter sa tomate, c’est super satisfaisant, et pour les enfants, et pour les adultes », conclut ainsi la bibliothécaire. Je suis convaincue!

Marie-Soleil Marleau a participé pendant deux ans au Laboratoire des Jeunes Journalistes en Environnement avec nous et la Fondation Monique Fitz-Back, bravo!

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