Rouler de Montréal à Québec avec aussi peu de puissance que celle nécessaire pour faire fonctionner un séchoir à cheveux. C’est le défi qu’ont relevé des étudiants de la Polytechnique de Montréal avec leur véhicule solaire Esteban 8.
L’équipe qui a remporté en juillet 2017 la 3e position du Formula Sun Grand Prix 2017, a décidé d’emprunter le chemin du Roy et de traverser une dizaine de municipalités en s’arrêtant à Repentigny, Trois-Rivières et Québec pour faire la démonstration du véhicule.
C’est la première fois qu’une voiture de l’équipe Esteban roule sur les routes du Québec. Depuis leur création en 1998, ces bolides solaires ont toujours roulé dans le cadre de compétitions internationales. L’équipe a toutefois réussi à immatriculer son 8e prototype au Québec, ce qui lui permet de parcourir 470 kilomètres entre Montréal et Québec accompagné d’un cortège de voitures électriques.100 km/h
Esteban 8 fonctionne entièrement à l’énergie solaire. Grâce à sa grande surface de 6 m2, le véhicule possède suffisamment de cellules photovoltaïques pour recharger la batterie qui alimente le moteur et rouler durant cinq heures à une vitesse de 70 km/h. En période ensoleillée, la recharge s’effectue en seulement quelques heures. Viviane Aubin, étudiante en génie mécanique à la Polytechnique de Montréal et membre de la société technique Esteban depuis trois ans, explique que le véhicule peut atteindre une vitesse maximale de plus de 100 km/h, mais qu’il faut la réduire si on souhaite rouler très longtemps. Les trois pilotes qui se partagent la conduite du bolide lors du rallye Montréal-Québec ont toutefois le plaisir d’aller à la plus grande vitesse. Comme le souligne Viviane Aubin, le trajet n’est pas très long et contrairement aux voitures électriques non solaires, les panneaux photovoltaïques rechargent la batterie même lorsque le véhicule est en marche.C’est à cause de son poids léger et de sa forme aérodynamique qu’Esteban 8 peut se déplacer avec une puissance de 2 kW, la même qu’un simple séchoir à cheveux. Cela ne serait pas possible pour les voitures électriques au châssis conventionnel dont les moteurs ont des puissances allant jusqu’à 400 kW pour certains modèles.
Le petit habitacle et la hauteur très basse du bolide ne lui permettraient pas d’être commercialisé. Mais l’objectif de l’équipe n’est pas de développer un produit destiné au marché automobile. C’est plutôt de prouver qu’un concept est possible : celui de rouler à l’énergie solaire. C’est aussi de former des ingénieurs au travail avec les énergies renouvelables à travers un projet d’envergure.
Il existe toutefois des compétitions de véhicules solaires de types Cruiser. Cette catégorie de voiture tient compte de la commodité, la praticité et l’acceptabilité dans un segment de marché.
Double mission
Viviane Aubin estime qu’il serait intéressant d’agrémenter des voitures hybrides ou électriques de panneaux solaires afin d’alimenter la batterie de façon constante pour prolonger son autonomie.
Construire un nouveau véhicule solaire tous les deux ans est la mission première de l’équipe Esteban. Son deuxième objectif est toutefois d’une toute autre nature : promouvoir le développement durable auprès du grand public.
« Pour cela on fait plusieurs conférences dans les écoles, auprès des enfants et des adolescents. On participe aussi à des évènements de promotion comme le Salon du développement durable d’Ekuanitshit », mentionne Viviane.