Au Lac-Saint-Jean, les vélos partagés gratuitement par Bécik Vert sont doublement bénéfiques : ils donnent de l’élan à de jeunes décrocheurs et un coup de pouce au climat en favorisant les déplacements ponctuels à bécik.
Dans l’atelier de Vélo-Jeunesse, à Alma, Jérémie Fortin, 20 ans, répare le pédalier d’un des 500 vélos récupérés dans la région chaque année par cette entreprise d’économie sociale spécialisée dans la vente et la location de vélos. Depuis mai 2019, le jeune homme, qui n’a pas terminé ses études secondaires notamment en raison de l’intimidation qu’il subissait à l’école, a commencé par être bénévole dans cet atelier avant d’y dénicher un emploi subventionné par le Programme d’apprentissage en milieu de travail (PAMT) du gouvernement du Québec.
Chaque année depuis 1998, Vélo-Jeunesse reconstruit plus d’une centaine de vélos qui sont ensuite revendus au grand public, ce qui permet à l’organisme de financer ses activités. En 2019, il a aussi lancé le projet pilote de vélo partage Bécik Vert afin de mettre en valeur le travail accompli par des jeunes, de promouvoir le transport actif et de saines habitudes de vie et, du même coup, de réduire l’utilisation des automobiles et les émissions de gaz à effet de serre.
Alors que Vélo-Jeunesse se concentrait sur la fabrication de sept vélos pour Bécik Vert, quatre autres organismes communautaires d’Alma s’occupaient d’installer trois stations de vélo partage.
Les résidents peuvent ainsi accéder gratuitement à un vélo et à un casque en s’enregistrant auprès d’un préposé au moyen d’une pièce d’identité.
À Saguenay, 45 % des travailleurs résident à moins de 5 kilomètres de leur lieu de travail, selon le rapport de Vélo Québec sur l’état du vélo dans la province en 2015.
Ça roule!
L’une de ces stations est située au CJE du centre-ville d’Alma. Mylène Girard, directrice générale du CJE, estime que, chaque jour, au moins un vélo est utilisé, notamment par des jeunes à la recherche d’un emploi qui ne possèdent pas de voiture et qui doivent aller porter leur curriculum vitae à de potentiels employeurs. « Un bon moyen de se mettre en action, dans tous les sens du terme! », dit-elle.
« Ce projet permet de faire rayonner le travail des jeunes. Il les pousse à l’action et cultive leur fierté. »
À la station de vélo partage située à la friperie Coderr, les deux vélos sont utilisés presque tous les jours par des employés. Tellement que Vélo-Jeunesse songe à leur fournir des vélos recyclés afin de rendre les vélos partagés plus disponibles pour les résidents, explique Éric Audet, coordonnateur de l’organisme Tandem, qui chapeaute Vélo-Jeunesse. Il ajoute que ce projet pilote permet de déceler les problématiques et d’évaluer ce qui fonctionne le mieux. L’autre station, la seule accessible les fins de semaine, se trouve au café communautaire L’Accès.
La Ville d’Alma finance le projet à hauteur de 4560 dollars, offrant une belle autonomie à Bécik Vert, qui sera de retour en 2020. Les partenaires sont fiers de cette réussite portée par le milieu communautaire. Ils souhaitent d’ailleurs augmenter le nombre de stations et de vélos.
Faire rayonner les jeunes
« Ce projet permet de faire rayonner le travail des jeunes. C’est un projet extraordinaire qui les pousse à l’action et cultive leur fierté », affirme Mylène Girard, précisant que le CJE reçoit et aide près de 600 jeunes sans diplôme d’études secondaires chaque année.
Timide, Jérémie Fortin affiche un sourire en coin lorsqu’on lui demande s’il est fier d’avoir participé à la fabrication des vélos verts. « J’aime ça », dit-il, sobrement. Dirigé vers Vélo-Jeunesse par le CJE au printemps dernier, Jérémie a fait d’énormes progrès depuis son arrivée en travaillant notamment sur sa patience et sa persévérance, souligne Éric Audet.
« On embauche des jeunes dans le but qu’ils retournent à l’école. Le concept, c’est de donner un premier coup de pédale pour développer leur plein potentiel. »
Bécik Vert a vu le jour notamment grâce à l’apport d’organismes communautaires d’Alma, dont le Centre de lecture et d’écriture, le café communautaire L’Accès, le Service budgétaire Lac-Saint-Jean Est et le Carrefour jeunesse-emploi (CJE) Lac-Saint-Jean Est. Une réussite qui n’était pas gagnée d’avance. « On avait lancé une initiative semblable il y a 10 ans, mais le projet est mort après une saison », explique Éric Audet.