Une mine d’inspiration à Laval

Valoriste à la Mine Urbaine depuis son ouverture, Danielle Bordua sauve les meubles de l’enfouissement depuis qu’elle a 18 ans. ©Anaïs Fleury
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Valoriste à la Mine Urbaine depuis son ouverture, Danielle Bordua sauve les meubles de l’enfouissement depuis qu’elle a 18 ans. ©Anaïs Fleury
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07 février 2025 - Anaïs Fleury, Journaliste de l'Initiative de journalisme local

Au bord de l’autoroute 440, à Laval, Mine urbaine insuffle un second souffle aux objets destinés à l’enfouissement. Meubles, vaisselle, décorations… chaque recoin du magasin regorge de trésors. Enfin, magasin… ici on parle de centre intégré d’écodesign. Un endroit qui aspire à devenir un véritable lieu d’impact pour la communauté lavalloise.

Lorsqu’on franchit les portes de Mine urbaine, on est frappé par la diversité et la qualité des objets en rayon. On a l’impression de découvrir un antiquaire chic. Pourtant, les étiquettes racontent une autre histoire. Les articles affichent des prix modestes, ce qui témoigne de l’engagement des deux fondatrices, Geneviève Dagneau et Myriam D. Jutras : proposer des articles revalorisés, à la fois accessibles et durables. « Nous redonnons une seconde vie à tous les articles de la maison, de l’accessoire au mobilier, en les nettoyant, en les transformant, en les réparant, bref en leur donnant beaucoup d’amour », résume Myriam. Les produits les plus prisés? Les petits meubles, comme les tables de chevet ou les supports pour plantes.

Si les prix sont fixés au cas par cas, en fonction de la qualité et de l’état de l’objet, l’équipe s’est donné des balises : « un article encore dans sa boîte ou comme neuf sera étiqueté entre 50 % et 70 % du prix du neuf. Un article usagé, lui, sera étiqueté entre 10 % et 40 % du prix du neuf », m’explique-t-on. Pour les biens comme les verres, les tasses ou les assiettes (à l’exception des porcelaines vintage), les prix sont fixes et uniformes. Comptez 2,29 $ pour un verre à vin sur pied, par exemple.

Dans la galerie consacrée aux meubles revalorisés sont accrochées des photos de chacun d’eux, avant et après restauration. ©Anaïs Fleury
Dans la galerie consacrée aux meubles revalorisés sont accrochées des photos de chacun d’eux, avant et après restauration. ©Anaïs Fleury

Chouchouter chaque chose

À l’arrière du magasin, Danielle Bordua s’active sur sa table de travail, concentrée sur le retrait des joints d’un meuble. Valoriste chez Mine urbaine depuis l’ouverture, elle sauve les meubles de l’enfouissement depuis qu’elle a 18 ans. Aujourd’hui âgée de 61 ans, elle confesse avec un sourire que sa passion n’a pas faibli : « Mon garage est plein à craquer d’objets en attente d’une deuxième vie! »

Sous ses doigts, une lampe brisée retrouve son éclat. Mal conçu, l’objet récupéré d’un magasin refusait de se fixer à son abat-jour en rotin. Aujourd’hui, le luminaire rose est orné de petites fleurs, crochetées pendant que Danielle regardait la télé. Il sera revendu 95 $, un prix jugé bas pour la valoriste, compte tenu du temps qu’elle y a passé. Mais en passionnée, celle-ci ne compte pas ses heures. « Je sais que je ne travaille pas très vite, car je suis minutieuse et perfectionniste », admet-elle.

Son travail dépasse la simple restauration de meubles : il sensibilise également la clientèle. « On comprend mieux ce que je fais quand on voit l’état de l’objet avant la valorisation, ce qui justifie également son prix », explique Danielle. Dans la galerie consacrée aux meubles revalorisés sont accrochées des photos de chacun d’eux, avant et après restauration, mettant en lumière le fruit de son travail.

Vous avez dit Centre d’éco… quoi?

Mine urbaine est un centre d’écodesign intégré, autrement dit un lieu à plusieurs facettes :

  • Un magasin alimenté par son propre centre de dons, qui recueille mobilier et articles de maison, à l’exclusion des divans et des électroménagers.
  • Une matériauthèque où se trouvent meubles usagés, pièces détachées et matériaux pour des projets créatifs.
  • Des espaces partagés, comprenant une cafétéria et une salle de conférence, disponibles à la location.
  • Un atelier créatif pour concrétiser des projets de bricolage, avec un studio photo et des îlots de travail.
  • Un service de revalorisation de meubles pour les remettre au goût du jour.
  • Des ateliers pratiques de revalorisation.

Une mission d’impact

L’organisation à but non lucratif se donne pour mission de conscientiser la population lavalloise au gaspillage et à la surconsommation. « Les gens, qui ne sont pas nécessairement sensibilisés à la question, réalisent quand ils viennent ici l’ampleur de tout ce qu’on jette », observe la cofondatrice et chargée de projet Geneviève Dagneau. Leur constat s’accompagne souvent d’un soulagement, voire d’une satisfaction, lorsqu’ils découvrent que leurs propres objets peuvent être valorisés.

Chaque meuble devient une mine d’inspiration; « voir un item qui a été transformé, repeint, nettoyé et réparé provoque littéralement une envie de faire de même, réveillant aussi l’intérêt de remettre en valeur des objets chez soi », remarque Myriam D. Jutras.

 
Reste que développer un tel projet à Laval n’est pas sans défis. En effet, « la population lavalloise est très diverse et assez difficile à rejoindre », admet Geneviève, aussi résidente de Laval depuis 27 ans. Le bouche-à-oreille permet à l’organisme de se faire connaître, mais celui-ci peine encore à attirer la population anglophone ou allophone et XY.

L’autre enjeu, bien sûr, c’est de rester rentable quand on cherche à offrir des prix aussi bas. Bien que l’organisme bénéficie de subventions, l’objectif est d’atteindre l’autonomie financière au cours de l’année 2026. Pour y parvenir, Geneviève et Myriam travaillent activement à des solutions en proposant, par exemple, leurs bureaux partagés à la location ou leurs îlots de travail. À plus long terme, les deux fondatrices de Mine urbaine espèrent ouvrir une succursale et proposer davantage d’ateliers spécialisés sur la valorisation des matériaux. Leur ambition? Devenir une mine d’informations et de formations.

La petite histoire

Le projet, né il y a quatre ans, était de réunir dans un même lieu les matières et les savoirs, alors que les fondatrices constataient le manque d’infrastructures disponibles dans leur ville. En 2020, elles ont intégré un incubateur avec le Pôle régional d’économie sociale de Laval. L’année suivante, elles ont entrepris une étude de caractérisation des encombrants; elles ont découvert que 25 % des déchets analysés étaient réemployables et que 14 % pouvaient être valorisés s’ils étaient intégrés dans de nouvelles productions.

Ces données ont révélé un besoin criant : à l’époque, Laval ne possédait aucun écocentre, ce qui conduisait à l’enfouissement systématique des encombrants, notamment les meubles et les matériaux réutilisables.

Trois mots pour comprendre

  • Écoconception : conception de produits ou de procédés caractérisée par le souci de réduire ou de prévenir les impacts environnementaux tout au long de leur cycle de vie. (Office québécois de la langue française)
  • Valorisation : terme qui désigne les diverses façons dont on peut empêcher nos déchets de finir à l’enfouissement (c’est-à-dire au dépotoir). Les façons les plus communes sont le réemploi, la récupération, le recyclage de matières résiduelles et le compostage. (Recyc-Québec)
  • Économie circulaire : système de production, d’échange et de consommation visant à optimiser l’utilisation des ressources à toutes les étapes du cycle de vie d’un bien ou d’un service, dans une logique circulaire, tout en réduisant l’empreinte environnementale et en contribuant au bien-être des individus et des collectivités ». (Pôle québécois de concertation sur l’économie circulaire)
Le pari est de fournir des objets à des prix très abordable pour encourager le réemploi. ©Anaïs Fleury
Le pari est de fournir des objets à des prix très abordable pour encourager le réemploi. ©Anaïs Fleury

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