Stephan Williams, le docteur qui veut soigner le climat

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Stephan Williams © Courtoisie CHUM

Au Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM), un anesthésiologiste et ses collègues se sont donné pour mission de réduire les émissions de gaz à effet de serre de leur établissement, une tâche colossale qui pourrait bien faire boule de neige au Canada.

Au cœur du projet se trouve le Dr Stephan Williams. Le médecin est cogestionnaire médical, Carboneutralité et développement durable, une équipe mandatée par l’hôpital pour réduire de 55 % les émissions de gaz à effet de serre (GES) du CHUM avant 2030.

S’impliquer dans le verdissement de son milieu de travail est venu naturellement à ce Montréalais, qui se dit particulièrement sensible aux enjeux environnementaux, entre autres en raison de son parcours universitaire.

« Mon implication vient peut-être de ma formation de base en biologie, mentionne-t-il. Pour moi, l’écologie, ce n’est pas un mode de vie, c’est une branche de la biologie. Ça me donne peut-être une vision différente de ces problèmes-là. »

Le Dr Williams et ses collègues ont du pain sur la planche. Bien que méconnue du grand public, l’empreinte carbone du système de santé canadien représente de 5 à 10 % de tous les GES du pays. Le département d’anesthésiologie est particulièrement problématique.

« Dans ma spécialité, en raison des gaz anesthésiants qui sont de puissants GES, la discussion est entamée depuis une dizaine d’années, dit-il. Nous avons été précurseurs dans la diminution des GES et nous pouvons aider les autres spécialités sinon à réduire, du moins à s’informer. »

Marie-Claude Bernier, inhalothérapeute
Marie-Claude Bernier, inhalothérapeute © Courtoisie CHUM

Conscientiser et informer

C’est avec ce constat en tête que le Dr Williams et son équipe ont mis sur pied une stratégie pour réduire les émissions de GES à l’échelle du CHUM. L’une des premières étapes de la transition a été l’organisation de présentations scientifiques pour sensibiliser l’ensemble des collègues.

Selon Stephan Williams, les professionnels et professionnelles de la santé ne possèdent pas toujours tous les outils pour bien saisir les enjeux climatiques dans leur domaine, entre autres parce que les programmes universitaires en médecine ne sont pas encore adaptés.

« Mais c’est la même chose pour plein d’autres professionnels de différents domaines, précise-t-il, la crise climatique et ses conséquences ne sont pas comprises. Le problème d’éducation inclut la médecine, mais dépasse aussi la médecine. »

Pour le Dr Williams, il est important de se rappeler que les changements climatiques représentent la menace numéro un à la santé dans le monde, un constat qui ne vient pas de lui, souligne-t-il, mais de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

« Les maladies infectieuses vont augmenter, l’accès aux déterminants de base de la santé comme la nourriture, l’eau et un endroit sûr où vivre sera perdu pour des milliards de personnes. Les changements climatiques et la santé sont directement liés. »

Des changements climatosympathiques au CHUM

  • Installation de nouvelles stations anesthésiques qui réduisent les fuites de gaz
  • Utilisation d’agents anesthésiques qui émettent moins de GES
  • Acquisition d’un module qui capte le gaz anesthésique
  • Utilisation de produits intraveineux avec des pompes de précision
  • Création de postes consacrés à la réduction des GES

Une vision optimiste

Le travail de conscientisation et les changements techniques pourraient faire une grande différence entre les quatre murs du CHUM. Le département d’anesthésie s’attend à abaisser ses émissions de GES de 3500 tonnes (2017) à 150 tonnes (2023).

Pour le titulaire d’un doctorat en science neurologique, le Québec ferait bien de s’inspirer des meilleurs dans le monde, comme le système de santé britannique. En effet, le Royaume-Uni a mis sur pied une stratégie nationale pour adopter des pratiques écoresponsables et diminuer radicalement ses émissions de GES d’ici 2040.

« C’est un modèle, lance-t-il. Ils ont compris que s’attaquer aux enjeux environnementaux allait leur faire sauver beaucoup d’argent à long terme, c’est pour ça qu’ils ont débloqué des fonds et des ressources concrètes pour réduire leur GES. La meilleure manière d’avancer, c’est de copier les meilleurs. Et pas besoin de réinventer la roue, ça ne prend qu’un peu de volonté. »

Même s’il est facile de tomber dans des prévisions pessimistes, voire fatalistes, le Dr Williams se dit plutôt optimiste pour la simple et bonne raison que tous les moyens sont là pour véritablement améliorer les choses.

« Réduire ses émissions de GES, ce n’est pas un enjeu technique, il y a partout des exemples de réussite, argue-t-il. Les obstacles sont humains et sociaux, il faut qu’on intègre ça à nos valeurs pour que ça fonctionne. Ce qui me rend optimiste, c’est que c’est très possible techniquement. »

En attendant de voir si le reste du système de santé canadien emboîtera le pas, le docteur Williams et son équipe travaillent d’arrache-pied pour changer les choses dans leur milieu professionnel. Un bel exemple d’adaptation face à la crise climatique.

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