Le Noël des golfeurs

array(29) { ["ID"]=> int(7592) ["post_author"]=> string(2) "27" ["post_date"]=> string(19) "2017-11-09 14:17:44" ["post_date_gmt"]=> string(19) "2017-11-09 19:17:44" ["post_content"]=> string(4618) "Le 27 octobre, j’étais dans les Laurentides en train de jouer ma dernière ronde de golf de la saison. La température était chaude, le gazon était d’un vert foncé, l’air était doux et le vent tout simplement absent. Le terrain était dans une condition qu’on ne voit à peu près jamais à ce temps-ci de l’année. Après un (autre) coup de départ manqué, je cherchais ma balle dans le boisé qui borde le 3e trou. Je n’ai jamais retrouvé cette balle – j’ai d’ailleurs dû me contenter d’un triple bogey. Ce que j’ai trouvé par contre c’est deux minuscules tamias (suisse), pas plus vieux que quelques jours. Tellement petits et maladroits que j’en ai presque écrasé un sans m’en rendre compte. C’est un bien drôle de moment pour naître. Comme dirait Jon Snow : « Winter is coming ». En fait, le tamia rayé devrait normalement mettre bas entre avril et juillet dans l’est du Canada. Plusieurs mois avant que j’envoie résonner mes derniers coups de driver contre les foutues épinettes du 3e trou.

Est-ce une simple coïncidence, une erreur de la nature, ou bien est-ce en lien avec la transformation graduelle que nous observons dans notre climat québécois? Je n’en ai aucune idée.

Heureusement pour le tamia et probablement pour nous aussi, les changements climatiques adouciront la rigueur de nos hivers « québécois ». Une étude publiée en 2015 estimait que la facture des Québécois en chauffage diminuera de 8,9% à l’horizon 2030 et de 13,2 % à l’horizon 2050 en raison du réchauffement des températures. À l’échelle du Québec, ce sont des centaines de millions de dollars qui n’auront pas à être dépensés pour se garder au chaud et des milliards de kilowattheures d’énergie consommés en moins. Ces économies sont aussi une incroyable opportunité pour notre société d’État.

Rappelons que le Québec détient l’une des plus grandes capacités de production hydroélectrique au monde et une capacité de stockage dans ces 27 grands réservoirs équivalente à 2 milliards de batteries de Tesla (176 TWh)!

C’est probablement ce qui a mené Hydro-Québec à s’autoproclamer la batterie du Nord-Est américain. Une batterie qui pourrait bien appuyer les États du Nord-Est dans leur transition énergétique vers les énergies renouvelables, essentiellement l’éolien et le solaire, car ces sources d’énergie sont intermittentes. Autrement dit, il ne fait pas toujours soleil et il ne vente pas tout le temps. C’est là que les réservoirs du Québec entrent en jeu. Ces réservoirs permettront d’assurer un approvisionnement en continu en complément des énergies renouvelables, d’absorber l'excès de génération à partir des marchés environnants, de stocker l’énergie non consommée au Québec en vertu de nos températures plus chaudes et de redéployer cette énergie quand et où c'est le plus nécessaire. Comme quoi nos hivers plus cléments pourraient par une ironie du sort permettre de lutter contre les changements climatiques à plus long terme.

Imaginez-vous dans 20 ou 30 ans, l’instant d’un week-end, à New York. Les rues y sont encore remplies de taxis jaunes et Times Square est aussi lumineux qu’aujourd’hui. Seule différence : les taxis (électriques) roulent à l’eau des grandes rivières de la Baie-James et les panneaux lumineux éblouissent grâce à un mois de janvier au-dessus des normales de saison au Québec.

S’il fallait retenir deux leçons de ce billet et plus largement de l’impact des changements climatiques sur nos vies et notre économie, ce sont les suivantes.
  • La transformation dans notre climat amènera son lot de défis et d’impacts négatifs, mais également des opportunités qu’il faut saisir en étant proactifs et visionnaires en tant que société.
  • Je ne réussirai probablement jamais à vaincre cette irrésistible tendance à envoyer ma balle dans le bois, même si les changements climatiques me permettent de jouer au golf jusqu’à Noël.
" ["post_title"]=> string(0) "" ["post_excerpt"]=> string(0) "" ["post_status"]=> string(7) "publish" ["comment_status"]=> string(6) "closed" ["ping_status"]=> string(6) "closed" ["post_password"]=> string(0) "" ["post_name"]=> string(17) "noel-des-golfeurs" ["to_ping"]=> string(0) "" ["pinged"]=> string(0) "" ["post_modified"]=> string(19) "2021-02-25 14:07:41" ["post_modified_gmt"]=> string(19) "2021-02-25 19:07:41" ["post_content_filtered"]=> string(0) "" ["post_parent"]=> int(0) ["guid"]=> string(54) "https://unpointcinq.ca/?post_type=blog-post&p=7592" ["menu_order"]=> int(1) ["post_type"]=> string(9) "blog-post" ["post_mime_type"]=> string(0) "" ["comment_count"]=> string(1) "0" ["filter"]=> string(3) "raw" ["displayCategories"]=> bool(true) ["displayAuthor"]=> bool(false) ["displayAuthorBottom"]=> bool(true) ["header"]=> string(4) "blog" ["page_banner_options"]=> array(1) { [0]=> string(0) "" } }
Created with Lunacy 2 min

09 novembre 2017 - Laurent Da Silva, Économiste principal chez Ouranos

Le 27 octobre, j’étais dans les Laurentides en train de jouer ma dernière ronde de golf de la saison. La température était chaude, le gazon était d’un vert foncé, l’air était doux et le vent tout simplement absent. Le terrain était dans une condition qu’on ne voit à peu près jamais à ce temps-ci de l’année. Après un (autre) coup de départ manqué, je cherchais ma balle dans le boisé qui borde le 3e trou. Je n’ai jamais retrouvé cette balle – j’ai d’ailleurs dû me contenter d’un triple bogey.

Ce que j’ai trouvé par contre c’est deux minuscules tamias (suisse), pas plus vieux que quelques jours. Tellement petits et maladroits que j’en ai presque écrasé un sans m’en rendre compte. C’est un bien drôle de moment pour naître. Comme dirait Jon Snow : « Winter is coming ». En fait, le tamia rayé devrait normalement mettre bas entre avril et juillet dans l’est du Canada. Plusieurs mois avant que j’envoie résonner mes derniers coups de driver contre les foutues épinettes du 3e trou.

Est-ce une simple coïncidence, une erreur de la nature, ou bien est-ce en lien avec la transformation graduelle que nous observons dans notre climat québécois? Je n’en ai aucune idée.

Heureusement pour le tamia et probablement pour nous aussi, les changements climatiques adouciront la rigueur de nos hivers « québécois ». Une étude publiée en 2015 estimait que la facture des Québécois en chauffage diminuera de 8,9% à l’horizon 2030 et de 13,2 % à l’horizon 2050 en raison du réchauffement des températures. À l’échelle du Québec, ce sont des centaines de millions de dollars qui n’auront pas à être dépensés pour se garder au chaud et des milliards de kilowattheures d’énergie consommés en moins.

Ces économies sont aussi une incroyable opportunité pour notre société d’État.

Rappelons que le Québec détient l’une des plus grandes capacités de production hydroélectrique au monde et une capacité de stockage dans ces 27 grands réservoirs équivalente à 2 milliards de batteries de Tesla (176 TWh)!

C’est probablement ce qui a mené Hydro-Québec à s’autoproclamer la batterie du Nord-Est américain. Une batterie qui pourrait bien appuyer les États du Nord-Est dans leur transition énergétique vers les énergies renouvelables, essentiellement l’éolien et le solaire, car ces sources d’énergie sont intermittentes. Autrement dit, il ne fait pas toujours soleil et il ne vente pas tout le temps.

C’est là que les réservoirs du Québec entrent en jeu. Ces réservoirs permettront d’assurer un approvisionnement en continu en complément des énergies renouvelables, d’absorber l’excès de génération à partir des marchés environnants, de stocker l’énergie non consommée au Québec en vertu de nos températures plus chaudes et de redéployer cette énergie quand et où c’est le plus nécessaire. Comme quoi nos hivers plus cléments pourraient par une ironie du sort permettre de lutter contre les changements climatiques à plus long terme.

Imaginez-vous dans 20 ou 30 ans, l’instant d’un week-end, à New York. Les rues y sont encore remplies de taxis jaunes et Times Square est aussi lumineux qu’aujourd’hui. Seule différence : les taxis (électriques) roulent à l’eau des grandes rivières de la Baie-James et les panneaux lumineux éblouissent grâce à un mois de janvier au-dessus des normales de saison au Québec.

S’il fallait retenir deux leçons de ce billet et plus largement de l’impact des changements climatiques sur nos vies et notre économie, ce sont les suivantes.

  • La transformation dans notre climat amènera son lot de défis et d’impacts négatifs, mais également des opportunités qu’il faut saisir en étant proactifs et visionnaires en tant que société.
  • Je ne réussirai probablement jamais à vaincre cette irrésistible tendance à envoyer ma balle dans le bois, même si les changements climatiques me permettent de jouer au golf jusqu’à Noël.