Il y a une dizaine d’années, alors que plusieurs organismes communautaires de Lachine cherchent à se regrouper, le déménagement d’un supermarché laisse un espace vacant sur la rue Notre-Dame. L’occasion est trop belle. Ensemble, ils décident de l’acquérir afin d’en faire un pôle de services pour les citoyens et, par la même occasion, de contribuer à revitaliser ce secteur en luttant contre les îlots de chaleur.
Une véritable aventure commence alors.
Chacun des organismes impliqués prend en charge un volet du projet, en vue de sa réalisation. Le GRAME (Groupe de recherche appliquée en macroécologie) veut en faire une réussite du point de vue environnemental. Rapidement, le projet devient un véritable laboratoire de technologies et de mesures durables : géothermie, efficacité énergétique, gestion durable de l’eau et aménagement du toit qui, en plus d’être vert et blanc, sera accessible au public. Selon moi, ce dernier volet est l’élément emblématique du bâtiment.
Casse-tête et sueurs froides
La réalisation de ce toit relève du défi. Au fil des mois, les pièces de ce casse-tête géant se mettent en place, non sans réserver quelques sueurs froides à l’équipe. Les employés du GRAME, aidés de bénévoles et d’experts, doivent redoubler d’efforts et d’ingéniosité pour concrétiser leur rêve. Ils n’hésitent pas à braver le froid pour installer les différentes couches de ce qui peut ressembler à un millefeuille géant.
Le résultat est à la hauteur de leurs ambitions et les retombées positives sur la qualité de vie du quartier se font rapidement sentir. La végétation et le revêtement blanc sur la toiture permettent ensemble de réduire les îlots de chaleur urbains dans ce secteur où l’asphalte est roi.
Mais ce qui me marque le plus lorsque je discute avec Jonathan Théoret, directeur du GRAME, c’est l’efficacité de la gestion des eaux de pluie.
Le toit, telle une éponge géante, a une capacité de rétention de 15 000 litres. Une quantité non négligeable d’eau qui est détournée du réseau d’égout unitaire municipal et une solution durable aux défis que va entraîner la multiplication des épisodes de pluies intenses dans les prochaines années.
Difficile de faire plus local
Depuis son inauguration en 2013, le toit est aussi un lieu de sensibilisation et d’action où l’agriculture urbaine occupe une place importante. En 2017, une centaine de kilos de légumes ont été récoltés, dont une partie a été transformée directement dans la cuisine collective située au rez-de-chaussée du bâtiment… difficile de faire plus local.
En proposant des visites du toit tant aux professionnels de la construction qu’aux citoyens, le GRAME souhaite inciter d’autres propriétaires à passer à l’action. Même si au cours des dernières années, plusieurs toits verts ont vu le jour à Montréal, le potentiel est immense quand on sait qu’uniquement sur l’île de Montréal, les toits couvrent une superficie de plus de 80 km2.
Besoin d’une visite pour vous convaincre des avantages et des bienfaits d’un tel projet? Restez à l’affût de la programmation 2018 sur le site web du GRAME. Jonathan se fera un plaisir de vous communiquer les détails de cette belle aventure collective.