Un nouveau stade pour l’économie circulaire québécoise

Le Centre de transfert technologique en écologie industrielle évalue les possibilités de réemploi des composantes de la toiture du Stade olympique.
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©Shutterstock/AmineIdrissi
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14 novembre 2024 - Amélie Cournoyer, Journaliste inspiratrice

La lutte contre les changements climatiques s’impose tranquillement comme un problème prioritaire dans le secteur industriel québécois. La preuve ? De plus en plus d’entreprises sollicitent l’expertise du Centre de transfert technologique en écologie industrielle, une institution de Sorel-Tracy spécialisée dans la revalorisation et le réemploi.

Le 11 juillet dernier, le Stade olympique a vécu un moment historique. La toiture qui a contribué à la renommée de cet emblème montréalais (autant qu’à ses déboires) a commencé à être démantelée, près de sept ans après l’annonce de son remplacement par le gouvernement du Québec, à l’automne 2017.

Mais que faire de la fameuse toile extérieure blanche, de la sous-toile bleue visible depuis l’intérieur, des 26 câbles qui les suspendaient au mât et de la structure d’acier qui soutenait l’ensemble ? Le tout aurait probablement terminé au site d’enfouissement si le démembrement avait eu lieu juste après l’annonce gouvernementale. Mais, en 2024, cette option n’est plus envisageable. Les mentalités ont changé, dans l’opinion publique comme dans le milieu des entreprises.

La Société de développement et de mise en valeur du Parc olympique de Montréal est donc partie à la recherche d’un partenaire qui lui permettrait d’évaluer les possibilités de réemploi des différentes composantes de la toiture et qui l’aiderait à identifier des organisations qui sauraient quoi en faire. Pour ce faire, elle est allée cogner à la porte du Centre de transfert technologique en écologie industrielle (CTTÉI), une institution pionnière affiliée au Cégep de Sorel-Tracy dont le grand public ignore tout (ou presque).

En route vers l’économie circulaire

Si le Parc olympique a approché le CTTÉI, ce n’est pas un hasard. Le centre de recherche réalise chaque année plus de 100 projets d’économie circulaire en revalorisant des matériaux — en général des résidus industriels — issus de toutes les sphères d’activités (métallurgie, industries du textile et du plastique, agriculture, agroalimentaire, etc.). « Sans prétention, l’économie circulaire est notre spécialité : ça fait 25 ans qu’on en fait, ce qui nous a permis de développer une expertise et un large réseau de partenaires qui font notre renommée », affirme Marie-Pier Lussier, chargée de projets au CTTÉI.

En juin dernier, le centre a tenu un atelier avec de potentiels preneurs (issus de l’architecture, de l’ingénierie ou de l’écoconception) et des entreprises qui conditionnent les matières qui constituaient la toiture du stade. « Nous avons réfléchi ensemble aux possibilités qu’offrent les matériaux et aux conditions qui doivent être respectées lors de leur revalorisation », rapporte la chargée de projets. Les câbles, par exemple : quelles sont les normes du bâtiment qui encadrent leur réemploi ? Sinon, y aurait-il d’autres usages possibles, moins normés ? Puis, quelle est la meilleure façon de les entreposer pour les préserver ?

À l’heure actuelle, le centre de recherche est en train de tester la capacité de réemploi des matériaux et d’analyser la faisabilité technique des différents débouchés ciblés lors de l’atelier. En fin de parcours, le CTTÉI émettra ses recommandations. « Puis, on transmettra à la Société du Parc olympique le fruit de nos recherches ainsi que les contacts s’y rattachant », poursuit Marie-Pier Lussier.

Dans chacun des projets, on a l’impression de contribuer à notre façon à aider les entreprises à agir. Mme Maheux-Picard, directrice générale du CTTÉI

Aider les entreprises à agir

À l’instar du Stade olympique, de plus en plus d’entreprises se préoccupent du réemploi : ce ne sont donc pas les projets qui manquent au CTTÉI. En entrevue, la directrice générale, Claude Maheux-Picard, en mentionne seulement quelques-uns. « Ce qui nous occupe beaucoup en ce moment, c’est le développement de procédés pour faire le broyage et le recyclage des batteries au lithium, en collaboration avec des entreprises dans ce domaine », dit-elle.

Et puisque les résidus de la construction, de la rénovation et de la démolition représentent 32 % de toutes les matières éliminées par année, selon RECYC-QUÉBEC, le CTTÉI tente de trouver des débouchés pour détourner de l’enfouissement le gypse, le bois de différentes qualités, les agrégats et le bardeau d’asphalte, encore une fois en partenariat avec les entreprises du secteur.

Le CTTÉI se penche aussi sur des procédés de séquestration du CO2. « On sait que certains sous-produits métallurgiques ont la capacité de séquestrer du carbone. Ce qui est intéressant, c’est que ces sous-produits sont générés par des entreprises qui sont de grandes émettrices de CO2», explique la directrice générale. L’objectif est donc de leur permettre de séquestrer elles-mêmes une partie de leurs émissions à partir de leurs propres sous-produits.

« Dans chacun des projets, on a l’impression de contribuer à notre façon à aider les entreprises à agir », assure Mme Maheux-Picard, au service du CTTÉI depuis près de 20 ans. Et, selon elle, il n’y a pas deux semaines pareilles tant il reste à faire en matière de valorisation des matériaux.

Un quart de siècle après son ouverture, le CTTÉI démontre plus que jamais sa pertinence.

Cet article provient d’un cahier spécial Recherche en partenariat et dynamisme des régions publié par le quotidien Le Devoir.

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