Christopher Zéphyr ©Leïla Jolin-Dahel
Retombées positives générales
Des dizaines de jeunes sillonnent les ruelles vertes de Montréal-Nord afin d’en prendre soin et de rendre leur quartier convivial. Quand l’art de semer du beau est aussi bon pour le climat.
« Reconnaissez-vous cette plante? C’est un cosmos. Cette fleur aide à préserver les abeilles. ». Dans une ruelle verte de Montréal-Nord, des adolescents se font initier à la richesse de la flore urbaine.
Une fois leur formation terminée, ces nouveaux patrouilleurs sillonneront les ruelles vertes de cet arrondissement multiculturel afin de les garder propres et pour faire connaître leur mission aux résidents. Vêtus de leur chandail fluorescent, ils suivront un itinéraire préétabli, ramasseront les déchets et repéreront les plantes nuisibles, comme l’herbe à poux. Ils discuteront aussi avec les citoyens des choses à améliorer pour embellir ces espaces verts qui permettent de faire face au réchauffement climatique en luttant contre les îlots de chaleur.
L’arrondissement a été divisé en trois sections, où autant d’équipes de huit jeunes chacune sillonnent les ruelles en se relayant quotidiennement. Si les ruelles vertes se multiplient à Montréal depuis les années 1990, la première de Montréal-Nord a été aménagée en 2017. Aujourd’hui, l’arrondissement en compte 19 et trois autres naîtront cet été.
Prendre soin des plantes et de la ville
Christopher Zéphyr a commencé à y patrouiller en 2021. Le jeune homme né dans le quartier est depuis devenu coordonnateur de l’initiative afin d’encourager d’autres adolescents à suivre ses traces. Il s’est d’abord engagé auprès du programme TAPAJ (travail alternatif payé à la journée), qui a pour mission de faire vivre une première expérience professionnelle à des adolescents, en vue de « valoriser l’image de Montréal-Nord ». « J’aimerais rendre le quartier plus positif en montrant que, dans les ruelles, on prend soin de nos plantes et de la ville », confie le jeune homme de 17 ans.
« Je ne savais pas qu’il y avait des ruelles vertes, ici, à Montréal », se souvient de son côté Carvic Jacquet, 21 ans, qui a découvert la flore locale grâce à la patrouille. Celui qui vit dans le quartier depuis dix ans désire apporter sa contribution pour préserver la biodiversité des alentours. « Ça m’inquiète un peu si on n’a pas certaines plantes qui pourraient profiter aux abeilles. Ne plus les avoir, ça fait peur », explique-t-il.
Christopher abonde dans le même sens. « L’environnement est un énorme enjeu, surtout en 2022. C’est important de prendre soin de la planète et de ce que la nature peut nous donner. »
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Coopération fertile
Créée en 2021, la patrouille des ruelles vertes est le fruit d’une collaboration entre la coop de solidarité Éconord et le Centre des jeunes l’Escale, qui propose le programme TAPAJ.
« En général, ce sont des jeunes qui sont éloignés de l’accès à l’emploi », résume Éric Uwintwaza, chargé du projet à l’Escale, car ils n’ont encore aucune expérience professionnelle dans leur CV. L’initiative bénéficie de la subvention fédérale Initiative canadienne pour des collectivités en santé (ICS) et offre aux jeunes un salaire payable à la fin de la journée, après quelques heures de travail.
La coop Éconord mobilise les citoyens pour les conscientiser à l’importance des ruelles vertes et en assure la pérennisation. De son côté, la Société de verdissement du Montréal métropolitain (Soverdi) plante les végétaux et effectue les travaux en collaborant avec les résidents. Les framboises, tomates, courges, gadelles, mûres, raisins, groseilles côtoient les hémérocalles et les cosmos au plus grand plaisir des habitants… et des abeilles.
Quand je parle aux gens, ils savent qu’il y a des ruelles vertes à Montréal, mais ils sont tous surpris qu’il y en ait à Montréal-Nord
« Ici, beaucoup de gens de différentes communautés arrivent et ils n’ont pas les mêmes connaissances sur les projets environnementaux québécois comme les ruelles vertes », explique-t-il.
L’organisme a d’abord fait du porte-à-porte afin de sensibiliser les résidents. « Dans les autres arrondissements, ce sont des projets demandés par les citoyens. Pas à Montréal-Nord. Comme c’est un quartier très dense, l’arrondissement prend l’initiative de créer des ruelles vertes pour donner plus d’espaces verts à la population et pour avoir une meilleure cohésion sociale, relate Alex Malyshev. Quand une ruelle est créée, des voisins se parlent. On se dit bonjour du balcon. Ça aide aussi à lutter contre la délinquance parce que les gens se connaissent et utilisent les ruelles plus souvent », observe-t-il, ajoutant que les jeunes de la patrouille contribuent sans aucun doute à cette cohésion.
