Des syndicats passent à l’action climatique

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Dominic Lemieux, directeur québécois du syndicat des Métallos. Courtoisie Dominic Lemieux
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Après avoir passé des décennies à protéger des acquis, plusieurs syndicats canadiens ont changé de stratégie, constate Axel Magnan, de l’Institut de recherches économiques et sociales (IRES) en région parisienne. Face à la crise climatique, ils tentent maintenant de trouver des solutions, en souhaitant qu’aucun travailleur ne soit laissé derrière. Mais ont-ils réellement le pouvoir de faire évoluer les choses ?

Cette évolution de la position des syndicats devant les défis environnementaux s’est opérée graduellement à partir des années 1990, constate Axel Magnan. Le chercheur a récemment étudié le cas des organisations syndicales canadiennes et leur position face à ce qu’on appelle la « transition juste ». C’est-à-dire cette transition qui permet de rendre l’économie plus verte en tenant compte du sort des travailleurs.

Les industries de la métallurgie et de l’automobile ont été parmi les premières à se préoccuper de la transition juste, en se concentrant d’abord sur la protection des conditions de travail des employés, ajoute le chercheur. Mais, au fil du temps, cette stratégie « défensive » a laissé place à une approche « proactive », dit-il.

Des syndicats se sont par exemple mis à proposer des suggestions concrètes en matière d’environnement. « Ils se sont dit : on ne va pas seulement se défendre face aux possibles pertes d’emplois, mais plutôt formuler des propositions », dit-il.

« La grande diversité géographique du Canada fait en sorte que les défis ne sont pas les mêmes selon les provinces et les secteurs », précise-t-il. Quand il est question de l’avenir des travailleurs canadiens dans le contexte des changements climatiques, on pense davantage à ceux qui exploitent les sables bitumineux albertains qu’aux employés agricoles québécois, par exemple. L’industrie pétrolière n’est cependant pas la seule concernée : les travailleurs des cimenteries, des mines ou encore des alumineries du Québec se posent aussi de nombreuses questions.

Lorsqu’on lui décrit ce passage d’une stratégie syndicale « défensive » à une approche plus « proactive » en ce qui a trait aux enjeux environnementaux, Dominic Lemieux répond sans hésiter. « Ça reflète exactement ce qu’on vit », affirme le directeur québécois du syndicat des Métallos, qui représente notamment des travailleurs de l’industrie de l’acier, de l’aluminium, du ciment et des mines. « Il faut prendre notre place et il faut engager un dialogue social avec les entreprises. »

« Si l’on réussit à forcer des entreprises polluantes à investir dans la décarbonation et dans des procédés qui vont émettre moins de gaz à effet de serre, c’est nos jobs qu’on garantit, poursuit-il. À travers le monde, dans deux, cinq ou dix ans, les entreprises seront jugées par rapport à leur capacité de décarboner leurs activités. »

Cette préoccupation environnementale, le leader syndical affirme qu’il la ressent lorsqu’il visite des travailleurs dans des usines. Il raconte par exemple l’histoire de ce jeune homme dans la vingtaine, chauffeur de camion, rencontré à l’usine de la cimenterie Lafarge à Saint-Constant, en Montérégie. « Il m’a dit : “Si mon usine ferme un jour, c’est parce que ça va être une des plus polluantes.” Ça m’a frappé. »

Actions limitées

La volonté de changement affichée publiquement par plusieurs syndicats québécois, y compris celui des Métallos, ne se traduit cependant pas toujours en actions concrètes. Les Métallos se sont par exemple donné l’objectif de créer des comités mixtes employeur-employés dans les milieux de travail pour discuter ouvertement de la question environnementale.

Sauf qu’à ce jour, un seul a été officiellement mis sur pied, chez ArcelorMittal, à Contrecoeur. « Ce n’est pas assez à mon goût, mais c’est un pas dans la bonne direction », affirme Dominic Lemieux.

Jonathan Michaud et Mélanie Laroche, du Centre de recherche interuniversitaire sur la mondialisation et le travail (CRIMT) de l’Université de Montréal, ont analysé le cas de la Fédération des travailleurs du Québec (à laquelle le syndicat des Métallos est affilié). Ils ont conclu que la faible présence de « clauses vertes » dans les conventions collectives au Québec s’explique entre autres par le fait que « les syndicats cherchent encore une légitimité sur les questions écologiques ». Ils ont également observé « qu’il existe un décalage persistant entre les structures centrales et la négociation collective locale à la FTQ ».

Est-ce à dire que les syndicats ont un champ d’action limité malgré leurs bonnes intentions ? Dominic Lemieux, des Métallos, n’est pas de cet avis. « On a un réel poids par le biais de la négociation collective et du dialogue qu’on a avec les employeurs », répond-il.

De son côté, Axel Magnan est plus nuancé : « Le pouvoir d’action effectif des syndicats dépend notamment du pouvoir qu’on leur laisse. »

Cet article provient d’un cahier spécial “Syndicalisme” publié par le quotidien Le Devoir.

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