À Notre petite ferme, à Lochaber-Partie-Ouest, en Outaouais, Jim Thompson et sa femme proposent depuis 2011 des paniers bios pour réduire l’empreinte écologique de leurs légumes. Portrait d’un agriculteur qui désire apporter sa contribution au climat.
Quand ils vivaient à Montréal, le maraîcher et sa conjointe, Geneviève Grossenbacher, avaient déjà la fibre environnementale. « Avant d’être des producteurs, on était des consommateurs de paniers bios », mentionne Jim Thompson.
Leurs premiers légumes, ils les ont fait pousser en 2011 avec l’aide de la Plateforme agricole de L’Ange-Gardien, un incubateur qui permet aux agriculteurs et agricultrices de se lancer en affaires, en leur louant de l’équipement et en leur prêtant des parcelles de terre.
Finalement, le couple a acquis son propre terrain il y a cinq ans, en Outaouais. « On a été capables d’acheter sans mise de fonds ni garantie, ce qui n’est pas habituel », raconte le producteur maraîcher, précisant qu’il s’agit d’une ferme non apparentée, c’est-à-dire sans liens familiaux entre le cédant et le repreneur.
Planter seulement le nécessaire
Les deux quadragénaires désiraient se lancer dans quelque chose qui « représente [leurs] valeurs ». « À la base, on est des environnementalistes, bien avant d’être des agriculteurs », souligne Jim Thompson. Tous les produits cultivés sur les terres de Notre petite ferme sont donc biologiques et certifiés par Ecocert Canada. Pour l’agriculteur, c’était important de garantir certains standards de qualité afin de gagner la confiance du public. « Qu’il sache que ce qu’il mange, c’est réellement bio », résume-t-il.
La culture biologique apporte toutefois son lot de défis. Pour prévenir les invasions d’insectes, Notre petite ferme n’utilise que des bâches flottantes. Jim Thompson convient que ce procédé ne serait pas rentable pour les fermes industrielles. « Quand tu pulvérises de l’insecticide, tu peux couvrir un hectare en quelques heures, et tes coûts sont de quelques centaines de dollars », explique-t-il. En comparaison, deux personnes mettent environ une heure pour installer un rang de bâches, qui couvre 0,025 % d’un hectare.
On plante seulement ce dont on a besoin. Si je vendais à des distributeurs, je ne ferais jamais un sou, c’est certain.
Le secret de la profitabilité de l’entreprise réside dans l’absence d’intermédiaire ainsi que dans une bonne planification pour éviter le gaspillage. Ainsi, les consommateurs paient à l’avance pour les paniers dont ils bénéficieront durant la saison estivale. « On plante seulement ce dont on a besoin. Si je vendais à des distributeurs, je ne ferais jamais un sou, c’est certain. »
Chaque année, Notre petite ferme réussit à faire croître sa production de 15 % en utilisant la même superficie cultivable. Un exploit accompli notamment grâce à des engrais verts destinés à rendre le sol plus fertile l’année suivante. « On a toujours visé une augmentation raisonnable au lieu de simplement planter plus. Il n’y a aucune raison de planter quelque chose si ça ne va pas pousser », observe Jim Thompson, dont la production permet aujourd’hui de nourrir plus de 400 familles durant 16 semaines, de la fin juin à l’Action de grâce.
Tendre vers le zéro déchet
Soucieux de l’environnement jusque dans les moindres détails, Jim Thompson et sa conjointe ont adopté une vision minimaliste pour se rapprocher, autant que possible, de l’objectif zéro déchet. Cela passe entre autres par la réduction des emballages. « On met certaines choses dans des sacs, mais c’est très rare », signale le maraîcher.
Certains aliments qui sont offerts en bottes, comme les carottes, sont conditionnés avec un simple élastique. Les gros fruits et légumes, comme les poivrons ou les courges, sont quant à eux déposés entiers dans des paniers réutilisables. Les clients viennent ensuite à la ferme avec leurs propres sacs pour ramasser leurs produits. Les paniers sont alors lavés pour une prochaine commande.
Notre petite ferme entend réduire encore plus son empreinte carbone en investissant un jour dans un camion de livraison électrique. « Même si ça ne représente pas une énorme quantité de gaz à effet de serre pour nous, ça nous permettrait de devenir plus verts », affirme l’agriculteur.
Son entreprise souhaite également s’attaquer aux déchets plastiques générés par la plantation des légumes. « On utilise un plastique qui est biodégradable. Mais à cause de certains enjeux liés à la certification bio, il faut qu’on l’enlève du champ et qu’on le mette dans la poubelle », se désole-t-il.
Mieux consommer… et mieux manger
Pour inspirer les clients à mieux se nourrir, la ferme crée des recettes avec des produits récoltés et les envoie chaque semaine par infolettre. « On a des recettes vedettes, mais on en ajoute avec ce qui est dans le panier », précise Jim Thompson.
Toutes ces audaces s’avèrent payantes pour Notre petite ferme, qui a raflé les honneurs en remportant en 2018 le Prix de la relève agricole décerné par le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation. Deux ans plus tard, l’entreprise a aussi obtenu la bourse en développement durable du concours Tournez-vous vers l’excellence! « On est très contents de représenter le secteur bio et notre région de l’Outaouais, se réjouit Jim Thompson. On a toujours tenté de faire du mieux qu’on peut en essayant d’être une ferme un peu avant-gardiste. »