Dossier spécial : L'art et la manière , partie 6

Marguerite à bicyclette révolutionne les tournées locales

Marguerite à bicyclette
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Marguerite à bicyclette ©Britanie Sullivan
Created with Lunacy 4 min

Après avoir exploré l’univers du cirque à l’international durant des années, trois acrobates ont décidé de raccrocher leur art à la transition écologique. Des tournées québécoises à vélo ainsi que des costumes et des décors recyclés sont au centre de la démarche écoresponsable de Marguerite à bicyclette, une compagnie de cirque sans but lucratif qui prêche par l’exemple.

Au cœur du quartier Rosemont–La Petite-Patrie à Montréal, le spectacle La crinoline aux chapeaux s’amorce sur quelques bruits de tambours. Un musicien à l’allure d’oiseau géant fait doucement disparaître la voix du public assis à même le sol dans une rue fermée à la circulation. Le théâtre de l’absurde a inspiré la troisième création de Marguerite à bicyclette, remplie d’acrobaties, d’aventures et de personnages uniques.

Une femme et un homme, coiffés de volumineuses perruques blondes, apparaissent fièrement sur scène. La musique s’intensifie au son entraînant des instruments, créant l’ambiance périlleuse qui annonce la venue d’acrobaties. Derrière le décor constitué d’une petite catapulte à êtres humains, d’un paravent et de valises, des remorques à vélo en bois présentent joliment l’affiche du spectacle. Qui pourrait penser que ces engins ont parcouru approximativement 700 kilomètres, tout en se répartissant 200 kg de matériel, pour le spectacle La crinoline aux chapeaux cet été?

La pluie, les crevaisons, les bris ainsi que les longues distances (et parfois même la nécessité de faire du camping sauvage en cours de route) n’empêchent certainement pas les trois artistes derrière la création de Marguerite à bicyclette de continuer à allier leur passion pour le cirque et leurs valeurs environnementales.

Les acrobates de Marguerite à bicyclette - Crédit Britanie Sullivan
Les acrobates de Marguerite à bicyclette ©Britanie Sullivan

Des tournées à vélo (et locales!)

« Après avoir fait des tournées à l’international avec différentes compagnies de cirque, on avait envie de faire nos propres spectacles en accord avec nos valeurs. On s’est penchés sur une démarche écoresponsable puisque les tournées internationales, avec les nombreux voyages en avion, ne le sont pas », raconte Pauline Baud, cofondatrice de Marguerite à bicyclette avec ses deux collègues, Jérémy Vitupier et Frédéric Lemieux-Cormier.

« Parfois, on partait pour aller dans un pays. Une semaine après, on était dans un autre pays. Ensuite, on traversait ce même pays pour le traverser dans l’autre sens par la suite. En voyageant à travers le monde, tu te rends compte de l’impact des êtres humains sur l’environnement », renchérit Frédéric.

Pauline et Jérémy, tous deux originaires de France, ont débarqué au Québec pour étudier les arts circassiens. Les trois artistes se sont ensuite croisés dans différents projets dans le « petit monde » du cirque. En 2016, alors que le trio est réuni pour un contrat, l’idée de créer leur propre compagnie a commencé à germer. Après une grande persévérance, ce rêve s’est concrétisé en 2021 et porte le nom de Marguerite à bicyclette. Objectif territorial? Le Québec!

« On avait envie de revenir ici, au Québec, et d’aller trouver un public dans notre quartier, dans notre ville et aux alentours. On a voulu créer des spectacles accessibles à tous, donc gratuits. C’est pour cela que nous les faisons souvent dans les rues ou dans les parcs. On voulait amener notre savoir-faire avec nos acrobaties assez dangereuses, mais surtout, on voulait se déplacer à vélo », explique Pauline, admettant tout de même que les spectacles sont actuellement surtout présentés dans la grande région de Montréal.

Alors que la Gaspésie et l’Abitibi figurent parmi les régions convoitées par les trois complices pour leurs futurs spectacles, Marguerite à bicyclette s’est rendue à Maniwaki, en Outaouais, cet été. C’est Jérémy Vitupier et Nicolas Germaine, un artiste engagé par la compagnie, qui y ont présenté Vélo’Delà et l’infini…, la deuxième création artistique de Marguerite à bicyclette. Les artistes ont parcouru plus de 650 kilomètres à vélo aller-retour, la plus grande distance parcourue par la troupe jusqu’à présent. Tandis que l’équipe utilise habituellement des vélos à assistance électrique, cela n’a pas été le cas pour le déplacement à Maniwaki.

« Jérémy et Nicolas ont fait le choix de se déplacer avec leur vélo personnel de cyclotourisme. Ils ont des remorques pour transporter le matériel, mais il a fallu énormément diminuer la charge pour faire ce voyage », explique Pauline, qui souhaite, dans les prochaines années, élaborer des circuits de tournées permettant d’éviter les détours inutiles. Cela permettra de couvrir de plus grandes surfaces au sein du territoire québécois tout en ne s’essoufflant pas trop!

Bien que les artistes se déplacent personnellement à vélo été comme hiver, les tournées du collectif se font en saison estivale. Les trois acrobates travaillent donc sur différents contrats locaux en tant que travailleurs et travailleuse autonomes ou sur la création de nouveaux spectacles pour Marguerite à bicyclette durant le reste de l’année.

Spectacle La crinoline aux chapeaux Crédit Britanie Sullivan
Spectacle La crinoline aux chapeaux ©Britanie Sullivan
Les remorques Crédit Britanie Sullivan
Les remorques ©Britanie Sullivan

Prêcher par l’exemple

« On n’a aucun discours moralisateur. On ne dit pas “faites comme nous, nous faisons bien les choses”, ce n’est pas du tout ça. On apporte une proposition artistique, mais aussi une démarche écoresponsable. Celle-ci va au-delà des déplacements à vélo. La scénographie [c’est-à-dire tout ce qui relève de l’aménagement de la scène] est faite de matériaux recyclés ou réutilisés. Il n’y a pas d’achat neuf, sauf pour la quincaillerie, qui est plus difficile à trouver autrement », avoue Pauline en ajoutant que d’anciens costumes ou de vieux tissus sont également réutilisés pour l’habillement de leurs personnages.

« On veut vraiment encourager par l’exemple. Des émotions s’éveillent dans le public lorsqu’il nous voit arriver avec nos vélos électriques. Au premier et deuxième spectacle, nous avions aussi des vélos générateurs d’énergie. Ils amenaient cette idée de créer de l’énergie directement sur scène », relate Frédéric en ajoutant que les changements climatiques ou autres concepts liés à l’environnement ne sont cependant pas abordés de front dans les spectacles.

Marguerite à bicyclette a travaillé avec Écoscéno pour trouver des matériaux de seconde main. Cet organisme sans but lucratif récupère le matériel de diverses scénographies afin de le revendre pour qu’il soit réutilisé et, ainsi, qu’il ne finisse pas à la poubelle. Écoscéno a notamment été d’une grande aide pour rendre les remorques de Marguerite à bicyclette étanches (idéal en temps de pluie). En effet, les remorques en bois ont été recouvertes de bâches à bateau trouvées dans une marina. En partie subventionnée, la compagnie de cirque, tant soutenue par la communauté artistique qu’écoresponsable, mise beaucoup sur l’entraide.

Par ailleurs, « on veut sensibiliser nos pairs, c’est-à-dire nos collègues des arts vivants, souligne Pauline, qui pense qu’il est possible d’éviter d’acheter neuf dans les productions artistiques, que ce soit pour le cirque, le théâtre, la télévision ou même le cinéma. On veut également sensibiliser les diffuseurs qui nous engagent et nous reçoivent [qu’il s’agisse de festivals, de maisons de la culture ou d’arrondissements] en leur disant de ne pas nous accueillir avec des bouteilles d’eau en plastique et des collations dans des emballages jetables. Je leur dresse des listes de lieux où des fruits biologiques et des noix en vrac, notamment, sont vendus », ajoute Pauline.

Même si tout cela n’est pas gagné d’avance puisque faire évoluer les mentalités prend du temps, l’équipe de Marguerite à bicyclette a beaucoup d’espoir quant à sa démarche écoresponsable. « Avec les arts, on frappe beaucoup l’imaginaire et stimule la créativité des gens », lance vivement Frédéric, fier de pouvoir maintenant se transformer en un personnage de cirque unique au cœur de son propre quartier, tout en étant en accord avec ses valeurs environnementales.

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