La maison d’édition Kata, créée par Luca Palladino, publie des livres qui abordent les enjeux climatiques sous des airs de science-fiction et de fantaisie. Une façon de parler de choses graves, autrement.
Kévin, l’écureuil qui cherchait des arbres raconte l’histoire d’un écureuil super optimiste qui vit dans un Montréal futuriste où tous les arbres ont malheureusement disparu. Dans un monde dystopique, les jeunes lecteurs partagent les aventures farfelues de l’animal.
Sorti en novembre de cette année, l’ouvrage est un bel exemple de ce que les Éditions Kata proposent : des livres jeunesse qui traitent des conséquences des changements climatiques de façon décalée et ludique. « J’adore ce livre, cette publication est un grand accomplissement pour Kata. J’aime beaucoup l’histoire », confie Luca Palladino, fondateur de la petite maison d’édition québécoise.
La fin du monde comme moteur pour sauver la planète
« Je suis un amant de littérature et un angoissé existentiel depuis au moins trente ans à cause de la crise environnementale et climatique », déclare Luca Palladino. « Cette angoisse est très liée à mon amour pour la Terre, mais également à ma fascination pour la fin du monde, les dystopies et la science-fiction. »
Luca Palladino est un militant. Il a été membre du Parti vert et de Greenpeace ou encore de l’organisme SumOfUs. Dans sa vie professionnelle, il a toujours travaillé dans le monde de l’édition, où il a occupé plusieurs métiers différents. Lui, ce qu’il voulait, c’était écrire. Il est d’ailleurs l’auteur de Ma ville est un cône orange, sorti en septembre 2021, un roman qui invite à s’interroger sur l’avenir de Montréal, entre corruption et Printemps érable.
Lancer sa propre maison d’édition n’était pas prévu dans les choses à faire avant la fin du monde. « Mon projet littéraire ne trouvait pas écho dans les maisons d’édition qui existaient déjà, explique-t-il. La fiction change les gens, elle change leur comportement. Elle a un effet direct sur la façon dont ils se perçoivent et agissent ». Son créneau : utiliser la fiction et ses personnages pour passer des messages, en s’adressant aux enfants et aux adolescents.
Parler aux grands en passant par les plus petits
Les Éditions Kata s’adressent à un public jeune. Les ouvrages publiés sont destinés aux enfants de 4 à 14 ans. Pour Luca Palladino, « la meilleure façon de toucher les adultes est de cibler leurs enfants. C’est aussi une façon de parler de sujets importants en vulgarisant le message au maximum ».
Les illustrations sont fondamentales dans les ouvrages de la maison d’édition montréalaise. « Kévin est la première bande dessinée originale qu’on publie. Ça a toujours été dans les objectifs de Kata de publier des BD. Ça fait partie de notre ADN », précise Luca Palladino.
Même si les questions environnementales dominent les sujets abordés, il y a d’autres thèmes essentiels dans le mandat de Kata : « On prévoit de publier des œuvres originales d’auteurs et d’autrices des Premières Nations. La diversité culturelle fait aussi partie de notre mission. »
Le livre Ma peau, par exemple, évoque le processus de réappropriation du corps et met en valeur la diversité des couleurs de peau. Sorti en août 2022, il est l’adaptation littéraire de la chanson du même titre, de la rappeuse québécoise Sarahmée.
La meilleure façon de toucher les adultes est de cibler leurs enfants. C’est aussi une façon de parler de sujets importants en vulgarisant le message au maximum.
Un projet surréaliste
Les éditions Kata ont aujourd’hui trois ans. « C’est un grand défi de lancer une maison d’édition au Québec, reconnaît le fondateur. Il faut gérer autant le côté administratif que créatif du métier. Même si c’est difficile, je vois ça comme un privilège qui m’amène énormément de joie chaque jour. »
Comme pour la crise climatique, les temps sont durs pour le métier d’éditeur : « Aujourd’hui, je dois faire des prévisions avec un prix du papier qui fluctue comme le prix de l’essence. En deux ans, on a subi entre 100 % et 200 % d’augmentation », affirme Luca Palladino, préoccupé.
Mais cela n’a pas empêché Kata de publier huit livres cette année. « C’est exceptionnel, s’exclame son fondateur, pour des gens qui ne sont pas experts. Nous sommes avant tout des passionnés de livres. Je lève mon chapeau à mon équipe. » L’entreprise est organique, fluide et surtout indépendante. La remise en question fait partie de leur méthode : « On se demande toujours comment un livre peut être plus inclusif, plus écologique, comment l’objet lui-même et même l’entreprise peuvent avoir moins d’impact environnemental. » De bonnes pratiques à suivre en attendant la fin du monde!
