Dossier spécial : Dompter l'écoanxiété , partie 7

Louise Hénault-Ethier, la skateuse devenue scientifique

Louise Hénault-Ethier
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Louise Hénault-Ethier ©Alexis Fortin
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Scientifique engagée, planchiste de haut niveau et communicatrice hors pair : Louise Hénault-Ethier a un parcours éclectique. Maintenant directrice du Centre Eau Terre Environnement à l’Institut national de la recherche scientifique (INRS), elle veut tracer la voie pour que plus de femmes fassent carrière en sciences.

La vie bien remplie de Louise Hénault-Ethier est passionnante pour tout journaliste qui veut en faire son portrait. La Montréalaise, une habituée des activités à sensations fortes, est tombée amoureuse de la planche à roulettes à l’adolescence. « J’ai commencé le skate en 1992, raconte-t-elle. Au début, je n’avais pas de talent, je pratiquais en cachette dans mon garage. »

Grâce à une passion débordante et à sa débrouillardise, Louise Hénault-Ethier s’est taillé une place parmi les meilleures planchistes d’Amérique du Nord au tournant des années 2000. « Je travaillais et je mettais un peu d’argent de côté pour un billet de bus ou d’avion. Je suis allée plusieurs fois aux États-Unis, mais aussi au Brésil, dans de grosses compétitions internationales. »

 
Sa grande complice et amie Annie Guglia, avec qui elle faisait partie du collectif féminin Les Skirtboarders il y a 15 ans, est devenue la première planchiste canadienne à participer aux Jeux olympiques, en 2021, à Tokyo. Louise Hénault-Ethier était l’analyste officielle des épreuves de planche à roulettes à Radio-Canada lors de ces Jeux. C’était d’ailleurs la première fois que le skate était présenté aux Olympiques. « J’avais rêvé d’aller aux Olympiques, je le vivais un peu par procuration avec Annie. Je la connais depuis qu’elle est toute jeune, explique-t-elle. C’était un moment super émouvant. »

Louise Hénault-Ethier en skate
Louise Hénault-Ethier en frontside ollie ©Alexis Fortin

J’essaie d’être attentive et d’encourager les initiatives qui vont dans ce sens. C’est un travail de longue haleine qui avance graduellement. Les femmes ont une conception complémentaire de voir le monde, mais pour apporter cette contribution, on doit leur faire de la place.Louise Hénault-Ethier, directrice du Centre Eau Terre Environnement à l’Institut national de la recherche scientifique

Après le rouli-roulant, la science

À la suite d’une année sabbatique remplie de skate et d’aventures, elle a commencé ses études universitaires en biologie, un domaine qui l’a toujours « appelée ». « À l’âge de cinq ans, j’ai appris qu’un biologiste étudiait tout ce qui est vivant… C’était évident que je voulais faire ça, se souvient-elle. C’était un peu enfantin comme façon de penser, mais je voulais sauver la planète. »

À l’Université Concordia, elle s’est démarquée par son implication dans la vie étudiante. Passionnée par les insectes, la biologiste a notamment mis sur pied un système de vermicompostage qui a récolté un énorme succès.

Après des études doctorales portant sur l’utilisation des pesticides, Louise Hénault-Ethier s’est jointe à la Fondation David Suzuki à titre de cheffe des projets scientifiques, un poste ô combien formateur. « J’ai eu beaucoup de plaisir à travailler sur de gros dossiers, mentionne-t-elle. On a notamment contribué à jeter les bases d’une refonte complète du système de récupération au Québec… une petite révolution », dit-elle en rappelant modestement qu’il s’agit d’un travail d’équipe.

Parallèlement, elle s’est lancée dans l’entrepreneuriat scientifique avec Tricycle, une ferme montréalaise d’élevage d’insectes comestibles.

Un remède contre l’écoanxiété

Cette recherche constante de solutions aux problèmes environnementaux est, de son propre aveu, une manière de gérer son écoanxiété, qui l’habite depuis toujours. « Je me souviens d’avoir monté une pièce de théâtre avec ma cousine chez ma grand-mère ; on avait dessiné un arrière-plan avec de la pollution et des arbres morts, se rappelle-t-elle avec nostalgie. On portait des masques parce que l’air n’était plus respirable et on disait vouloir sauver nos toutous [rires]. »

À travers ses projets scolaires et professionnels, qui ont tous comme point commun de vouloir faire avancer les choses, elle dit vouloir canaliser ses énergies au bon endroit. « Ma place est dans le volet scientifique, dans la recherche de solutions et dans la transmission d’informations, assure-t-elle. Ce sont toutes des manières de gérer cette anxiété. »

Cependant, la mère de deux enfants de 10 et 13 ans avoue ne pas pouvoir tout contrôler. Voir ses enfants souffrir d’écoanxiété lui « brise le coeur ». « Je me sens un peu responsable parce que c’est sûr que je parle beaucoup des enjeux environnementaux, admet-elle. En ce moment, je dois vraiment faire attention. Mon plus jeune m’a confié que ça l’empêchait de dormir le soir, il pense aux changements climatiques et aux animaux qui meurent. »

Avec ses enfants Felix et Leo
Avec ses enfants Felix et Leo ©Alexis Fortin

Ouvrir la voie pour les autres femmes

Le parcours multidisciplinaire de Louise Hénault-Ethier l’a menée à l’INRS en avril 2021. À 40 ans, elle est alors devenue la première femme directrice du Centre Eau Terre Environnement.

Lorsqu’on lui demande de commenter la parité hommes-femmes dans le domaine des sciences, la professeure associée hausse les sourcils avec un sourire. « Dans mon corps professoral, quand je suis entrée en fonction, il y avait 5 femmes sur 36 personnes, laisse-t-elle tomber avant de prendre une pause. Et ça, c’est en environnement, un sujet de prédilection pour les femmes. »

Selon Louise Hénault-Ethier, les enjeux de représentativité dans le domaine de la recherche et des sciences sont encore bien présents. « Il y a encore un syndrome de plafond de verre, les femmes comptent sur moins de modèles, explique-t-elle. Aussi, les femmes ont plus de responsabilités à la maison, malgré les avancements de ce côté. Il y a une charge mentale inégale. »

Avec son poste de direction à l’INRS, Louise Hénault-Ethier, comme elle le fait depuis le début de sa carrière scientifique, veut faire partie de la solution. « J’essaie d’être attentive et d’encourager les initiatives qui vont dans ce sens. C’est un travail de longue haleine qui avance graduellement. Les femmes ont une conception complémentaire de voir le monde, mais pour apporter cette contribution, on doit leur faire de la place. »

Cet article provient d’un cahier spécial Recherche publié par le quotidien Le Devoir.

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