L’hydroélectricité paraît un choix évident pour se débarrasser des énergies fossiles, mais encore faut-il y avoir accès. En se connectant au réseau triphasé, les Serres Bergeron feront de grosses économies, en argent et en gaz à effet de serre (GES).
Maxime Desjardins a pris la relève des Serres Bergeron avec sa conjointe il y a trois ans. Dans leurs serres d’une superficie de 5200 mètres carrés, situées à Notre-Dame-du-Laus, dans les Laurentides, ils produisent près de 20 tonnes de tomates par semaine, qui sont vendues dans les supermarchés et les marchés locaux. « Nos variétés de tomates sont très en demande », signale Maxime Desjardins. « Ce sont les meilleures sur le marché », affirme-t-il sans nommer les cultivars qu’il récolte; c’est un secret d’entreprise.
Le couple d’agriculteurs a une vision entrepreneuriale pour l’avenir et planche sur un projet qui leur permettrait de produire à l’année et de doubler la superficie de ses serres. Le frein : l’accès au réseau triphasé d’Hydro-Québec. À l’heure actuelle, l’exploitation est desservie par le courant monophasé, de 220 volts, ce qui limite les projets d’expansion.
« Un moteur qui fonctionne au monophasé a besoin de beaucoup plus d’ampères pour fonctionner, ce qui augmente les coûts en énergie », explique le producteur. Pour se connecter au réseau triphasé qui délivre 600 volts (le réseau accessible dans la majorité des endroits au Québec, NDLR), il manque encore 4,5 kilomètres de fils, un raccordement évalué à 295 000 dollars.
Le réseau triphasé va me permettre de faire des économies de 10% sur ma facture d’électricité. Ça va aussi me permettre d’acheter une chaudière à la biomasse pour remplacer le chauffage à l’huile et au propane.
Pour faciliter l’accès des entreprises agricoles à ce réseau, le ministère de l’Énergie et des Ressources naturelles a lancé le programme d’extension du réseau triphasé en novembre 2020. Déjà, 71 projets ont été retenus, dont celui des Serres Bergeron, et un nouvel appel à projets a été lancé début mai. L’objectif : fournir un outil de développement aux agriculteurs tout en réduisant la consommation d’énergie fossile et les émissions de GES.
La première phase du programme, dotée d’une enveloppe de 15,2 M$, visait une réduction globale de 3 000 tonnes de GES. Considérant le succès, Québec a ajouté un montant de 13 M$ pour entamer la deuxième phase. Des investissements bien sentis au regard du projet des Serres Bergeron. « D’emblée, le réseau triphasé va me permettre de faire des économies de 10 % sur ma facture d’électricité, note Maxime Desjardins. Ça va aussi me permettre d’acheter une chaudière à la biomasse pour remplacer le chauffage à l’huile et au propane. » Jusqu’à maintenant, l’agriculteur hésitait à faire cet achat, car le réseau monophasé réduit la durée de vie des équipements.
Objectif : 10 000 mètres carrés de serres
Pour se connecter au réseau triphasé situé à 4,5 km des serres, Québec financera 250 000 $ sur un montant total de 295 000 $. La conversion vers la biomasse permettra quant à elle de réduire les GES de la ferme de 150 tonnes par an, tout en réduisant la facture annuelle de 50 000 $.
Ce n’est pas tout. « Au lieu de produire seulement d’avril à novembre, on va pouvoir produire à l’année », se réjouit Maxime Desjardins. Un projet impossible sans le réseau triphasé, dit-il, car il aurait fallu installer beaucoup plus d’entrées électriques et les frais d’exploitation n’auraient pas été rentables.
Cet ajout permettra aussi de doubler la superficie des serres afin d’atteindre 10 000 mètres carrés. « On voudrait relancer la production de concombres que monsieur Bergeron, décédé il y a trois ans, cultivait. Les gens nous les demandent fréquemment », indique-t-il, en espérant profiter aussi des réductions énergétiques offertes aux serriculteurs.
Le couple devra cependant patienter encore un peu, car les travaux de raccordement se feront en 2022-2023. « On se prépare pour faire la construction en 2024 », se languit l’agriculteur.