Dossier spécial : Dompter l'écoanxiété , partie 4

Mettre la santé mentale au coeur des discussions sur l’environnement

Réunion Écomotion dans un salon
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La mission d'Eco-motion est de donner les outils nécessaires pour composer avec la charge émotionnelle des changements climatiques ©Courtoisie
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Du plus loin que se souvienne Isabelle Béliveau, la justice climatique a toujours été au coeur de ses préoccupations. Portée par un désir de changement, elle a décidé de faire de l’écoanxiété son cheval de bataille en cofondant Éco-Motion, un organisme unique au Québec.

Originaire de la Rive-Sud montréalaise, Isabelle Béliveau a grandi en observant attentivement le monde qui l’entoure. « Je suis quelqu’un d’hypersensible, explique-t-elle d’entrée de jeu. Je me souviens que quand j’étais jeune, chaque fois que je voyais la destruction d’un milieu naturel, ça venait vraiment me chercher. »

Pendant ses études au cégep et à l’université, elle choisit de s’impliquer dans plusieurs initiatives environnementales, mais le phénomène de la « fatigue militante » la rattrape. « J’ai vécu ce qu’on appelle le burn-out militant. Une certaine fatigue de compassion, de plus en plus commune », mentionne-t-elle en visioconférence, bien installée dans un petit café de Sherbrooke.

Selon elle, cette perte de repères est répandue chez bon nombre de personnes engagées et de professionnels de l’environnement. De ce constat est née l’idée de créer un organisme qui donnerait les outils nécessaires pour composer avec la charge émotionnelle des changements climatiques. « J’ai compris que ce n’était pas juste moi qui vivais ce qu’on appelle aujourd’hui l’écoanxiété, dit-elle. Je me suis mise à voir des signes de détresse chez les gens, liés à la situation environnementale. »

De fil en aiguille, la bachelière en environnement, aussi formée en psychologie environnementale et en communication sociale, a mis sur pied des groupes de discussion. Rapidement, il est devenu évident pour elle que la majorité des participants se sentaient désemparés face à la crise climatique. « Je me disais : “Il y a quelque chose qui ne marche pas, on ne peut pas continuer comme ça.” J’ai réfléchi pendant deux ans à un espace pour travailler ces choses-là. Selon moi, la crise climatique et la crise de santé psychologique sont interreliées. On ne peut pas en atténuer une sans s’occuper de l’autre. »

Un besoin criant

En 2020, Éco-Motion voit finalement le jour sous la forme d’un organisme sans but lucratif. « Ça a commencé par de petits groupes de formation et, maintenant, on est des centaines de personnes. On a une équipe de cinq intervenants. L’idée, c’est qu’on soit mobiles un peu partout au Québec », raconte-t-elle.

Groupe discutant dehors à la tombée de la nuit
Éco-Motion a commencé par de petits groupes de formation en 2020 et réunit maintenant des centaines de personne. ©Courtoisie

J’aimerais que grâce au travail d’Éco-Motion, ça devienne impératif qu’on intègre la santé psychologique dans toutes nos discussions sur l’environnement. Si on réussit à faire ça, je pourrai dire que mon travail est terminé.

Isabelle Béliveau

En plus d’Isabelle Béliveau, trois doctorantes en psychologie et un travailleur social complètent le quintette de formateurs. Variant de deux heures à une journée complète, les ateliers visent à transformer l’écoanxiété en moteur de changement, en misant sur quatre éléments qu’elle énumère ainsi : « Le sens qu’on donne à ce qui nous arrive en ce moment, comment créer un réseau de soutien suffisant et diversifié, développer des compétences de communication qui ne viennent pas attiser l’écoanxiété et, finalement, le plan d’adaptation : comment tu peux agir sans épuiser tes ressources. »

 

Pour elle, deux choses sont claires : l’écoanxiété est un problème systémique et le Québec manque cruellement de ressources pour aider les gens, notamment les jeunes dans le système scolaire.

« L’environnement ne fait pas vraiment partie du cursus scolaire, déplore-t-elle. Et puis, quand viennent les informations sur le sujet, l’anxiété fait souvent son arrivée. Le problème ? Si tu augmentes les connaissances, mais que tu ne mets pas en place des structures pour gérer la charge émotionnelle qui va avec, les comportements comme le déni voient le jour. On essaye de donner des outils aux enseignants par l’entremise de formations. »

Isabelle Béliveau
Isabelle Béliveau ©Courtoisie

Et l’avenir, lui ?

Apparu à la fin des années 1990, le mot « écoanxiété » fait maintenant partie du vocabulaire populaire. Quand on lui demande si elle trouve que le terme est galvaudé, Isabelle Béliveau prend une petite pause pour réfléchir. « Je suis mitigée sur la question, je trouve qu’écoanxiété est un terme parapluie. Par contre, je suis contente qu’on en parle autant parce qu’on fait maintenant une association entre notre santé, notre bien-être personnel et notre environnement. »

L’entrepreneuse de 28 ans est convaincue que la reconnexion entre l’humain et son environnement est une pièce fondamentale de la transition environnementale. « Je me concentre beaucoup sur le concept de la transition écologique. Au lieu de parler d’optimisme ou de pessimisme, je préfère parler d’espoir. »

Avec Éco-Motion, la Sherbrookoise d’adoption a décidé de passer de la réflexion à l’action. Dans un monde idéal, elle voudrait que son organisme devienne un réseau d’entraide, un filet de sécurité psychologique face aux bouleversements climatiques. « J’aimerais que grâce au travail d’Éco-Motion, ça devienne impératif qu’on intègre la santé psychologique dans toutes nos discussions sur l’environnement. Si on réussit à faire ça, je pourrai dire que mon travail est terminé », conclut-elle avec un large sourire.

Cet article provient d’un cahier spécial « Leadership au féminin » publié par le quotidien Le Devoir, en partenariat avec Unpointcinq.

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