Dossier spécial : Premières Nations, premières solutions , partie 11

Les Cris et les Inuits s’allient pour produire de l’énergie propre

Énergie propre par les Cris et les Inuits
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Où seront localisées les éoliennes. © Courtoise PESCA
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Retombées positives générales

08 avril 2022 - Émélie Rivard-Boudreau, journaliste de l'Initiative de journalisme local

Au Nunavik, deux communautés voisines, l’une inuite, l’autre crie, unissent leurs forces pour développer l’énergie éolienne sur leur territoire et, ainsi, se libérer de la dépendance au diesel.

Whapmagoostui est la seule communauté crie au Nunavik et la seule de cette nation à ne pas être raccordée au réseau d’Hydro-Québec. Comme sa voisine, la communauté inuite de Kuujjuarapik, elle tire son électricité d’une centrale au diesel construite en 1956 par l’armée et maintenant exploitée par Hydro-Québec Distribution.

Cette centrale fait partie des 22 réseaux autonomes non reliés au réseau électrique principal d’Hydro-Québec, dont la plupart desservent des populations éloignées comme celles du Nord-du-Québec. Souvent alimentés par des centrales thermiques, ces réseaux constituent la principale source d’émissions de gaz à effet de serre (GES) de la société d’État. C’est pourquoi elle vise à les approvisionner en énergie propre à 80 % d’ici à 2030, peut-on lire dans son Plan stratégique 2022-2026.

Énergie propre par les Cris et les Inuits
Où seront localisées les éoliennes. © Courtoise PESCA

En effet, le diesel est une source d’énergie fossile nuisible au climat. Les communautés autochtones nordiques, comme les Cris de Whapmagoostui et les Inuits de Kuujjuarapik, qui vivent déjà les impacts du réchauffement climatique au quotidien, en sont bien conscientes. C’est pourquoi elles se sont associées afin d’élaborer un projet éolien d’envergure et, ainsi, de coordonner leurs efforts pour réduire leurs émissions de GES.

Deux éoliennes pour l’avenir

À la suite d’une série de consultations, d’une première étude de faisabilité en 2012 et d’interventions auprès de la Régie de l’énergie du Québec, la société Kuujjuaraapik-Whapmagoostui Renewable Energy Corporation (KWREC) a été créée en 2020. Cette entreprise, qui est détenue à parts égales par les Cris et les Inuits, travaille maintenant à la construction d’une centrale d’énergie hybride (diesel et éolien) qui desservira les deux communautés.

Ces installations permettront de réduire la consommation de diesel d’au moins 1,45 million de litres dès la première année d’exploitation, probablement en 2025.
Matthew Mukash, Cri de Whapmagoostui et président de KWREC

« Nous souhaitons fournir de 40 % à 50 % de l’énergie au moyen de deux éoliennes de 1,5 mégawatt », explique Matthew Mukash, Cri de Whapmagoostui et président de KWREC. Ces installations permettront de réduire la consommation de diesel d’au moins 1,45 million de litres dès la première année d’exploitation, probablement en 2025.

Une fois les éoliennes en marche, l’entreprise Ikayu Energy assurera l’exploitation et l’entretien des infrastructures, créant trois emplois sur place. Fondée en 2019 et détenue par Ikayu Development et Tugliq Energy, cette société a pour mission d’aider les communautés du Nunavik à développer, construire et gérer leurs propres projets d’énergie renouvelable.

Selon le PDG de Tugliq Energy, Laurent Abbatiello, conserver la centrale au diesel est incontournable. « Parfois, le vent souffle, parfois non. On ne peut pas dépendre seulement du vent pour alimenter toute une communauté. »

La centrale sera cependant dotée d’une batterie qui permettra de stocker de l’énergie éolienne pour les jours où il vente moins et les périodes d’arrêt nécessaires, deux fois l’an, pour entretenir les éoliennes. Pour éviter des bris majeurs, les éoliennes devront aussi cesser de tourner durant les vagues de froid extrême, quand le mercure passe sous la barre des -40 °C.

Ces arrêts dus au froid ont d’ailleurs soulevé des questions lors des consultations publiques tenues l’an dernier, admet Matthew Mukash. Mais il ne s’en inquiète pas pour autant, les prévisions d’énergie générée par les éoliennes ayant pris en compte ces possibles pauses.

Éolienne énergie propre
Éolienne au coucher du soleil. © Tataks / Envato

Faire face à la réalité

Les premiers aménagements devraient être réalisés en 2023 sur un site principalement situé sur le territoire cri d’Eeyou Istchee. La centrale d’énergie hybride sera en périphérie des deux villages, cri et inuit, en bordure de la baie d’Hudson, près de l’embouchure de la Grande rivière de la Baleine.

Ce site a été choisi pour son potentiel énergétique éolien, mais aussi en fonction de la réduction des impacts négatifs sur l’environnement. L’acceptabilité sociale a également été un facteur déterminant, étant donné que la zone qui accueillera les éoliennes est fréquentée par les populations autochtones pour la chasse, la cueillette et les rassemblements. D’ailleurs, un autre site a été écarté à cause de la réticence des chasseurs.

« Nos populations, les chasseurs en particulier, subissent réellement les impacts du changement climatique. L’été, c’est terrible, il fait très chaud, car nous sommes entourés de sable. Quant aux hivers, les températures varient énormément d’une année à l’autre. Cette réalité force à agir », conclut Matthew Mukash.

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