Dossier spécial : Premiers de classe , partie 2

Bye-bye asphalte, bonjour verdure

Verdissement de cour d'école illustration de Sébastien Thibault
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© Sébastien Thibault
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Verdir une cour d’école? Ça tombe sous le sens! Mais aussi vertueuse soit-elle, une initiative de ce genre n’est pas simple à mettre en place. Unpointcinq a rencontré des battants qui ont accepté de relever le défi!

En 2015, quand Julie Bernard a appris lors d’une séance du conseil d’établissement que la cour de l’école primaire LaRocque, fréquentée par ses quatre garçons, serait entièrement réasphaltée, elle a levé le drapeau rouge. Il faut dire que selon l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ), la cour de cette école située dans un quartier défavorisé de Sherbrooke constitue un important îlot de chaleur.

De l’avis de cette mère et de son conjoint Patrick Chabot, le budget prévu pour l’asphaltage devait plutôt être consacré au verdissement de la cour, de manière à créer un milieu de vie plus sain. « En plus de créer des îlots de chaleur – où la température peut être jusqu’à 12 oC plus élevée qu’ailleurs –, les déserts d’asphalte que sont la plupart des cours d’école québécoises contribuent à la pollution de l’air et à l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre (GES). Ceci participe entre autres à la formation de smog et à la pollution des milieux aquatiques », explique Mélanie Beaudoin, conseillère scientifique dans l’équipe changement climatique à l’INSPQ.

Obtenir le feu vert

Armés de présentations, d’études et de lettres, les Bernard-Chabot, après avoir rencontré divers experts, ont réussi à convaincre le conseil d’établissement de l’école, la communauté, la Ville de Sherbrooke, la commission scolaire et des donateurs publics et privés de l’importance d’opter pour un modèle de cour d’école qui inverse les proportions habituelles de gris et de vert. « En général, la réponse a été bonne. Mais puisque ce genre d’initiative n’entre dans les tâches de personne, il a fallu la prendre en main », explique le couple, qui a finalement accueilli le quartier général du projet chez lui… et avec succès!

Le quartier général du projet avec autour de la table: Yves Dodier, de l’arrondissement du Mont-Bellevue, Luc Dumoulin, de la Ville de Sherbrooke, Patrick Chabot, Christine Baron, du Conseil sport loisir de l’Estrie, Marie-Pierre Tardif, directrice de l’école LaRocque, Julie Bernard, Jonathan Pineault, PDG de l’entreprise Écomestible et Carole Gendreau, du CIUSSE-CHUS. © Jean-Sébastien Dutil

À l’été 2018, la première phase des travaux a été menée à bien par la Ville de Sherbrooke : une des rues adjacentes à l’école a été métamorphosée en espace vert et convivial grâce à l’ajout de gazon, d’arbres et d’un parc. Et si tout se déroule comme prévu, le reste des travaux sera achevé au printemps 2020 : les 38 367 pieds carrés d’asphalte et de poussière de roche qui occupaient la cour d’école auront ainsi été remplacés par une plaine de jeux gazonnée, un ruisseau de captation des eaux de pluie, une classe extérieure, un mini-verger, un espace pour la permaculture (une forme d’agriculture axée sur le développement durable et le respect des écosystèmes), une zone fleurie pour attirer les papillons et favoriser le développement de différentes espèces, et un sentier, le tout entouré par une trentaine d’arbres. Le futur terrain asphalté de l’école occupera seulement 5000 pieds carrés, soit 13 % de la surface totale de la cour.

verdissement de cour d'école - école Larocque
La rue de Mère-Térésa avant...
... et après les travaux.

La nature fait bien les choses

Dès la rentrée scolaire 2019, les élèves de l’école LaRocque pourront profiter des bienfaits du contact avec la nature : lutte contre la sédentarité, diminution de l’obésité, réduction du stress, amélioration des comportements et de la concentration en classe, diminution de l’intimidation et du vandalisme, meilleur sentiment d’appartenance, conscientisation à l’environnement et amélioration des résultats scolaires, indique l’INSPQ dans son document Verdir les villes pour la santé de la population.

Mélanie Beaudoin explique qu’en milieu urbain, un seul arbre mature peut chaque année intercepter jusqu’à 20 kg de poussières en suspension dans l’air, qui sont par la suite déposées au sol quand il pleut. Ceci améliore la qualité de l’air et, par conséquent, la santé de la population. En prime, les arbres séquestrent le carbone émis dans l’atmosphère, absorbent des métaux lourds (zinc, cadmium, nickel, plomb) et contribuent à la réduction des émissions de GES en diminuant les besoins en climatisation l’été et en chauffage l’hiver. Quant aux végétaux plantés dans les villes, ils permettent à l’eau de s’infiltrer dans le sol plutôt que de se retrouver dans les égouts pluviaux, ramassant sur son passage des polluants comme de l’essence, du sel de déglaçage, du sable et des poussières.

Un cercle vertueux

L’OSBL québécois Vivre en Ville, qui vise un profond changement dans le mode de développement des collectivités, a publié le document Verdir les quartiers, une école à la fois. Son directeur, Christian Savard, croit que les écoles doivent être exemplaires en matière d’îlots de chaleur, de gestion des eaux de pluie, de qualité de l’air et de présence de végétaux. « Le verdissement d’une cour d’école peut devenir une bougie d’allumage pour la planification du verdissement de l’ensemble d’un quartier. Quand tu fais du vert et du beau avec les écoles, ça devient un cercle vertueux pour le reste du quartier », dit-il.

Lorsqu’il est planté près d’une maison, un arbre diminue de 30 % les besoins en climatisation.

Cependant, verdir les cours d’école ne se fait pas par magie. Concevoir ces espaces verts et bien les entretenir pendant toute l’année nécessite du temps, de l’argent et de l’énergie. « Le plus grand défi est organisationnel : ça prend des compétences, de l’information et des méthodes de fonctionnement qui sont difficilement accessibles à l’heure actuelle », explique le couple Bernard-Chabot, qui précise que le verdissement de l’école LaRocque n’aurait pas vu le jour sans la participation active du directeur de l’établissement, Jean-François Gagné, qui a assumé le leadership du projet auprès de la commission scolaire et du personnel de l’école, en plus de jouer un rôle actif dans la recherche de financement.

Désirant faire profiter les communautés qui envisagent de verdir leurs cours d’école de son savoir-faire et de son expérience, le couple prend soin de noter ses démarches dans le but d’en faire un film documentaire intitulé Au cœur de la cour, dont le tournage se terminera après la fin des travaux. « On veut inspirer les gens et les inciter à s’engager. Pour lutter contre l’écoanxiété, il n’y a rien de mieux que de plonger dans l’action! »

À vos agendas

Une soirée « retours d’expérience » est organisée par les chevilles ouvrières du projet de verdissement de l’école LaRoque le 12 novembre, à partir de 19h, au théâtre Granada, à Sherbrooke. Elle réunira tous les acteurs du projet ainsi que l’éco-cardiologue ami des arbres, François Reeves.