Inondations : quatre solutions pour garder les pieds au sec

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Retombées positives générales

Au Québec, l’arrivée du printemps rime malheureusement souvent avec inondations pour les riverains. Il existe pourtant plusieurs moyens de se prémunir contre le débordement de nos nombreux cours d’eau.

1- Ériger des digues

Les Québécois sont un peu comme des castors : ils adorent ériger des ouvrages destinés à contenir les eaux, à guider leur cours ou à restreindre leur débit. Hydro-Québec recense près de 6000 « ouvrages de retenue » de dimensions variées dans la province, dont plusieurs sont la propriété de municipalités, de pourvoiries et d’entreprises privées.

Nicolas Milot

L’efficacité des digues, des barrages et des autres canaux face aux inondations saisonnières dépend en bonne partie du type de cours d’eau endigué, soutient Nicolas Milot, conseiller en recherche au Bureau de projet de gestion des risques d’inondation de la Communauté métropolitaine de Montréal. « Plus les volumes d’eau à contenir sont grands, plus les digues et autres procédés d’artificialisation du territoire sont incontournables. C’est notamment le cas du lac des Deux Montagnes, dans lequel se déverse le bassin versant de la rivière des Outaouais », illustre-t-il.

 

La rupture de la digue de Sainte-Marthe-sur-le-Lac en 2019 révèle néanmoins les limites des solutions d’ingénierie civile. « Ces ouvrages ont été construits dans les années 1950 et 1960, à une époque où le réchauffement climatique n’était pas un enjeu. Ils ne sont plus nécessairement appropriés aujourd’hui dans un contexte comme le nôtre, où plusieurs facteurs influent sur la sévérité des crues printanières, comme la quantité de neige reçue ou son rythme de fonte », affirme Philippe Gachon, professeur au Département de géographie de l’Université du Québec à Montréal et directeur du Centre pour l’étude et la simulation du climat à l’échelle régionale – un groupe de recherche en sciences de l’atmosphère comprenant notamment un spécialiste en modélisation climatique régionale.

Une carte du projet pilote au Lac des Deux-Montagnes

2- Repenser nos milieux urbains

Les changements climatiques font augmenter la fréquence des événements extrêmes, comme les pluies intenses de courte durée, qui favorisent des épisodes de « crues éclair ». Ce phénomène s’observe surtout dans les petits cours d’eau aux pourtours très aménagés; la forte présence d’asphalte et de béton sur les berges favorise le ruissellement des eaux de pluie, lesquelles font rapidement déborder les réseaux d’égouts pluviaux.

Pour contrecarrer ce phénomène, certaines municipalités n’hésitent pas à aménager leur territoire différemment. C’est notamment le cas de la Ville de Trois-Rivières, qui a mis en place des îlots de biorétention à l’occasion de la récente réfection de la rue Saint-Maurice. Concrètement, cela signifie de végétaliser les pourtours d’un site pour mieux y contrôler la quantité d’eau de ruissellement. En plus, ça améliore la qualité de vie et la sécurité des riverains!

« Ça peut aussi vouloir dire de construire nos rues afin qu’elles favorisent l’écoulement de l’eau vers de petits bassins de rétention aménagés à même un terre-plein, au milieu de la chaussée. Dans les centres-villes, on peut aussi débétonner les trottoirs en y plantant des arbres et [d’autres végétaux] », explique Nicolas Milot. Malheureusement, de telles initiatives dépassent rarement le stade de projets pilotes au Québec, ajoute-t-il.

À Trois-Rivières, Julien Saint-Laurent,spécialiste en environnement, et Alexis Petridis, ingénieur en Génie urbain, sont les artisans d’un projet de réfection de rue qui s’est mérité les grands honneurs. © Perrine Larsimont

3- Construire en hauteur

À Sainte-Anne-de-Sorel, les inondations printanières font partie du paysage depuis des décennies. C’est pourquoi les sous-sols de nombreux chalets et restaurants sont imperméabilisés. C’est le cas du restaurant Marc Beauchemin, où l’on déguste la mythique gibelotte des îles de Sorel. Aucun risque de se mouiller les pieds quand le plancher est surélevé de plusieurs mètres au-dessus du sol grâce à un vide sanitaire!

Autre astuce : la construction sur pilotis. Cette technique part du principe que les inondations vont bel et bien avoir lieu et qu’il faut adapter les bâtiments en conséquence. « On réduit la vulnérabilité de petites communautés, parfois à bien moins de frais [que si on érigeait] des ouvrages d’ingénierie complexes », soutient Nicolas Milot.

Les occupants de telles maisons font cependant face à des contraintes logistiques importantes – aller faire son épicerie devient soudainement plus complexe en période de crue. De plus, ces résidences sont nécessairement dépourvues de sous-sol où aménager une pièce supplémentaire ou un cinéma maison, par exemple. Un désagrément considérable quand on sait que les inondations sont par définition temporaires.

restaurant Marc Beauchemin
Le restaurant Marc Beauchemin à Sainte-Anne-de-Sorel.
Photos tirées de Facebook.

4- Travailler main dans la main

Bien qu’indispensables, les ingénieurs ne devraient pas être les seuls acteurs de l’adaptation aux inondations, pense Philippe Gachon. « Il faut arrêter de penser que l’humain peut contrôler la nature; c’est utopique. L’apport d’hydrologues, de météorologues et d’autres scientifiques du climat est plus que jamais nécessaire pour s’attaquer à une problématique aux ramifications multiples et complexes », constate-t-il.

Plusieurs pays d’Europe ont d’ailleurs mis en place des solutions novatrices qui font appel à une combinaison d’approches. « Aux Pays-Bas, dont la majeure partie du territoire se trouve en deçà du niveau de la mer, la lutte aux inondations est politique. [Le gouvernement] alloue des milliards d’euros pour le développement d’espaces de liberté qui permettent aux rivières de déborder, pour la restauration de cours d’eau, etc. », poursuit le chercheur.

Bien sûr, une telle approche nécessite une concertation entre plusieurs acteurs de différents milieux. Malheureusement, au Québec, on se bute souvent au phénomène du « pas dans ma cour ». « C’est d’autant plus ironique que les municipalités concernées sont souvent riveraines d’un même cours d’eau. Comment veux-tu agir efficacement contre les inondations si ton voisin en amont se croise les bras? », s’interroge Nicolas Milot.

L’exemple du Néanmoins, le Système de surveillance de la Chaudière, implanté par le Comité de bassin de la rivière Chaudière (COBARIC), prouve qu’une telle collaboration est possible. Sur ce portail en ligne, les citoyens des municipalités riveraines de la Chaudière ont accès en temps réel aux données et aux images de seize stations météorologiques. De Lac-Mégantic à Lévis, ils sont mis au fait en temps réel des moindres soubresauts de la rivière. Ça paie, le bon voisinage!