Dossier spécial : Repenser nos transports , partie 5

Comment mieux embrasser notre nordicité?

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©Shutterstock/misign
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10 décembre 2021 - Leïla Jolin-Dahel, Journaliste

Malgré une montée en popularité du transport actif en hiver au Québec, la province est à la traîne en comparaison des pays scandinaves. Quelles sont les perceptions des Québécois par rapport à leurs déplacements durant la saison froide ? Portrait de la situation.

La représentation que les Québécoises et les Québécois se font de la saison hivernale serait plus positive chez celles et ceux qui quittent les centres urbains, observe Olivier Legault, cofondateur du Laboratoire de l’hiver. Cet organisme lancé en 2019 vise principalement à favoriser la pratique de l’activité physique en déterminant les actions et les mesures qui renforceraient le caractère identitaire et inclusif de la saison froide au sein de la population. « Le but est de créer un réseau pour mettre en valeur l’hiver de proximité, celui du quotidien, pas l’hiver de destination, celui des loisirs et des vacances », explique-t-il.

Dans les faits, c’est surtout dans les grands centres urbains que le transport actif hivernal trouve des adeptes. Marie-Hélène Roch est chercheuse en études urbaines et autrice de la thèse Vélo d’hiver à Montréal : expérience vécue, perçue et imaginée. Ses recherches l’ont amenée à se pencher sur le vélo d’hiver, afin d’en documenter la pratique, mais aussi l’impression qu’ont les cyclistes de la saison froide.

Onze participants ont ainsi enfourché des Bixi spécialement sortis pour l’occasion, en février 2017. Le jour J, les routes étaient particulièrement glissantes en raison de la neige et de la pluie, qui avaient causé de la glace noire les jours précédents, se souvient Marie-Hélène Roch.

Une heure durant, les participants ont exploré à vélo le quartier Villeray, choisi en raison de ses nombreuses voies cyclables. Ils ont circulé à la fois dans les rues, mais également sur les trottoirs et dans les parcs. « L’expérience du parc était très forte, un lieu perçu comme un terrain de jeu avec beaucoup de potentiel », a constaté la chercheuse.

Les participants ont été invités à se vêtir en fonction des conditions hivernales et à porter un casque. Néanmoins, la majorité d’entre eux n’avaient pas de vêtements ou d’équipements techniques destinés au vélo d’hiver. Si une minorité avaient une approche plus pragmatique, notamment avec un équipement adapté à la météo, d’autres ont axé leur pratique sur le contact avec la nature « qui renforce cette beauté-là de l’hiver en ville, comme choisir volontairement de passer à travers un parc pour rouler dans une neige plus blanche, avec des arbres, un circuit indépendant d’une voie routière, qui assure un sentiment de sécurité plus élevé », énumère Marie-Hélène Roch.

Le ministère québécois des Transports ne dispose d’aucune donnée statistique sur les déplacements à pied ou à vélo durant la saison froide ni durant l’été d’ailleurs. Mais selon L’état du vélo au Québec en 2020, publié par Vélo Québec, la pandémie a fait augmenter la proportion de cyclistes en hiver. En 2020, 190 000 adultes de la province ont continué à pédaler entre décembre et mars, soit 10 000 de plus que cinq ans auparavant. À Montréal, le taux de rétention des cyclistes durant la saison froide a également grimpé, passant de 8,4 % à 13,6 % depuis 2016.

Et pour aimer l’hiver, il faut faire du sport, a conclu une enquête menée par la firme de sondage Léger Marketing pour l’émission Code Québec, à Télé-Québec. Ainsi, 51 % des sondés ont déclaré apprécier la saison froide ; cette proportion grimpe à 80 % chez ceux qui pratiquent un sport extérieur.

Des influences nord-américaines

Néanmoins, le Québec traîne de la patte derrière la Scandinavie, où les infrastructures permettant le transport actif en toute saison sont plus développées. Olivier Legault cite en exemple la ville finlandaise d’Oulu, reconnue comme la capitale mondiale du vélo d’hiver, avec ses 600 kilomètres de voies cyclables.

Chez nous, le développement urbain a été influencé par le reste de l’Amérique du Nord, et il s’est axé sur les véhicules à moteur et l’étalement urbain, explique Marie-Hélène Roch. « On a quand même du chemin à faire par rapport à la multimodalité », constate-t-elle.

Afin d’encourager le transport actif, la chercheuse préconise notamment l’amélioration des installations qui le favorisent, même durant la saison froide. « Tout part des aménagements, avec un réseau parallèle, indépendant des voitures, réservé au vélo », illustre Marie-Hélène Roch.

Changer les perceptions

Le principal défi consiste toutefois à changer les perceptions. Pour convaincre les sceptiques, Marie-Hélène Roch appelle les municipalités à multiplier les initiatives. Ainsi, elles pourraient utiliser des stationnements ou des cours d’école pour initier les citoyens au vélo d’hiver et faire tomber leurs a priori par des tests sur la surface glacée, imagine-t-elle.

Les appréhensions — arriver en sueur au travail, avoir froid, chuter à cause d’une bicyclette mal adaptée… — sont plus grandes que la réalité vécue sur le terrain, signale Olivier Legault. « C’est quelque chose qui est beaucoup plus accessible qu’on ne le pense. On n’a pas besoin d’être un coureur de marathon ou un écolo radical pour faire du vélo d’hiver. »

Qu’on préfère marcher ou pédaler, il recommande la création de réseaux qui offrent différentes ambiances en fonction des conditions météorologiques et de la nature des espaces. « Ce qui nous fait sortir et faire de l’exercice, c’est quand les plaisirs de l’hiver sont à portée de main, au retour de l’école, du travail. Ce sont tous les transports actifs, les parcs, les patinoires extérieures, etc. La finalité, c’est de mettre en valeur l’hiver de proximité. »

Les voies cyclables en hiver

L’hiver dernier, ce sont 691 kilomètres de voies cyclables qui ont été déneigés à Montréal, soit 80 % du réseau. Ce sont les arrondissements de la métropole qui en ont la responsabilité. Certaines pistes qui traversent des parcs peuvent toutefois ne pas être déneigées et être plutôt utilisées pour le ski de fond ou le fatbike, précise un porte-parole de la Ville de Montréal, Hugo Bourgoin.

Cet article provient d’un cahier spécial « Repenser nos transports », publié par le quotidien Le Devoir, en partenariat avec Unpointcinq.

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