Investir dans le vélo, c’est payant!

Piste cyclable à Montréal
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Piste cyclable à Montréal ©Shutterstock
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13 juillet 2022 - Suzanne Lareau, Experte en mobilité durable; transport actif et collectif

La Ville de Montréal annonçait récemment un investissement de 17 M$ pour développer 20 km de voies cyclables et mettre à niveau 17 km vieillissants en 2022. Il y a cinq ans, l’annonce aurait été vivement saluée. Mais voilà que, cette année, elle est accueillie tièdement. L’urgence climatique est à nos portes, la ville est congestionnée et on roule mollo…

Le bilan de la Ville n’est pourtant pas mal du tout : 1000 kilomètres de voies cyclables (le tiers de plus qu’en 2015), un réseau constitué à 60 % de peinture au sol, pictogrammes vélo et bandes cyclables, et à 40 % de pistes protégées sur rue (REV Saint-Denis) et en site propre (canal de Lachine).

Les voies vélo occupent 1,3 % de la voirie montréalaise alors que l’auto en accapare 74 %! Tout un déséquilibre, encore plus visible au centre-ville et dans les extrémités de l’île. La bonne nouvelle : réclamer d’accorder plus de place aux cyclistes en utilisant une partie de l’espace occupé par la voiture est totalement justifié.

Bicyclette et DPJ

Montréal, comme plusieurs autres villes du Québec, n’a pas chômé en matière d’aménagements vélo depuis 2015. Mais d’autres municipalités ont peu progressé pour favoriser la mobilité des familles qui y vivent. Le cas de Laure, jeune mère de famille qui vit à Granby et se déplace en vélo cargo avec ses enfants, a fait l’objet d’un signalement à la DPJ (une personne ayant jugé dangereuse sa façon de se déplacer)! Au-delà de l’absurdité, ce signalement a provoqué une mobilisation sur les réseaux sociaux pour réclamer plus d’investissements pour les voies cyclables.

C’est dans l’air du temps et le gouvernement du Québec, qui soutient peu les villes dans la transformation de leur trame urbaine, devrait entendre le message. En 2021, le ministère des Transports du Québec a investi 17 M$ pour aider les villes dans leurs plans vélo, mais il consacrera 3 G$ par année, pendant 10 ans, au réseau routier! Les budgets timides consacrés au vélo proviennent autant de Québec que des villes.

En finir avec les budgets faméliques

Pourtant, investir dans le vélo, c’est payant pour la société. Chaque kilomètre parcouru en voiture coûte 0,20 $ à la société alors qu’un kilomètre en vélo rapporte 0,22 $. Pourquoi? L’analyse coût/bénéfice (infrastructures, santé, efficacité du déplacement, etc.) plaide largement en faveur du vélo. Malgré cela, le budget vélo est souvent le premier à être coupé pour équilibrer les finances publiques alors qu’il est le plus rentable.

Paris, qui a commencé ses aménagements vélo des années après Montréal, réalise des transformations audacieuses à toute vitesse. Son plan vélo prévoit des sommes de 360 M$ dans les 5 prochaines années, soit 72 M$ par année (voies cyclables, stationnements vélo, mesures d’apaisement de la circulation, etc.).

Du côté d’Amsterdam, le dernier plan vélo, débuté en 2019, injectera 500 M$ sur 7 ans, soit 71 M$ par année. Pourtant, la ville est déjà entièrement cyclable! Pas de pause pour les investissements vélo : le succès repose sur la persistance des actions au fil des décennies.

On ne pourra jamais prétendre changer la mobilité d’une ville avec des budgets faméliques.

Si certaines actions coûtent peu (doubles sens cyclables, stationnements vélo, SAS vélo, etc.), d’autres demandent des investissements plus costauds, comme des passerelles pour franchir des autoroutes. Montréal, Laval et Québec n’en possèdent pratiquement pas, alors que Longueuil en a aménagé plusieurs. Il est important de réclamer ce type de lien qui, souvent, fait la différence entre un quartier désenclavé qui favorise les déplacements actifs et un autre où ils sont restreints par manque de connectivité. Sans budget, ce type d’infrastructure sera toujours écarté des plans vélo des villes québécoises.

Pédaler plus vite, plus fort

Planifier un REV comme sur la rue Saint-Denis coûte des sous, mais la majorité du trajet est constitué de peinture au sol et de bollards. C’est pourtant confortable, parce qu’on y a mis l’espace nécessaire et qu’on l’a bien protégé entre les voitures stationnées et le trottoir. On peut réaliser des aménagements sécuritaires et attractifs qui requièrent moins de béton, comme c’est le cas dans plusieurs villes européennes. Revoir nos pratiques permettra d’en faire plus, mais pas de mettre moins d’argent!

La culture cycliste est bien implantée au Québec et notre réseau s’agrandit et se bonifie chaque année. On aimerait cependant que les villes aillent plus vite. Le sérieux du changement doit s’incarner dans les budgets qu’on y consacre.

Plusieurs villes ont concrétisé des aménagements réclamés par des citoyens mobilisés, qui ont débarqué au conseil municipal ou d’arrondissement, souvent à répétition, pour demander un lien qui allait changer leur vie. C’est le pouvoir que nous avons comme citoyen et citoyenne. Nos administrations ont besoin de nos idées et d’un peu de pression…

 

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