Cher nouveau gouvernement, je t’écris (on peut se tutoyer?) pour partager avec toi quelques idées en matière de lutte et d’adaptation aux changements climatiques. Je sais que tes experts se penchent sur la question, mais les défis seront grands dans les quatre prochaines années et celles qui suivront, alors j’imagine que tous les points de vue sont les bienvenus!
Pour mieux préparer le Québec à la réalité des changements climatiques, il faut savoir communiquer avec les citoyens. Mais la communication environnementale, c’est pas donné à tout le monde! Voici donc ce à quoi j’ai pensé. Tu noteras qu’il ne s’agit pas seulement de convaincre les individus de changer leur comportement, ce qui reviendrait à leur mettre tout le poids sur les épaules. Je te propose plutôt de réunir tous les acteurs de la société autour d’une pinte de bière locale biologique (c’est une image, on s’entend) pour susciter un nécessaire virage collectif.
Communication participative
Au diable la propagande et les techniques de marketing qui visent à « convaincre », l’heure est à la communication participative, à la cocréation du savoir. Je ne parle pas seulement de concertation, un phénomène souvent assez bref qui donne surtout la parole aux groupes d’intérêts et qui vise le compromis plutôt que le consensus. Je parle de dialogue ouvert en permanence. Je parle de faire confiance à notre savoir à nous, les citoyennes et les citoyens. La sphère publique, c’est là où l’on définit des valeurs communes, aborde les problèmes et développe collectivement des solutions. Tu es dépassé par les changements climatiques? Fais appel à huit millions de helpers!
Nouveau champ lexical
La communication passe beaucoup par les mots. Pour changer de paradigme, il est donc nécessaire d’adapter notre vocabulaire. Nous savons que des expressions comme « croissance économique » ou « produit intérieur brut » nous rapprochent dangereusement du mur. Même le « développement durable » est discutable… Je te propose donc d’utiliser un nouveau champ lexical qui comprend des termes comme « transition », « économie circulaire », « décroissance », « long terme », « communs » et « audace ».
Quelques idées de campagnes
Par où commencer? Pourquoi ne pas lancer de vastes campagnes de communication qui comprendraient à la fois des volets vulgarisation, sensibilisation, consultation et cocréation? Elles s’adresseraient aux fonctionnaires, aux acteurs économiques et à la société civile, rien de moins! Je te suggère quelques thématiques :
- L’économie circulaire, incluant l’écoconception, l’économie du partage, le bannissement des produits à usage unique, le recyclage et le cycle de vie des produits;
- Le transport durable, autant sur les plans des emplois verts, de l’électrification et de la diversification de l’offre que sur celui des changements de comportements;
- L’adaptation aux changements climatiques, nécessaire pour répondre aux conséquences du dérèglement du climat;
- La consommation responsable, sujet qui touche entre autres l’agriculture, les biens et services et les relations internationales.
J’ai plein d’autres idées, mais seulement 500 mots. On s’appelle et on déjeune?
Sources (des lectures que je te recommande fortement!) :
- Robert J. Brulle, « From Environmental Campaigns to Advancing the Public Dialog: Environmental Communication for Civic Engagement », Applied Environmental Education & Communication, vol. 4, no 1 (2010), p. 82-98.
- Oumar Kane, « La gestion du public et la gouvernance de l’environnement », dans Communication environnementale : enjeux, acteurs et stratégies, Paris, L’Harmattan, 2016, p. 50-78.