On protège ce que l’on aime. Donc, pour que nos enfants protègent notre planète en crise climatique, il va falloir qu’ils tombent en amour avec elle. Mais comment faire pour qu’ils aient un lien à la nature quand on habite en ville?
Accroupie devant la poubelle à compost de l’immeuble, ma fille de deux ans observe avec attention une petite chose qui bouge. « Oh, qu’elle est jolie cette petite coccinelle rouge à points noirs! » lui dis-je après m’être approchée.
« L’enfant s’émerveille facilement. Il peut jouer des heures dans un trou de boue ou sur le trottoir devant la maison avec un ver de terre. Ça ne prend pas grand-chose », explique Joanie St-Pierre, professeure au programme de spécialisation en écoéducation par la nature au Cégep de Rivière-du-Loup.
En fait, la nature est partout. L’oiseau qui construit son nid sous le toit de notre immeuble, la fourmi qui transporte une brindille devant notre maison, et même l’araignée qui s’est installée dans notre salle de bain sont aussi sauvages que l’orignal ou l’ours des grands espaces canadiens.
« Le meilleur endroit pour tomber amoureux de la nature est celui où vous vivez, quel qu’il soit! » a écrit le paléontologue Scott D. Sampson dans son livre Éveiller ses enfants à la nature… même en ville.
Après avoir repéré tous les coins de nature de notre quartier – les talles d’herbes qu’on longe en allant à la garderie, les ruelles vertes, les terrains vagues et les parcs urbains –, il ne nous reste plus qu’à sortir et explorer!
Laissez-les sortir et se salir
Permettre aux enfants de jouer dans et avec la nature souvent, quel que soit le temps et surtout librement (en restant en retrait) est essentiel pour les relier à la nature, explique dans son livre Scott D. Sampson. « Même quelques minutes par jour font la différence », affirme l’auteur.
J’ai la chance d’avoir une garderie à 15 minutes de marche. Je profite donc de ces trajets chaque jour pour encourager ma fille à interagir avec la nature. Instinctivement, elle ramasse des cailloux, des brindilles, est intriguée par les champignons, n’hésite pas à sauter dans toutes les flaques d’eau ou à escalader tout ce qu’elle peut. J’ai tellement pris goût à ce bain de nature quotidien que je me suis portée volontaire pour aller la chercher tous les jours. Mon conjoint est enchanté.
« L’enfant immergé en nature va apprendre peu à peu que lui aussi en fait partie, que c’est la même vie qui coule en lui. Il va développer une connaissance, une appréciation, un amour, un respect de la nature », affirme la professeure émérite de l’UQAM Lucie Sauvé, qui a fondé, en 2012, le Centre de recherche en éducation et formation relatives à l’environnement et à l’écocitoyenneté.
Aimer la nature pour atténuer les changements climatiques
– Construire des liens avec la nature dès l’enfance contribue à prendre soin de celle-ci tout au long de la vie (recycler, économiser l’énergie, etc.), affirme une revue de littérature publiée en 2020.
– Les adolescents qui sont les plus près de la nature sont aussi les plus conscients des conséquences locales des changements climatiques et les plus enclins à s’engager pour leur atténuation, selon une étude brésilienne de 2020 parue dans PsyEcology.
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Redevenir curieux de nature
« Le parent lui-même doit développer cette sensibilité, cette sensorialité, cette curiosité. Sinon, il peut difficilement le transmettre à un tout-petit », explique Lucie Sauvé. Et pour ça, il faut prendre son temps. « Prendre le temps de respirer, de contempler, de sentir », précise Joanie St-Pierre, qui est aussi la fondatrice de Ti-Mousse dans Brousse, un organisme à but non lucratif qui vise entre autres à cultiver l’émerveillement à la nature des familles.
Ma fille et son ami sont occupés à ramasser des cocottes, quand soudain, c’est la découverte. « Regardez, une grenouille! » Surpris par l’animal, les deux enfants se mettent à crier de joie. Je chuchote : « Chut. Si vous faites trop de bruit, elle risque de partir. Regardez les belles bosses sur son corps. »
Finalement, ce n’était pas une grenouille, mais un crapaud. Se tromper n’a pas vraiment d’importance. D’ailleurs, pas besoin d’être un expert pour sensibiliser les enfants à la nature. Le mieux est de découvrir ensemble. Par exemple, j’aurais pu dire : « Regardez cet animal! Vous pensez que c’est quoi? Est-ce qu’il a la peau lisse ou poilue? Est-ce qu’il se déplace en marchant ou en sautant? »
« Pour les parents qui souhaitent un coup de pouce, il y a des organismes qui font un travail fabuleux », s’enthousiasme Lucie Sauvé en citant notamment l’École de la forêt sur le mont Royal et le Groupe uni des éducateurs-naturalistes et professionnels en environnement (GUEPE). Dans le magazine Naître et grandir, je propose aussi quelques idées pour jouer avec la nature.
Même si on n’a pas besoin de connaître la nature pour l’apprécier, plus on en apprend à son sujet, plus elle se métamorphose en pays des merveilles. Par exemple, j’ai découvert l’an dernier que la grenouille des bois se transforme en glaçon pour passer l’hiver. Incroyable!
Alors, prêt à embarquer avec vos enfants dans l’aventure en nature? Vous allez adorer!