Dossier spécial : Dompter l'écoanxiété , partie 1

Mieux former les psychologues face à l’écoanxiété

Femme triste qui parle dans une session avec un psychothérapeute de ses problèmes
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©Shutterstock/Ilona Kozhevnikova
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On constate de plus en plus d’écoanxiété, en particulier chez les jeunes. Devant un phénomène que l’on sait grandissant, faudrait-il outiller davantage les psychologues au Québec pour leur permettre de mieux prendre en charge les personnes qui en souffrent?

En naviguant sur le site Web de l’Ordre des psychologues du Québec, il est difficile de trouver des soins pour apaiser son écoanxiété. Le terme ne figure pas parmi les motifs de consultation qui permettent de lancer une recherche de services. Quant aux cliniques privées, elles sont peu nombreuses à afficher leur spécialité en la matière. On ne s’étonnera donc pas que certaines personnes ne sachent pas vers qui ou vers quoi se tourner.

Pourquoi séparer l’écoanxiété et l’anxiété au sens large? Les psychologues ont le bagage nécessaire pour traiter l’anxiété. N’est-ce pas la même chose?

 
Pas si vite. L’écoanxiété a ses particularités, et ses symptômes peuvent varier d’une personne à l’autre. « Pour moi, l’écoanxiété est une réaction normale à une situation anormale », explique la doctorante en psychologie sociale Christina Popescu. Alors que les troubles anxieux découlent parfois de sources qui ne sont pas de « réelles menaces », l’écoanxiété trouve son origine dans un problème bien réel et qui perdure.

La personne atteinte peut ressentir une foule d’autres émotions en plus de l’angoisse : de la tristesse, de la colère ou encore de l’impuissance.

Christina Popescu
Christina Popescu © Courtoisie

Des besoins criants et complexes

 
La psychologue et éducatrice en environnement Inês Lopes a remarqué un bond des demandes de consultation liées à l’écoanxiété dans sa pratique ces dernières annés. Selon le plus récent Baromètre de l’action climatique, près d’une personne sur deux déclare avoir vécu de l’écoanxiété dans la dernière année.

Parfois, les personnes qui consultent Inês Lopes expriment clairement leurs besoins. Il arrive cependant que la psychologue doive creuser et établir des liens qui ne sautent pas aux yeux. Le profil psychologique de l’individu, sa vulnérabilité face à des évènements météorologiques extrêmes, la composition de son entourage sont autant de facteurs à prendre en compte dans l’évaluation de l’écoanxiété.

Inês Lope
Inês Lopes ©Courtoisie

« Notre travail comme psy, c’est d’aller voir d’autres sphères autour [du motif de consultation] qui pourraient avoir une influence. » D’où l’importance de comprendre et de savoir reconnaître l’écoanxiété. « C’est comme pour n’importe quel vécu, précise la psychologue. Quand on réalise qu’on n’est pas outillé, on a la responsabilité de référer, ou d’aller se former. »

L’Ordre des psychologues du Québec offre justement des activités de formation continue à ses membres. Les deux expertes interrogées ne connaissent toutefois qu’une ou deux de ces activités qui ont touché à ces questions. « Et elles n’étaient pas obligatoires, note Christina Popescu. Il en faudrait plus. »

« À défaut d’avoir des données ou statistiques précises à ce sujet, nous pouvons vous mentionner que l’on a présenté en novembre 2021 une formation d’une journée portant sur le thème de l’écoanxiété », nous a indiqué un porte-parole de l’Ordre par courriel. La formation en question est d’ailleurs toujours disponible pour les membres.

L’écoanxiété met un poids sur le système de santé, autant pour des enjeux physiques que psychologiquesInês Lopes, psychologue et éducatrice en environnement

La place des universités

Former les psychologues qui sont membres de l’Ordre, c’est une chose. Les former alors qu’ils et elles sont encore sur les bancs d’école, c’en est une autre. Quelques cours universitaires portant sur les liens entre psychologie et environnement se donnent au Québec. À l’Université du Québec à Montréal (UQAM), par exemple, le cours à option Psychologie et environnement est à la portée de la communauté étudiante. « Mais une seule séance aborde en détail l’écoanxiété dans la session », regrette Christina Popescu.

Une dizaine d’étudiants et d’étudiantes en première, deuxième ou troisième année du baccalauréat en psychologie et provenant de différentes universités ont révélé à Unpointcinq n’avoir reçu aucun enseignement sur l’écoanxiété. Et si la thématique était abordée, c’était pour répondre à une question ou au détour d’une phrase, sans que le sujet soit prévu dans le plan de cours.

« Et pourtant!, s’exclame Inês Lopes. On le voit bien que de plus en plus de jeunes en vivent. » La formation universitaire québécoise peut viser plus haut, croit-elle. En Colombie-Britannique, par exemple, les cours offerts et les projets de recherche qui portent sur l’écoanxiété sont bien plus nombreux qu’ici.

La professeure au Département de psychologie de l’UQAM Liesette Brunson enseigne le cours Psychologie et environnement, qui n’est d’ailleurs à l’horaire que tous les deux ans. Cette année, le cours a été annulé, faute d’inscriptions. « La prochaine fois, ce sera donc dans deux ans », soupire l’enseignante.

Selon elle, si plus de professeures et de professeurs de l’UQAM se spécialisaient en écoanxiété, l’offre de cours qui touchent aux effets des changements climatiques pourrait être bonifiée. L’université a d’ailleurs entamé un effort de recrutement en ce sens.

On ne peut y échapper, « l’écoanxiété met un poids sur le système de santé, autant pour des enjeux physiques que psychologiques », affirme Inês Lopes. Peu importe les moyens qui seront employés, « ça va prendre de plus en plus de professionnels outillés, ça c’est sûr ».

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