Dossier spécial : L'art et la manière , partie 1

Pompières et pyromanes, déranger pour mieux conscientiser

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La pièce est un feu roulant de 74 minutes. ©Stéphane Bourgeois
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Retombées positives générales

Depuis toujours, la création artistique est un puissant vecteur de mobilisation. Théâtre, arts du cirque, humour, musées, poésie… Nous le verrons dans ce dossier, les artistes usent de tous les moyens à leur disposition pour transmettre leur message. Dans la pièce Pompières et pyromanes, présentée cet automne au théâtre du Trident, à Québec, l’objectif était clair : créer un inconfort pour stimuler une réflexion sur la crise climatique.

Odeur de toasts brûlées et alarmes incessantes la pièce Pompières et pyromanes, adaptée de l’essai de Martine Delvaux, ne fait pas dans la dentelle. Consciemment, les metteuses en scène ont décidé de placer les spectateurs et spectatrices dans une position dinconfort, voire de malaise. Une proposition qui s’est imposée naturellement en regard du sujet, explique Laurence Brunelle-Côté.

« L’idée était de provoquer chez les spectateurs une réaction, un questionnement sur la crise environnementale, précise la metteuse en scène. Ce n’est pas tant une pièce de théâtre qu’une performance avec comme thème l’effondrement.» 

Mission accomplie en 74 minutes qui dérangent et font réfléchir. Certains et certaines doivent sortir de la salle pendant la représentation, les autres sont soumis à une constante surstimulation sensorielle, jusqu’à l’alarme finale. Dans les couloirs du théâtre, les gens sont déstabilisés, mais semblent heureux de leur expérience.  

« Toutes les personnes sur scène, qui ne sont d’ailleurs pas comédiennes, lisent des passages du livre Pompières et pyromanes à tour de rôle. Les textes sont accompagnés d’actions, et parfois ce sont des actions qui sont accompagnées de lectures », ajoute Julie Cloutier Delorme, comparse de Laurence Brunelle-Côté. 

Rien n’est laissé au hasard par le bureau de l’APA, le collectif qui a imaginé cette mise en scène. Une grande glissade – jadis installée dans les Jardins de Métis, en Gaspésie – symbolise le caractère irréversible des changements climatiques. Une descente aux enfers? La pente est glissante, mais le message est clair : personne n’échappe aux conséquences de la crise écologique.  

« On voulait que le spectacle soit le plus inclusif possible en ajoutant une interprète en langue des signes, parce qu’on est tous dans le même bateau », laisse tomber Laurence Brunelle-Côté, qui joue la cheffe d’orchestre sur scène.

Laurence Brunelle-Côté sur scène
Laurence Brunelle-Côté au centre de la scène ©Stéphane Bourgeois

Entre fin du monde et amour

Mais tout n’est pas désespéré. L’amour, omniprésent dans l’œuvre de Martine Delvaux, occupe une place importante dans la production. Les extraits lus par Éléonore Delvaux-Beaudoin, la fille de l’autrice, offrent de beaux moments. Une manière pour les metteuses en scène de rééquilibrer un peu la balance des émotions.  

« Même si le sujet est difficile, il y a beaucoup d’amour sur la scène », précise Julie Cloutier Delorme. 

Éléonore Delvaux-Beaudoin récite un passage du livre sur scène.
Éléonore Delvaux-Beaudoin ©Stéphane Bourgeois

Refuser l’abattement 

Dans l’essai Pompières et pyromanes, Martine Delvaux aborde la crise climatique à travers sa relation avec sa fille, héritière d’un monde «en feu ». On découvre au fil des chapitres un récit qui mêle histoire, culture populaire, féminisme et témoignages personnels. L’autrice convoque une grande diversité de personnalités, de Greta Thunberg à la poétesse québécoise Marjolaine Beauchamp. Le fil conducteur de son récit repose sur l’alchimie entre le feu et l’amour, indispensables pour cultiver passion et espoir face aux changements climatiques.  

S’éloigner des conventions 

Depuis plus de 20 ans, le bureau de l’APA (qui se présente comme un « atelier de bricolage indiscipliné d’arts vivants ») se spécialise dans les créations artistiques atypiques. Pour Pompières et pyromanes, l’équipe a pu compter sur la confiance aveugle de Martine Delvaux pour transposer à la scène son essai publié en septembre 2021.  

« L’autrice nous a vraiment donné carte blanche pour la sélection des extraits et la scénographie. Ça nous a permis de beaucoup expérimenter », ajoute Laurence Brunelle-Côté.

La comédienne se plonge la tête dans un bac d'eau.
La comédienne se plonge la tête dans un bac d’eau. ©Stéphane Bourgeois

Questionnées sur la place de l’art et du théâtre dans la lutte contre les changements climatiques, les deux artistes m’offrent des réponses aux antipodes l’une de l’autre, mais que je trouve particulièrement intéressantes. Comme souvent dans les arts, il n’y a pas consensus. 

Laurence Brunelle-Côté, qui se dit « lucide », ne croit pas « que le théâtre ait une si grande importance que ça » et le voit davantage « comme quelque chose d’utilitaire pour divertir ». 

« Je pense que le théâtre peut avoir un grand rôle de sensibilisation auprès des gens, il peut aider à faire réfléchir sur de grands enjeux », soutient quant à elle Julie Cloutier Delorme. 

Lorsque l’alarme d’incendie stridente retentit à la fin de la pièce, les membres du public s’empressent de sortir d’une situation devenue quasi insoutenable. Quand le silence se fait enfin, on ressort de l’expérience avec la conviction que certains feux doivent être éteints, tandis que d’autres, l’espoir en particulier, doivent être nourris.  

Une brillante analogie avec la crise climatique. 

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