Dossier spécial : L'art et la manière , partie 4

Du théâtre et de l’humour pour réfléchir à la question climatique

Fabiola Nyrva Aladin
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Fabiola Nyrva Aladin ©Leila Jolin-Dahel
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Retombées positives générales

29 septembre 2023 - Leïla Jolin-Dahel, Journaliste de l'Initiative de journalisme local

Mettre l’humain en perspective dans la grande histoire de la Terre et faire réfléchir sur l’avenir de l’espèce, c’est ce que propose Une pièce pour les vivants en temps d’extinction. Entrevue avec la comédienne Fabiola Nyrva Aladin, interprète de ce spectacle solo présenté au théâtre La Licorne jusqu’au 12 octobre.

Écrite par l’autrice américaine Miranda Rose Hall, Une pièce pour les vivants en temps d’extinction met en scène Noémie, une dramaturge contrainte de fouler les planches afin de remplacer ses amies actrices à la dernière minute pour une raison que l’auditoire découvrira assez rapidement. Entourée sur scène d’une table, de quelques plantes et de dinosaures en plastique, elle pose différentes questions au public tout au long de la représentation. En plus de raconter l’histoire de la planète Terre et de ses différentes extinctions de masse – comme celle des dinosaures –, elle aborde la crise climatique créée par l’humain et la disparition récente de plusieurs espèces. Et tout cela sur un ton humoristique malgré la gravité du sujet.

« Les instants où on échange avec le public sont des moments où l’on veut que les gens réfléchissent à leur relation avec la Terre », résume Fabiola Nyrva Aladin. La comédienne s’est elle-même beaucoup interrogée pendant les répétitions. « Je me suis rendu compte, finalement, qu’il y a des éléments de la nature auxquels on accorde une très grande importance quand on est enfant et qu’on laisse de côté en vieillissant », explique-t-elle. Sa réflexion a mis en lumière la nécessité pour elle de conserver cette « relation spéciale » avec l’environnement.

Celle qui se décrit en riant comme une « écoanxieuse dans le déni conscient et volontaire » confie entretenir un rapport « étrange » avec la crise climatique. « Je ne me laisse pas beaucoup la chance d’y penser trop longtemps, parce que c’est trop douloureux. Il existe tellement de gens qui ont entre les mains tout le pouvoir nécessaire pour faire des changements grandioses, mais ils ne les font pas, au nom de l’argent », dit-elle.

Fabiola Nyrva Aladin sur scène
©Andrée Lanthier

Elle fait ici écho aux propos de son personnage, qui dresse un parallèle entre la lutte climatique, le capitalisme et le racisme. Pour la comédienne, une réflexion a déjà été amorcée en lien avec ces trois aspects. « Tout ça travaille dans le même sens qui est, au final, la destruction du monde humain », croit-elle.

Malgré le sérieux de ces propos, Fabiola Nyrva Aladin partage avec son personnage la « capacité à transformer les moments d’émotions négatives en bonnes jokes », constate-t-elle en riant. Mais contrairement à Noémie, la comédienne évite de trop s’informer sur la question climatique afin de se préserver. « Je préférerais ne jamais lire les choses que Noémie a lues. Je me connais assez pour imaginer dans quel état ça me mettrait », dit-elle.

Le texte de la pièce l’a toutefois conscientisée à toutes les espèces animales et végétales disparues depuis sa naissance. « On dirait qu’il y a quelque chose en moi qui aurait mieux aimé ne pas le savoir. Je vais continuer d’y penser le moins possible pour rester heureuse », avoue-t-elle.

Fabiola Nyrva Aladin sur scène
©Andrée Lanthier

Un public réceptif

Porter seule un texte aussi lourd de sens posait par ailleurs plusieurs défis pour elle, comédienne racisée. Il lui a fallu entre autres trouver le ton du personnage, un aspect qu’elle a travaillé avec la metteuse en scène Rose Plotek. « Ce n’est pas facile d’aborder la suprématie blanche devant un public qui est majoritairement blanc. Mais je pense que c’est nécessaire », observe-t-elle.

Elle note toutefois des réactions encourageantes de la part des spectateurs et spectatrices. « Il y a des hochements de tête que j’apprécie beaucoup. Les gens se disent “je ne l’avais pas vu comme ça. Je suis content de me le faire dire en pleine face par ce personnage qui m’a tant fait rire il y a 2 minutes. Et là, me faire ramasser avec ces propos, je le considère, je l’accepte et je le prends” », décrit-elle.

Même si ce rôle a suscité en elle de la tristesse, de la déception et de la colère, elle estime qu’il était important de trouver cette « fine ligne où on n’est pas dans une perspective accusatrice ». Elle souhaite que ceux et celles qui verront la pièce aient une prise de conscience qui les poussera à agir individuellement contre un système qui crée de nombreuses inégalités entre les humains sur la planète.

L’art comme outil de conscientisation

Pour Fabiola Nyrva Aladin, le rôle de l’interprète dans cette pièce est de faire prendre conscience aux gens de l’ampleur des crises climatique et environnementale. Sur ce plan, le défi, selon elle, est de trouver la bonne mesure, afin de susciter de nouvelles façons de voir le monde et non de provoquer du déni.

Dans une optique plus large, la comédienne estime que l’art a deux missions dans la lutte aux changements climatiques. D’abord, celle d’apaiser l’écoanxiété. « Il ne s’agit pas de nier le désastre climatique, mais plutôt d’offrir une soupape nécessaire pour qu’on ait encore envie de vivre », dit-elle.

Elle ajoute que l’art sert également à sensibiliser les gens aux risques des bouleversements qui nous guettent. « Il y a un travail extrêmement délicat à faire pour pouvoir en parler d’une façon qui est à la fois pertinente, gérable et transformatrice », estime-t-elle.

Pour les personnes qui craignent la déprime et l’angoisse après le spectacle, la comédienne se fait rassurante. « Ce n’est pas vrai que cette pièce nourrit l’écoanxiété. Au contraire, il y a quelque chose de très apaisant dans le parcours du personnage de Noémie », pense-t-elle.

Sans rien divulgâcher, Fabiola Nyrva Aladin indique que « la fin est remplie de douceur et d’espoir. Et ça peut nous permettre d’avoir une force supplémentaire pour affronter ce futur incertain ».

Pièce pour les vivants en temps d’extinction est présentée au théâtre La Licorne à Montréal jusqu’au 12 octobre.

Fabiola Nyrva Aladin sur scène
©Andrée Lanthier

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