Les puits de carbone

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©Marie Leviel
Created with Lunacy 3 min

17 décembre 2021 - Des Universitaires, Regroupement de chercheuses et chercheurs universitaires du Québec

Le mot « puits » recouvre des significations différentes tant sur le plan physique que symbolique. Si on se limite à l’aspect physique, le puits est un lieu d’où l’on extrait quelque chose : de l’eau, du pétrole ou du fer. Mais le puits peut également être un endroit où l’on enfouit quelque chose, par exemple du gaz carbonique (CO2), qui est l’élément qui nous intéresse ici, puisqu’il s’agit d’un gaz à effet de serre (GES). Décrivons donc ce que sont les puits de carbone dans le contexte du réchauffement climatique.

Les humains émettent chaque année une quantité énorme de CO2 : 34 milliards de tonnes en 2019 et un cumul d’environ 2400 milliards de tonnes de 1750 à 2019. Une telle masse de gaz ne disparaît pas comme ça! Elle est réintégrée dans les cycles biologiques de la Terre en étant captée par différents éléments de la biosphère selon une répartition particulière. Ces éléments qui absorbent le CO2 sont appelés « puits de carbone naturels ». Il s’agit des océans et des écosystèmes terrestres, soit la végétation, notamment les arbres et les forêts, les sols et les tourbières.

Environ 42 % des émissions de CO2 produites depuis le 18e siècle se sont accumulées dans l’atmosphère, contribuant ainsi au réchauffement climatique. Une proportion de 28 % a été absorbée par les océans, tandis que 29 % ont été captés par les écosystèmes terrestres. Les puits de carbone que constituent la végétation et les océans aident de cette façon à limiter l’accroissement du CO2 dans l’atmosphère et, par conséquent, à limiter le réchauffement planétaire. Cependant, tout n’est pas rose du côté des puits de carbone.

D’abord, pour ce qui est de la végétation, la déforestation dans les régions tropicales (Amazonie, Afrique et Indonésie) et boréales (Canada et Russie) conduit à une réduction de l’efficacité des forêts comme puits de carbone, de sorte que nous perdons des alliées importantes dans la lutte contre le réchauffement. Et malheureusement, la plantation d’arbres ne permettra pas de compenser ces pertes, en tout cas pas à court terme.

Il est clair qu’il faudra faire preuve d’innovation et de créativité face aux défis qui nous attendent.
Bruno Detuncq, professeur à la retraite de Polytechnique Montréal, spécialiste en combustion et membre du groupe Des Universitaires.

En effet, lorsqu’on plante un jeune arbre, il ne séquestre que peu de carbone pendant plusieurs années. Or, l’urgence climatique est telle qu’il faut stopper les émissions de CO2 d’ici les 20 prochaines années. Il est donc illusoire de penser que planter des milliers – ou même des millions – de jeunes pousses d’épinettes en forêt boréale, par exemple, produira un effet significatif sur le bilan carbone d’ici 2050. De plus, il faut considérer que le stockage du carbone s’arrête, voire s’inverse, dans les forêts anciennes, puisque la croissance des arbres ralentit en fin de vie.

Ensuite, pour ce qui est des océans, le CO2 qui s’y dissout se combine avec les molécules d’eau pour former de l’acide carbonique (H2CO3). Celui-ci acidifie l’eau océanique, provoquant une cascade d’effets négatifs, notamment la diminution des populations d’espèces marines et une baisse des prises par la pêche. En particulier, l’acidification progressive des océans dissout lentement la carapace d’animaux marins comme les huîtres et les crabes, et elle détruit les coraux.

Selon un rapport de l’ONU, le captage océanique du CO2 était, en 2013, environ 70 % moins efficace qu’au début de l’ère industrielle et il pourrait encore diminuer de 20 % avant 2100. Il semblerait que, du fait du réchauffement de l’eau, les océans soient en passe d’être saturés, rendant ce puits de carbone océanique de moins en moins opérant.

La séquestration du CO2 peut également être artificielle. Cependant, les technologies de séquestration sont controversées. Étant encore au stade expérimental, elles demeurent incertaines pour l’avenir en plus d’être coûteuses et très énergivores. On les utilise parfois comme prétexte à la pérennisation de l’emploi dans le secteur des combustibles fossiles. Dans son rapport d’octobre 2018, le GIEC indique que ces technologies « se heurtent à de grandes incertitudes et lacunes de connaissances ainsi qu’à des risques importants et à des contraintes institutionnelles et sociales limitant leur déploiement ». Elles ne représentent donc pas une avenue prometteuse.

Une expression imagée utilisant le mot « puits » est celle de « puits de sagesse ». On ne peut malheureusement pas l’appliquer aux humains dans leur rapport à la nature, pour lequel il serait plus juste d’évoquer le « gouffre d’ignorance ». Mais les temps changent et l’information scientifique est de plus en plus accessible. C’est crucial, car il est clair qu’il faudra faire preuve d’innovation et de créativité face aux défis qui nous attendent.

Bruno Detuncq est un professeur à la retraite de Polytechnique Montréal, spécialiste en combustion et membre du groupe Des Universitaires.

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