Quand l’agriculture s’essaie à l’économie circulaire

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Afin d’éviter de perdre des récoltes qui ne seront pas cueillies par les agriculteurs, certains permettent à des groupes de parcourir leurs champs pour y récupérer les fruits et légumes consommables. ©Courtoisie
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Solution prometteuse pour lutter contre les changements climatiques, l’économie circulaire est encore balbutiante au Québec. Dans le domaine de l’agriculture, elle se répand au gré de projets novateurs ou de pratiques anciennes réinventées. Tour d’horizon de certaines initiatives implantées dans la province.

Le concept de l’économie circulaire est loin d’être nouveau, selon le professeur, chercheur et directeur du Département d’économie et agroalimentaire de l’Université Laval, Maurice Doyon. « Mon arrière-grand-père prenait le cuir des vaches pour en faire des chaussures », se souvient-il en riant. Cela dit, « ce n’est pas quelque chose qui est encore très développé », constate-t-il.

Si l’industrialisation a généré ces dernières années d’importants gains de productivité, le secteur agricole est en train de faire « une prise de conscience » au sujet de ses pratiques, croit cependant le professeur. « Mais, contrairement à mon arrière-grand-père, les agriculteurs ont aujourd’hui ce que leurs aînés n’ont même pas pu rêver d’avoir . »

Le glanage pour éviter le gaspillage

Afin d’éviter de perdre des récoltes qui ne seront pas cueillies par les agriculteurs, certains permettent à des groupes de parcourir leurs champs pour y récupérer les fruits et légumes consommables. Des denrées qui sont abandonnées en raison de prix qui s’effondrent ou de frais de main-d’œuvre plus élevés que les profits escomptés. « Les producteurs seraient obligés de sortir de l’argent pour faire la cueillette », explique Roland Joannin, président des Jardins solidaires, un organisme à but non lucratif fondé en 2014 dans la MRC des Deux-Montagnes, qui fait appel à des bénévoles pour le glanage.

La lutte contre le gaspillage de nourriture se fait également en récupérant les invendus chez les agriculteurs, pour un total d’environ 30 tonnes de légumes par année. « Notre objectif, c’est de fournir des corbeilles fraîches à des gens dans le besoin », résume M. Joannin. Les denrées recueillies sont ensuite distribuées à des comptoirs d’aide alimentaire.

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Les Jardins solidaires est un organisme à but non lucratif fondé en 2014 dans la MRC des Deux-Montagnes, qui fait appel à des bénévoles pour le glanage. ©Courtoisie

Coopérer pour économiser

Importé de la France, le concept des coopératives d’utilisation de matériel agricole (CUMA) a été implanté au Québec en 1991 par le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ). Ainsi est née la première CUMA à Saint-Fabien, dans la région du Bas-Saint-Laurent.

Ces « coopératives de machines », comme les surnomme Réjean Brillant, secrétaire-trésorier de la CUMA de Saint-Fabien, réunissent au moins cinq entreprises agricoles chacune. Elles permettent aux agriculteurs d’acheter en commun, et à moindre coût, des engins et de l’outillage.

Les fermiers peuvent non seulement se procurer du meilleur équipement, mais également économiser jusqu’à 50 % de leurs dépenses, évalue celui qui est aussi producteur laitier à la ferme Normand Brillant et fils inc. « Donc, ça a un impact du début à la fin », souligne-t-il.

À ce jour, le Québec compte une soixantaine de CUMA réparties à travers le territoire.

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Les CUMA permettent aux agriculteurs d’acheter en commun, et à moindre coût, des engins et de l’outillage. ©Réjean Brillant

Limiter les déchets de plastique

Les plastiques agricoles des quatre coins du Canada trouvent maintenant une seconde vie grâce à AgriRÉCUP. Bidons de pesticides ou de fertilisants, sacs de semences… L’organisme sans but lucratif (OSBL), financé par les manufacturiers, les récupère et les transforme en drains.

11 000

C’est le nombre de tonnes de plastique que les fermes québécoises produisent chaque année.

Les fermiers apportent leurs déchets de plastique dans un point de collecte, généralement situé dans une coopérative ou chez un détaillant, note Christine Lajeunesse, directrice d’AgriRÉCUP pour l’est du Canada.

D’après Recyc-Québec, les fermes de la province produisent 11 000 tonnes de plastique par année. AgriRÉCUP travaille maintenant à mettre sur pied des programmes pour récupérer les pellicules utilisées pour l’ensilage de foin. L’OSBL espère également être en mesure de recycler prochainement la tubulure acéricole, laquelle génère entre 2000 et 3000 tonnes de déchets par an, selon Mme Lajeunesse.

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Les plastiques agricoles trouvent maintenant une seconde vie grâce à l'OSBL AgriRÉCUP. ©AgriRÉCUP

Des déchets gastronomiques pour animaux

Adepte de l’économie circulaire depuis 1996, Prorec récupère des résidus alimentaires destinés à l’origine aux humains. Ils sont ensuite transformés pour nourrir le bétail.

Croustilles, biscuits, et même du chocolat… C’est ce que recyclait cette entreprise de Saint-Hyacinthe pour alimenter au départ ses porcs d’engraissement. Seule exception : aucune viande ou sous-produit animal.

L’entreprise agricole collecte aujourd’hui les déchets des usines agroalimentaires du Québec et de l’est de l’Ontario pour les mettre à la disposition des fabricants de nourriture pour animaux et des fermiers. « Ce sont soit des rejets de production, soit des coproduits de leur production », comme le petit-lait lié à la confection du fromage, explique Stéphane LeMoine, propriétaire et p.-d.g. de Prorec.

Les éleveurs ont le choix parmi une dizaine de produits différents à incorporer aux rations données au bétail. « C’est mélangé avec des grains, des oléagineux pour la protéine, des minéraux, des vitamines. Et eux, ils en font un aliment complet », ajoute le p.-d.g.

Stéphane LeMoine estime qu’environ 9000 hectares de terres n’ont pas à être cultivés pour l’alimentation animale grâce à Prorec. Les activités de l’entreprise agricole permettent également d’éviter l’émission de 35 000 tonnes de gaz à effet de serre chaque année, calcule-t-il approximativement.

Des insectes mangeurs de déchets

Depuis 2015, l’Université Laval travaille à trouver une solution de rechange aux procédés de biométhanisation. Comment ? En nourrissant les insectes avec des déchets qui étaient destinés au dépotoir.

« On s’intègre avant l’enfouissement ou avant la production d’énergie par biométhanisation », précise la professeure adjointe au Département des sciences animales de l’Université Laval Marie-Hélène Deschamps, qui est également titulaire d’une chaire de leadership et d’enseignement en production et transformation primaire d’insectes comestibles.

Ces insectes mangeurs de déchets seront ensuite broyés pour devenir de la farine, qui est retournée dans la chaîne alimentaire des animaux… ou des humains. C’est notamment ce que fait Entosystem, qui produit des protéines et de la farine d’insectes. Son usine pilote de mouches soldats noires a détourné plus de 1000 tonnes de matières non valorisées depuis 2019. Sa future usine prévoit par ailleurs de valoriser 90 000 tonnes de détritus par année, selon Cédric Provost, cofondateur et p.-d.g. de l’entreprise sherbrookoise qui se positionne comme un joueur dominant dans le domaine de l’économie circulaire agricole.

Encore des efforts à faire

Le premier Rapport sur l’indice de circularité de l’économie du Québec, lancé par Recyc-Québec en collaboration avec Circle Economy, révèle que seulement 3,5 % de l’économie québécoise est circulaire. La société d’État précise que les initiatives lancées en matière de nutrition pourraient permettre à la province de réduire de 12,3 % l’extraction de matières premières. Elles généreraient aussi une augmentation de la circularité de 14,2 %, laquelle passerait de 3,5 % à 4 % tous secteurs confondus.

Cet article provient d’un cahier spécial «Une agriculture à la fois responsable, victime et solution», publié par le quotidien Le Devoir, en partenariat avec Unpointcinq.

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