Dossier spécial : Révolution dans la cabane , partie 4

Les tubulures, on s’en balance

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© Elie Chap
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06 avril 2018 - Sophie Benoit, Curieuse voyageuse

Pour que l’eau d’érable s’écoule jusqu’à la cabane, il faut des tubulures, ces drôles de spaghettis bleus en plastique. Pour éviter leur enfouissement une fois jetés, Environek, une entreprise québécoise d’économie sociale, les transforme en granule qui serviront à construire des sièges de balançoires.

Tradition québécoise par excellence, le temps des sucres a bien changé avec les années, une industrialisation synonyme d’efficacité et de production accrue. Le temps où on recueillait la sève de chaudière en chaudière est bien loin. Désormais, la récolte de l’eau d’érable se fait par un système de tubulures. À la fin de leur vie utile, ces « spaghettis bleus » composés de plastique sont tout simplement jetés. La quantité estimée à recycler est l’équivalent de près de huit piscines olympiques! Mais l’opération de sauvetage a déjà commencé.

C’est à l’étape de la production que le plastique génère des émissions de gaz à effet de serre (GES). Chaque tonne de matière recyclée par l’industrie et réutilisée ailleurs évite l’achat, et donc la production, de nouveau plastique. C’est un moyen pour les producteurs de sirop de contribuer à leur façon à la lutte contre les changements climatiques.

Après le recyclage de matériel informatique et électronique, Environek, une division du Groupe Aptas, s’est lancée en 2015 à la rescousse des tubulures d’érablières. À la fin de la saison des sucres, lorsque les acériculteurs décrochent ces tuyaux de plastique, l’usine située à Saint-Malachie amorce ses opérations.

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Les tubulures servent au transport de la sève d'érable jusqu'à la cabane où elle est deviendra du sirop. (© Groupe Aptas / Environek)

Un précurseur

En plus de contribuer à l’action en changement climatique, Environek est une entreprise d’économie sociale qui fait travailler des gens avec des limitations fonctionnelles, dont l’intégration au marché du travail est souvent complexe.

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Les employés s’affairent à enlever tous les raccords des tubulures. (© Groupe Aptas / Environek)

 

 

On compte au Québec 13 500 producteurs acéricoles. Dans la région de Chaudière-Appalaches, il se produit plus de sirop que n’importe où ailleurs en province, soit une part de 37 %, d’où l’intérêt de recycler, d’abord dans cette région, les tubulures de plastique.

 

« C’est un vrai problème, car on compte 2 600 tonnes de tubulures par année, composés de divers plastiques dont le PVC, qui vont finir dans les sites d’enfouissement, se dégradant seulement après des centaines d’années », affirme avec conviction Lionel Bisson, directeur général du Groupe Aptas.

 

En s’attaquant à cette problématique particulière depuis 2007, Lionel Bisson fait figure de précurseur. À titre de président de la Régie intermunicipale du comté de Beauce-Sud pendant 14 ans, il a été sensibilisé à la gestion des matières résiduelles. Il souhaite maintenant paver la voie pour le développement futur d’une vraie filière de revalorisation dans le domaine de l’érable.

Des granulateurs électriques sont utilisés dans le processus de récupération pour avoir un bilan carbone le plus bas possible. Le refroidissement se fait à l’air et le traitement à sec. L’eau n’est pas utilisée dans le processus, une autre valeur ajoutée. L’entreprise a d’abord dû faire toute une série de tests pour s’assurer de pouvoir récupérer les fils, les diverses sortes de plastiques ainsi que les bagues de maintien en acier, en cuivre ou en aluminium. Après un tri manuel des matériaux, le tout est transformé en granules.

Recycler pour moins produire

 

Au début de l’opération, trouver un marché pour la vente de granules a été difficile. Puis graduellement, les transformateurs s’y sont intéressés. L’achat de cette matière recyclée permet des économies de 60 % sur le coût à neuf, un argument en béton dans l’opération séduction. Sans compter que cela diminue le recours à de nouveaux composants plastiques par les manufacturiers, la production de ce genre de nouveaux matériaux étant la source d’émissions de gaz à effet de serre sur laquelle l’industrie peut agir. Une production moindre de plastique égale moins de GES, une façon pour les producteurs de contribuer à la lutte contre les changements climatiques.

 

L’usage d’un produit existant qui a été revalorisé contribue donc à réduire les émissions de GES. Sur le plan économique, c’est aussi avantageux pour les clients d’Environek. Les tubulures d’érablières trouvent ainsi une seconde vie en entrant dans la fabrication de drains agricoles, de composantes de balançoire pour des modules de jeu ou en tuteurs pour arbustes.

 

« Pour mettre en place un réseau efficace de récupération de tubulures dans la région de Chaudière-Appalaches, il faut s’investir dans tout un travail de sensibilisation et de promotion. Cela bouscule un peu les façons de faire des acériculteurs. Surtout que les tarifs pour jeter la matière dans les sites d’enfouissement ne sont pas assez élevés », analyse Lionel Bisson.

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On obtient au terme du procédé des granules de métallocène de seconde génération prêtes à être utilisées. (© Groupe Aptas / Environek)

Avec son bâton de pèlerin, l’entrepreneur multiplie les contacts pour faire connaître cette nouvelle solution auprès des fournisseurs, des acériculteurs et du gouvernement. Grâce à des ententes avec diverses municipalités, plusieurs écocentres assurent la logistique. Lionel Bisson croit fermement à la possibilité de recycler ces tubulures. L’an prochain, il souhaite en traiter 500 tonnes puis davantage les années suivantes.

L’homme ne compte pas s’arrêter là. Et trouver des solutions de recyclage aux produits en fin de vie le stimule. Dans sa besace imaginative se trouvent d’autres objets auxquels il rêve de s’attaquer : la récupération de petits appareils électriques, de matelas ou encore de matières plastiques utilisées dans le domaine agricole.