Dossier spécial : Après-demain, le climat , partie 5

Une répétition générale pour la crise climatique

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06 juillet 2020 - Maxime Bilodeau, En paix avec ses contradictions

On n’a jamais autant parlé de santé publique qu’en ce printemps covidien qui a mis, et met encore, les autorités compétentes à rude épreuve. Sans attendre que la poussière retombe, nous devons apprendre de cet épisode pandémique dans la perspective de l’inévitable crise climatique, soutient Céline Campagna, responsable scientifique du programme Changement climatique et santé de l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ).

Certains ont sous-entendu que la COVID-19 était due aux changements climatiques. Le lien entre les deux est-il avéré ?

Céline Campagna

Il n’y a pas de démonstration scientifique qui établit que la pandémie a été causée par le réchauffement du climat. Rien ne permet de l’affirmer hors de tout doute. Cela dit, on peut avancer sans se tromper que les bouleversements climatiques vont nous confronter — et c’est déjà le cas — à des événements météorologiques extrêmes plus fréquents et plus graves. Les maladies infectieuses reliées au dérèglement des écosystèmes, comme l’est probablement la COVID-19, sont elles aussi appelées à augmenter. 

 

Le nouveau coronavirus est une zoonose, c’est-à-dire que le pathogène à l’origine de l’infection humaine est d’origine animale. Et ce n’est pas la seule zoonose qui a fait les manchettes récemment ; la maladie de Lyme et le Zika en sont deux autres exemples.

Y a-t-il d’autres parallèles à dresser entre les crises sanitaire et climatique ?

La pandémie nous démontre comment devrait se gérer le chantier de la transition climatique. Elle est la preuve que les politiciens, s’ils s’en donnent l’occasion, peuvent baser leurs décisions sur ce que disent les scientifiques, de la santé publique dans ce cas-ci. Je ne vois plus pourquoi ils ne pourraient pas écouter les scientifiques du climat ! Ce sera vraiment intéressant d’observer si les canaux de communication resteront ouverts entre le politique et le scientifique. Il y avait bien sûr un contexte particulier, celui de l’état d’urgence sanitaire, pour faciliter les échanges ce printemps. C’est d’ailleurs ce qui différencie fondamentalement ces deux crises : la COVID-19 ne nous a pas offert le luxe du temps ; l’urgence climatique, au contraire, nous en offre, peut-être même trop.

La Santé publique québécoise était-elle prête à faire face à cette pandémie qui a semblé prendre le monde de court ?

Je ne peux pas me prononcer, étant donné que j’en fais partie intégrante. Je sais toutefois qu’elle a fait de son mieux. Son mandat premier est, après tout, de faire face aux crises. Elle se donne les outils adéquats poury parvenir, comme la surveillance continue des problèmes de santé et de leur cause, dans une optique de prévention. C’est pour la théorie ; en pratique, cela fait deux décennies que la Santé publique fait face à des coupes subséquentes au Québec. Résultat : elle est la parente pauvre de notre système de santé. Affirmer qu’on a prévenu 1000 mortalités est toujours moins accrocheur que de dire qu’on a sauvé 1000 vies. Pourtant, d’un point de vue économique, nous serions plus riches en raisonnant ainsi. Chaque fois qu’une hospitalisation est évitée, c’est la société au grand complet qui y gagne.

Ce raisonnement se transpose à la question climatique…

Certainement. Il vaut mieux être prêt à affronter les vagues fréquentes de chaleur, les épisodes répétés d’inondation et les violentes queues d’ouragans que de réparer les pots cassés. Aménager le territoire dans une optique de changement climatique, en verdissant nos milieux de vie et en les agençant pour favoriser le transport actif par exemple, nous ferait économiser des milliards de dollars. J’ai d’ailleurs hâte de constater l’effet de la diminution de la pollution due à la COVID-19 sur les admissions à l’hôpital. Parmi les autres travaux dont les conclusions seront intéressantes, il y a ceux relatifs à la santé mentale. Je suis tout particulièrement curieuse de voir comment elle peut être affectée par l’accumulation des crises — vivre un épisode d’inondation, puis une crise sanitaire par exemple.

S’il n’y avait qu’une leçon à retenir de l’épisode COVID-19, ce serait laquelle pour vous ?

Il aura fallu qu’une crise sanitaire nous éclate au visage pour nous rappeler que la vie est précieuse, que nos décisions collectives sont avant tout prises pour favoriser le bien-être. Nous avons toutefois tendance à perdre de vue cette évidence, notamment pour des raisons économiques. Je souhaite que cet humanisme demeure à l’avant-plan et guide nos décisions futures. Pour cela, il faudra faire attention à ce que la reprise économique ne soit pas synonyme de compressions majeures et d’austérité, au nom de la réduction de la dette. La tentation sera forte de revenir dans nos vieilles pantoufles. Heureusement, il suffit de s’ouvrir les yeux pour constater que de belles initiatives d’adaptation aux changements climatiques ont déjà cours actuellement aux quatre coins du Québec. Nous sommes des champions de l’économie verte, du développement durable et de l’innovation sociale. Saisissons cette occasion. 

Cette entrevue provient d’un cahier spécial publié par le quotidien Le Devoir, en partenariat avec Unpointcinq.

Nos villes grandiront-elles de l'intérieur?

Après-demain, le climat

Le Centre d’écologie urbaine de Montréal (CEUM) réalise depuis 25 ans des projets d’aménagement et de participation citoyenne qui contribuent à bâtir des villes à échelle humaine : plus écologiques, plus démocratiques et plus en santé. Unpointcinq a rencontré la directrice générale de l’organisme, Véronique Fournier. Elle explique comment les réponses à la crise sanitaire pourraient rendre nos villes plus résilientes face au climat.