Dossier spécial : Après l'adaptation, le beau temps , partie 1

Changements climatiques: l’adaptation en 7 questions

Montréal, CA - 24 juin 2023 : Montréal Centre-ville en fumée des feux de forêt canadiens
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Centre-ville de Montréal dans la fumée des feux de forêt canadiens le 24 juin 2023 ©Shutterstock/Marc Bruxelle
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28 septembre 2023 - Maxime Bilodeau, En paix avec ses contradictions

L’adaptation aux changements climatiques s’est installée pour de bon dans le discours des décideuses et décideurs au cours des derniers mois. Mais, que veut-on dire par là? Le point avec Angelica Alberti-Dufort, vulgarisatrice scientifique et spécialiste des transferts des connaissances et formation pour le consortium en climatologie Ouranos.

S’adapter peut avoir plusieurs sens. En biologie, on parle par exemple de changements si pérennes qu’ils s’inscrivent dans les gènes et deviennent héréditaires. Qu’en est-il des changements climatiques?

Il s’agit de modifier nos façons de vivre en fonction de la nouvelle réalité climatique. À l’heure actuelle, nos comportements sont conformes aux tendances du passé, c’est-à-dire des dernières décennies. L’émission massive de gaz à effet de serre (GES) dans l’atmosphère a pourtant changé la donne. Cela a des impacts durables, inéluctables. Il faut comprendre que les GES demeurent dans l’atmosphère pour de très longues durées. Ils feront donc sentir leurs effets pendant longtemps, et ce, même si nous arrêtions d’en émettre de nouveaux dès demain matin.

Angelica Alberti-Dufort
Angelica Alberti-Dufort ©Ouranos

Comment différencie-t-on l’adaptation aux changements climatiques de l’atténuation de ces derniers?

Ce sont deux composantes distinctes de la lutte aux changements climatiques d’origine humaine. Contrairement à l’atténuation, qui consiste grosso modo à émettre moins de GES, l’adaptation a pour objectif de vivre avec les conséquences de ceux qui sont déjà dans l’atmosphère. La gestion des risques naturels en est d’ailleurs un synonyme. Cela dit, l’atténuation et l’adaptation sont des chantiers complémentaires. L’un n’empêche pas l’autre. Ce sont des priorités équivalentes par rapport aux événements météorologiques extrêmes qui ont déjà cours au Québec et ailleurs dans le monde. Et qu’on sait reliés aux changements climatiques.

Le gouvernement Legault vient d’annoncer la création d’un comité sur l’adaptation aux changements climatiques. Pourquoi le politique fait-il tout un plat de l’adaptation?

Le climat touche tous les secteurs d’activité d’une manière ou d’une autre. Agriculture, tourisme, foresterie, santé… Si le climat change, nécessairement, il faut revoir nos manières de faire partout en société. Considérons les inondations, un des principaux risques climatiques auquel fait face le Québec. Face à celles-ci, il faut désormais tenir compte des nouvelles zones inondables dans la manière dont on aménage le territoire.

Cela signifie en clair de ne plus construire d’infrastructures essentielles, comme des écoles, dans certains secteurs désormais vulnérables à ce risque. Autre exemple : les vagues de chaleur, qui seront elles aussi de plus en plus fréquentes et intenses, mais aussi plus longues. Dans ce cas-ci, on parle de verdir nos villes dès maintenant, afin de multiplier les zones d’ombre, les îlots de fraîcheur, et ainsi de suite. Dans tous les cas, il est question de repenser nos aménagements et nos priorités.

Peut-on s’adapter à tous les risques climatiques?

Non, car les projections d’aléas climatiques ne s’équivalent pas toutes. Certaines sont très fiables, d’autres, pas du tout. Je pense par exemple au verglas, aux tornades, aux tempêtes soudaines. Parce que ces risques sont difficiles à prévoir, nous sommes plus démunis au registre des solutions pour y faire face. Pour les vagues de chaleur, on sait ce qui nous attend. Mieux encore : nous en avons déjà vécu et savons donc comment y faire face efficacement. Même chose pour l’érosion côtière. Ce n’est pas nouveau ni inédit.

S’il est possible de « bien » s’adapter aux changements climatiques, peut-on aussi « mal » s’y adapter?

Tout à fait, la maladaptation climatique existe bel et bien. C’est le cas lorsque les stratégies envisagées ont pour conséquence paradoxale d’aggraver les changements climatiques. Il y a cependant d’autres manières de définir la maladaptation, notamment à la lumière des inégalités sociales. Dans certains cas, l’analyse est très circonstancielle. C’est par exemple le cas de la climatisation. Pour certaines personnes vulnérables, comme les personnes âgées, ou dans certains milieux de travail, par exemple dans les hôpitaux, on peut les considérer comme de bonnes solutions.

L’adaptation aux changements climatiques a progressé, mais doit encore être renforcée, conclut le plus récent rapport du Groupe intergouvernemental sur le climat (GIEC). Comment?

Une des logiques fondamentales de l’adaptation climatique est qu’elle se conjugue aussi bien à l’échelle individuelle que collective. C’est-à-dire que l’adaptation concerne tout le monde, à commencer par l’ensemble des paliers gouvernementaux dans le contexte québécois. Le municipal a un rôle à jouer, tout comme le provincial et le fédéral. Par ailleurs, le simple citoyen, parce qu’il subit de plein fouet les conséquences des changements climatiques, a aussi une responsabilité à assumer. Bien sûr, on ne peut pas compter sur la seule bonne foi des gens pour adopter certains comportements clés. À un certain moment, il faut les encourager, voire les rendre obligatoires. On le voit par exemple avec la nouvelle réglementation attendue sur les zones inondables, qui devrait être plus restrictive que par le passé.

L’adaptation se conjugue-t-elle en ce sens avec la sobriété, que le GIEC définit comme « un ensemble de mesures et de pratiques quotidiennes qui permettent d’éviter la demande de ressources tout en assurant le bien-être de tous les êtres humains dans les limites de la planète »?

Oui. Pensons à notre utilisation de l’eau. Dans le futur, il y aura de plus en plus d’épisodes d’étiage et de sécheresse entrecoupés de fortes précipitations. Résultat : au Québec, les ressources hydriques seront mises sous forte pression par moment. Il faudra donc les consommer de manière plus parcimonieuse et raisonnée. On ne pourra plus arroser sa pelouse quand ça nous chante. Certains comportements, comme nettoyer son asphalte au jet d’eau, seront carrément amenés à disparaître. Il en va de même pour les rejets de polluants dans nos lacs et rivières. Les messages par rapport à l’eau seront de plus en plus fréquents au Québec, c’est inévitable.

Bonne chance pour réussir à faire passer ces messages! Au Québec, nous sommes les champions du gaspillage de l’eau.

Il y a certes un défi de communication avec l’adaptation. Mais, contrairement à l’atténuation, pour laquelle on demande aux gens de changer leur mode de vie pour régler un problème plutôt abstrait, l’adaptation est beaucoup plus concrète. Les gens subissent déjà les effets négatifs des changements climatiques. C’est maintenant que ça se passe, pas dans un avenir lointain. Une personne qui a été victime d’une inondation, avec toutes les conséquences que l’on imagine, est réceptive, croyez-moi! Nous sommes davantage dans des considérations de bien-être, lesquelles facilitent la percolation de messages clés. Par exemple? Investir en adaptation est synonyme d’enrichissement collectif. Ne pas le faire est, au contraire, un vecteur d’appauvrissement.

Les grands défis

Du 2 au 6 octobre 2023 au Palais des congrès de Montréal et sous l’impulsion d’Ouranos, consortium en climatologie, plus de 1500 membres de la communauté de l’adaptation aux changements climatiques venant du monde entier se réunissent pour partager leurs connaissances sur les défis et les avantages de l’adaptation. C’est l’événement Adaptation futures 2023.

Voici une sélection de séances, en anglais, consacrées aux grands enjeux de l’adaptation. Pour la programmation complète, c’est par là.

  • Global knowledge exchange event: Climate adaptation getting from assessment to implementation – Global center on adaptation
    Mardi 3 de 11 h à 12 h 30
  • Do we need a Global Goal on Adaptation? – Basque Centre for Climate Change (Spain) and University of Bonn (Germany)
    Mercredi 4 de 8 h 30 à 10 h
  • Effective adaptation: What is it and how can we measure and manage it? – Victoria university of Wellington, New-Zealand
    Mercredi 4 de 16 h à 17 h 30
  • Crises and compromise: What will it take for countries to reach the Global Goal on Adaptation? – FAO
    Vendredi 6 de 8 h 30 à 10 h

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