Dossier spécial : Biodiversité, une alliée du climat , partie 1

Biodiversité et climat, même combat!

caribou sur un sol rocheux
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© Rémi Leroux
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Les écosystèmes du Québec nous permettent de respirer, de nous nourrir, de nous loger, de nous chauffer et ils contribuent à notre santé, autant physique que mentale. Ils participent aussi à la lutte contre les changements climatiques, tout en subissant leur menace. Raison de plus pour les protéger davantage.

La COP27 sur les changements climatiques s’est achevée le 19 novembre à Charm elCheikh, en Égypte. Dans quelques jours, la COP15 sur la biodiversité s’ouvrira à Montréal. La désynchronisation entre les deux conférences des Nations unies laisse à penser que la crise du climat et le déclin du vivant sont dissociés et qu’ils peuvent être solutionnés séparément. À tort. 

Dans les faits, les deux crises ont longtemps été perçues et traitées comme des problèmes distincts, celle de la biodiversité ayant même été reléguée au second plan dans les discours politiques et l’esprit des gens. « Le climat est devenu un enjeu tangible, on peut en mesurer concrètement les impacts, présents et futurs, par les canicules notamment. La disparition des espèces animales et végétales nous affecte moins directement. On a la fausse impression que la mort du dernier caribou forestier ne changera rien à nos vies », résume le titulaire de la Chaire de recherche du Canada en écologie intégrative, Dominique Gravel. 

© Rémi Leroux


La lutte contre le dérèglement climatique et celle contre l’effondrement de la biodiversité doivent pourtant être menées de front. Ces crises sont « inextricablement connectées » et on ne pourra les résoudre avec succès si elles ne sont pas abordées ensemble, assurent le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’
évolution du climat (GIEC) et le Groupe d’experts international sur la biodiversité (IPBES) dans un rapport commun inédit, publié en juin 2021. 

Un cercle vicieux 

Les synergies entre les deux crises sont nombreuses, l’une et l’autre s’alimentant actuellement dans un cercle vicieux. « La hausse des températures et les perturbations climatiques bouleversent les espèces végétales et animales ainsi que leurs habitats à un rythme tel qu’elles ne peuvent s’adapter et risquent de décliner », indique Anne-Céline Guyon, chargée de projet climat chez Nature Québec. 

 On a tendance à oublier que la biodiversité nous permet de respirer, de manger, de boire, de nous habiller et de nous soigner. C’est nous-mêmes que nous mettons en péril en la détruisant.

Anne-Céline Guyon, chargée de projet climat chez Nature Québec

Dans le Nord-du-Québec, qui se réchauffe de deux à trois plus vite que le reste de la planète, le phénomène est déjà à l’œuvre, a constaté le titulaire de la Chaire de recherche du Canada en biodiversité nordique, Dominique Berteaux. « Les espèces les plus adaptées à leur milieu sont en danger de se faire remplacer par des espèces du sud. Le renard arctique est un symbole de ce processus. Sa place est prise peu à peu par le renard roux », observe le professeur de biologie à l’Université du Québec à Rimouski (UQAR). Le risque étant aussi une circulation accrue de la rage du renard arctique, principal hôte du virus, vers le renard roux et, par ricochet, vers d’autres animaux, y compris les animaux domestiques, puis vers les humains. 

Au nord comme au sud, nos forêts, premier réservoir de biodiversité, sont particulièrement affectées par les changements climatiques. En raison des sécheresses, des incendies et des invasions d’insectes, « leur taux de mortalité a été multiplié par deux au Canada en 10 ans », alerte le professeur en aménagement forestier et biodiversité de l’Université du Québec à Montréal (UQAM) et en Outaouais (UQO), Christian Messier. Désormais, « les forêts canadiennes rejettent chaque année plus de CO2 qu’elles n’en captent », signale-t-il. 

lac entouré d'une forêt
© Rémi Leroux

Accroître les services écologiques rendus par la nature

À linverse, chaque parcelle de nature préservée ou agrandie contribue à atténuer la crise climatique et à maintenir la diversité du vivant. Les arbres, les plantes en tous genres, les milieux humides, comme les tourbières, mais aussi les sols et les océans sont des puits de carbone. Ils séquestrent le CO2, principal gaz à effet de serre responsable du réchauffement planétaire. « Cest de lécologie 101; plus on protège les puits de carbone naturels et leur biodiversité, plus on agit en faveur du climat », synthétise Christian Messier.

© Rémi Leroux

 

Par ricochet, on accroît les services dits « écosystèmiques » rendus par la nature qui permettent de s’adapter aux nouvelles réalités du climat. En ville, « les arbres et la végétation urbaine limitent les îlots de chaleur et filtrent la pollution atmosphérique. Des sols moins minéralisés facilitent l’absorption des eaux pluviales », tandis qu’en milieu rural, « la revégétalisation des berges limite leur érosion et le risque d’inondations des rivières », illustre la cheffe des analyses socioéconomiques au sein du consortium de recherche Ouranos, Ursule Boyer-Villemaire, en ajoutant que « les écosystèmes sont les meilleures machines au monde. Ça ne sert à rien de vouloir les remplacer par autre chose ».

À un plus haut niveau, « on a tendance à oublier que la biodiversité nous permet de respirer, de manger, de boire, de nous habiller et de nous soigner. C’est nous-mêmes que nous mettons en péril en la détruisant », insiste Anne-Céline Guyon qui rappelle à quel point la production agricole est menacée par la disparition des abeilles. Vu du Québec, on n’a pas non plus conscience qu’à l’échelle de la planète, une personne sur cinq dépend directement des plantes sauvages, des algues et des champignons pour son alimentation et ses revenus, selon le dernier rapport de l’IPBES.

Plus d’aires protégées, à mieux protéger 

À Montréal, l’un des enjeux de la COP15 sera entre autres de valider l’objectif de protection de 30 % des terres et des mers d’ici 2030. La précédente cible de 17 %, fixée en 2010 pour l’année 2020, n’ayant été atteinte qu’au printemps dernier par le Québec, « viser 30 % dans sept ans, c’est tout un défi », considère la directrice générale du Conseil régional de l’environnement de la Montérégie, Andréanne Paris.

© Rémi Leroux

 

Aujourd’hui, la plupart des aires protégées par la province se trouvent dans les régions inhabitées du nord, où il y a moins de conflits d’usage, souligne la biologiste de formation. Dans le sud, en revanche, « on est en carence avec, par exemple, moins de 5 % d’aires protégées en Montérégie. La biodiversité y est très riche, mais les habitats sont très fragmentés, peu connectés entre eux et ils sont soumis à la pression humaine » sur un territoire possédé à 98 % par des propriétaires privées. « On a un énorme travail de sensibilisation à mener pour les convaincre de préserver leurs terres. »  

Augmenter la quantité d’aires protégées, certes, mais leur qualité, aussi, doit être améliorée, affirme le professeur Christian Messier, en soulignant que 40 % des forêts en Amérique du Nord sont à risque d’invasion d’insectes. « Nos milieux naturels sont trop peu diversifiés. Or, plus un écosystème l’est, plus il est productif et résilient au stress et aux perturbations qu’il peut subir. » 

Biodiversité, alliée du climat: Lire le dossier complet

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