Baromètre de l'action climatique 2022

Disposition des Québécois et des Québécoises face aux défis climatiques

Alors que les enjeux climatiques et environnementaux continueront de faire les manchettes en 2023, 86 % de la population québécoise croient à l’urgence d’agir pour le climat, une tendance à la hausse par rapport à l’an dernier. En effet, selon la plus récente édition du Baromètre de l’action climatique, la préoccupation à l’égard de la crise climatique n’a jamais été aussi forte qu’actuellement. Toutefois, les comportements les plus efficaces pour réduire l’empreinte climatique de la population tardent toujours à être adoptés bien que les Québécoises et les Québécois soient nombreux à déclarer intégrer à leur quotidien des gestes favorables au climat.

Ainsi, le quart des Québécoises et des Québécois considère « faire déjà tout ce qu’il peut et ne pas voir comment en faire plus » (25 % en 2022, 20 % en 2021). « On observe une forme de saturation dans les efforts à l’échelle individuelle, couplée à des attentes toujours élevées à l’égard des autres acteurs et actrices de la lutte climatique, » confirme Valériane Champagne St-Arnaud, professeure de marketing à l’Université Laval et coordonnatrice scientifique du Baromètre de l’action climatique. « En effet, la majorité de la population estime que les entreprises (94 %), le gouvernement fédéral (76 %), le gouvernement provincial (76 %), les individus (76 %), ainsi que les municipalités et les MRC (70 %) devraient en faire davantage pour le climat », précise la chercheuse.

En outre, et malgré un sentiment d’urgence croissant face à la crise climatique, le rapport révèle un renforcement des croyances susceptibles de nuire à l’action climatique, comme un sentiment d’impuissance (il est trop tard pour agir), un refus de la responsabilité (reporter la faute sur autrui) ou la négation du rôle de l’humain dans les dérèglements climatiques.

L’écoanxiété : un enjeu de santé publique
Les changements climatiques ont des effets sur la santé psychologique de la population. Près d’une personne sur deux (47 %) déclare avoir vécu de l’écoanxiété au cours de la dernière année. L’effet le plus fréquemment rapporté est de l’inquiétude par rapport au futur. Au Québec, on constate que l’écoanxiété favorise l’adoption de gestes individuels pour réduire l’empreinte climatique, mais qu’elle peut également paralyser ou démotiver lorsqu’elle devient trop sévère. Par exemple, celles et ceux qui rapportent une forme d’écoanxiété élevée sont moins nombreux à acheter localement, à minimiser l’utilisation de véhicules à essence ou à composter.

Le voiturage en solo a toujours la cote!
Du côté des transports, 86 % de la population sont en faveur d’une bonification (en quantité et en qualité) des infrastructures de transport actif (marche, vélo, etc.) et collectif (autobus, métro, etc.) et 78 % se disent favorable à offrir des services de transport collectif gratuits à l’ensemble de la population. Cependant, le voiturage en solo demeure, de loin, le moyen de transport le plus utilisé par la population québécoise, dans toutes les catégories d’âge (65 % vs 26 % pour les modes de transport actif, par exemple).

Même si une personne sur deux déclare fournir des efforts pour diminuer l’utilisation des véhicules à essence, seule une minorité (16 %) affirme ne pas posséder (ou louer à long terme) une voiture et à peine 4 % déclarent avoir l’intention de s’en départir dans la prochaine année. Dans ce contexte, l’adhésion à des politiques publiques visant à réduire le nombre de véhicules sur les routes ou à modifier les habitudes des automobilistes est plutôt faible, indique le rapport.

En effet, des mesures telles que « réduire le nombre de stationnements dans les villes » ou « imposer des frais pour l’utilisation du réseau routier » reçoivent l’appui de moins du tiers des Québécoises et des Québécois seulement. Ce sont pourtant celles dont les études ont démontré la plus grande efficacité pour réduire l’utilisation de l’automobile en ville.

Forte solidarité face aux impacts de la crise climatique
Les expertes et les experts du climat sont formels : même si le Québec réduit drastiquement ses émissions de GES, les conséquences déjà perceptibles de la crise climatique vont s’intensifier dans les prochaines années. Bonne nouvelle : les Québécoises et les Québécois démontrent une forte solidarité à l’égard des personnes les plus vulnérables, bien que la plupart d’entre eux ne se considèrent pas personnellement menacés à court terme ou ne savent pas exactement qui sont les groupes les plus vulnérables.

Par exemple, la majorité de la population est favorable à plusieurs initiatives visant à protéger la santé de la population des impacts climatiques, comme le verdissement des villes (94 %) ou le développement d’un système de navettes gratuit pour accéder facilement aux milieux naturels (75 %). Plus largement, 82 % estiment important de protéger les individus les plus susceptibles de subir les impacts des changements climatiques.

« Cette nouvelle édition du Baromètre met en lumière plusieurs défis auxquels nous devons répondre collectivement pour accélérer notre réponse face aux changements climatiques. La saturation de l’action individuelle demandera par exemple de faire davantage connaître les initiatives menées à tous les niveaux, car elles existent (municipalités, entreprises, groupes citoyens, gouvernements, etc.). Avec toujours le souci de ne pas tomber dans l’écoblanchiment qui pourrait susciter de la méfiance chez les individus et être contre-productif », souligne Clémence Lalloz, co-directrice du média de solutions Unpointcinq et de Futur Simple, partenaire financier du Baromètre.

 

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