Action climatique : quoi d’neuf docteur?

Foule de gens marchant dans une rue de New York
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Pour la quatrième année, l’Université Laval a pris le pouls de la population sur sa disposition à agir pour le climat. Diagnostic? Le pouls a sérieusement ralenti en 2022, mais les patient.e.s québécois.e.s montrent des signes encourageants de solidarité climatique et d’implication citoyenne.

La morosité climatique s’est-elle emparée des Québécoises et des Québécois cette année? À lire les résultats de la nouvelle édition du Baromètre de l’action climatique de l’Université Laval, on serait tenté d’opiner du chef. Plusieurs indicateurs mesurant la disposition de la population québécoise à agir pour le climat sont en effet à l’arrêt, voire en recul.

Pêle-mêle : les croyances susceptibles de nuire à l’action climatique augmentent, la population manifeste une saturation croissante pour les actions climatiques individuelles, l’écoanxiété est désormais bien présente dans la société, le voiturage en solo a encore de beaux jours devant lui et la perception individuelle de menace climatique élevée à court terme s’éloigne.

Ajoutez à cela un contexte économique inflationniste, une pandémie qui n’en finit pas de faire des vaguelettes et un conflit majeur sur le continent européen dont l’onde de choc est mondiale, vous obtenez un portrait de la situation plutôt sombre. « L’influence d’autres enjeux sociétaux, qui s’additionnent aux problèmes environnementaux et qui paraissent parfois plus menaçants à court terme, peuvent influencer la prédisposition des gens à l’action climatique », analyse Valériane Champagne St-Arnaud, professeure de marketing à l’Université Laval et coordonnatrice scientifique du Baromètre de l’action climatique.

L’urgence et la solidarité climatiques

Pourtant, précise-t-elle dans la foulée, « la préoccupation à l’égard de la crise climatique n’a jamais été aussi forte ». La conviction de l’urgence d’agir est ainsi partagée par 86 % de la population (+2 pts par rapport à 2021). Dans une perspective de solidarité climatique, « un facteur favorable à l’action climatique »,  les Québécoises et les Québécois se disent aussi favorables à plusieurs initiatives visant à protéger la santé de la population des effets des changements climatiques, comme le verdissement des villes (94 %) ou l’accès facilité aux professionnels de la santé mentale pour les personnes souffrant, par exemple, d’écoanxiété (76 %).

En outre, 82 % estiment important de protéger les individus les plus susceptibles de subir les effets des changements climatiques, sans pour autant être capables de bien identifier les groupes les plus vulnérables. En raison des effets des changements climatiques sur leur santé, certains groupes, comme les jeunes, les peuples autochtones et les femmes, entre autres, sont considérés comme particulièrement à risque.

La méconnaissance des enjeux relatifs à la justice climatique peut freiner l’adoption de mesures adéquates pour protéger les populations plus vulnérables ou, à l’inverse, favoriser celles creusant les inégalités sociales.

Valériane Champagne St-Arnaud, coordonnatrice scientifique du Baromètre de l’action climatique

Des croyances susceptibles de nuire à l’action climatique en progression

La proportion des Québécoises et des Québécois qui considèrent « faire déjà tout ce qu’ils peuvent et ne pas voir comment en faire plus » est en progression (25 % en 2022, +5 pts). Parallèlement, la proportion de celles et ceux qui en font « beaucoup » et seraient prêt.e.s à en « faire plus » est, elle, en recul (15 % en 2022, -6 pts).

« Une forme de saturation semble émerger en 2022 à l’égard de l’action climatique à l’échelle individuelle, note Valériane Champagne St-Arnaud. Plusieurs pistes peuvent expliquer cette saturation, mais l’une d’entre elles concerne les barrières objectives aux efforts individuels ». Ainsi, illustre-t-elle, l’absence d’un système de collecte des matières organiques dans sa ville ou d’un réseau de transport collectif efficace sont deux contraintes « susceptibles de freiner même les personnes les plus préoccupées par la crise climatique ».

Le Baromètre révèle parallèlement un renforcement des croyances susceptibles de nuire à l’action climatique, comme un sentiment d’impuissance (il est trop tard pour agir), un refus de la responsabilité (reporter la faute sur autrui) ou la négation du rôle de l’humain dans les dérèglements climatiques.

Des travaux récents de Mélissa Généreux, professeure à la Faculté de médecine et des sciences de la santé de l’université de Sherbrooke, démontrent que « le fait d’être épuisé d’entendre parler d’une crise peut induire chez certains une sensibilité accrue aux idées simplistes ou fausses. » Une hypothèse, précise la coordonnatrice scientifique du Baromètre, qui « pourrait expliquer, par exemple, la légère augmentation de la croyance selon laquelle les changements climatiques sont un phénomène naturel pour lequel l’humain n’a pas à intervenir. »

Toutes ces croyances sont autant de biais cognitifs qu’il est possible de contourner pour reprendre confiance dans l’action climatique.

Une personne sur cinq estime que les mesures nécessaires pour agir contre les changements climatiques nuisent à ses libertés individuelles*.

* Nouvelle mesure du Baromètre de l’action climatique 2022

L’écoanxiété, un enjeu de santé publique?

Même si le degré d’écoanxiété demeure faible à modéré pour la majorité de la population, le Baromètre révèle que près d’une personne sur deux (47 %) déclare avoir vécu de l’écoanxiété au cours de la dernière année. Cette forme d’inconfort psychologique ou physique en lien avec les changements climatiques « est une réaction normale face à une menace réelle, complexe et perçue comme incertaine et difficilement contrôlable », rappelle Anne-Sophie Gousse-Lessard, codirectrice du Groupe interdisciplinaire de recherche sur l’écoanxiété et l’engagement citoyen (GIREEC) et professeure associée à l’Institut des sciences de l’environnement (UQAM).

L’effet le plus fréquemment ressenti est de l’inquiétude par rapport au futur de l’humanité. S’il n’existe pas de solutions simples pour composer avec l’écoanxiété, certaines pistes permettent de mieux la prendre en charge.

En 2022, 31 % de la population a ressenti de la culpabilité à l’égard des enjeux climatiques, en fort recul par rapport à 2021 (49 %, -18 pts).

Baromètre de l’action climatique 2022

Mobilité : le « oui, mais » des Québécoises et des Québécois

Si 86 % de la population est en faveur d’une bonification (en quantité et en qualité) des infrastructures de transport actif (marche, vélo, etc.) et collectif (autobus, métro, etc.), le voiturage en solo demeure, de loin, le moyen de transport le plus utilisé par la population québécoise, toutes catégories d’âge confondues (65 % vs 26 % pour les modes de transport actif, par exemple).

Pas de surprise donc : l’adhésion à des politiques publiques visant à réduire le nombre de véhicules sur les routes ou à modifier les habitudes des automobilistes est plutôt faible. Les mesures telles que « réduire le nombre de stationnements dans les villes » ou « imposer des frais pour l’utilisation du réseau routier » reçoivent l’appui de moins du tiers de la population.

Ce sont pourtant des mesures « dont les études ont montré la plus grande efficacité pour réduire l’utilisation de l’automobile en ville », précise Jérôme Laviolette, doctorant en planification des transports (Polytechnique Montréal). Sans compter que les arguments ne manquent pas pour repenser notre rapport à l’auto et imaginer d’autres façons de se déplacer, en bus gratuit, en autobus régional, en vélo, à pied, etc.

78 % de la population est favorable à offrir des services de transport collectif gratuits à l’ensemble de la population.

Baromètre de l’action climatique 2022

Le risque climatique? Pas vraiment dans ma cour

Au moment où les événements climatiques extrêmes se multiplient au Québec, au Canada et partout dans le monde, le Baromètre révèle que les Québécoises et les Québécois sont de moins en moins nombreux à considérer la crise climatique comme une menace élevée à court terme pour eux-mêmes (20 %). La menace est perçue comme étant plus importante pour le Québec (43 %), le Canada (49 %) et le reste du monde (68 %).

Cette distanciation croissante à l’égard de la menace climatique immédiate a-t-elle une incidence sur la disposition pour l’action climatique? A-t-elle pour effet de « déresponsabiliser » les individus? Si, en 2021, de nombreuses personnes affirmaient avoir l’intention d’apporter des changements importants dans leurs modes de vie pour limiter leur empreinte climatique (choisir un domicile plus petit ou plus près de ses activités quotidiennes, délaisser la voiture, manger moins de viande, etc.), ces intentions ne se sont pas traduites en actions concrètes en 2022.

La réalité des changements climatiques entraînera pourtant à moyen terme des changements profonds de nos modes de vie et la mise en œuvre de nécessaires mesures d’adaptation à l’échelle individuelle et collective.

Les comportements très efficaces pour réduire l’empreinte climatique des Québécoises et des Québécois tardent à être adoptés. 

Valériane Champagne St-Arnaud, coordonnatrice scientifique du Baromètre de l’action climatique

L’implication citoyenne : nouveau visage de l’action climatique?

L’implication citoyenne climatique permet, par exemple, d’influencer les politiques publiques, les comportements des entreprises ainsi que ceux des citoyennes et des citoyens, des sphères déterminantes de la lutte contre les changements climatiques.

Ça tombe bien : une part grandissante de la population estime avoir un impact concret dans la lutte climatique en posant des actions d’implication citoyenne (+22 pts par rapport à 2021). Et même si les gestes les plus fréquemment posés demeurent relativement simples (ex. : se renseigner sur les enjeux climatiques ou discuter avec l’entourage de ce qu’on peut faire pour agir), « ils demeurent utiles pour influencer les normes sociales en faveur de l’action climatique et contribuent à diffuser l’idée selon laquelle la lutte climatique ne repose pas uniquement sur les efforts des citoyennes et des citoyens dans leur vie personnelle », indique Valériane Champagne St-Arnaud.

L’implication citoyenne climatique permet par ailleurs d’imaginer de nouvelles formes de solidarité, d’engagement et de mobilisation, voire de nouveaux modes de vie. De nombreuses sources d’inspiration pour se (re)mettre en action!

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