Peut-on respecter une tradition québécoise comme le temps des sucres tout en le revisitant? C’est le pari que fait le propriétaire de la Cabane à Tuque, un établissement sans viande où tout est mis en œuvre pour minimiser l’empreinte carbone des repas sucrés.
C’est le temps des sucres! Le moment de l’année où les Québécois se régalent de jambon, fèves au lard, oreilles de christ et bacon. L’industrie de la viande, incluant sa branche porcine, est une grande émettrice de gaz à effet de serre (GES). Mais existe-t-il une alternative pour profiter de cette succulente tradition québécoise tout en agissant contre les changements climatiques? Bienvenue à la Cabane à Tuque!
« Je suis végétarien depuis que j’ai 16 ans », affirme sans détour le propriétaire de l’endroit Simon Meloche Goulet. « J’allais à la cabane à sucre socialement, mais j’étais tanné de manger juste des patates. » Celui qui s’apprêtait à devenir fermier a donc bifurqué de vocation pour ouvrir sa propre cabane à sucre végétarienne.
- Selon la Fédération des producteurs de porc du Québec: « Les émissions de gaz à effet de serre produites par les entreprises porcines proviennent de trois sources distinctes : les bâtiments porcins, les fosses à lisier et les superficies d’épandage (…) Les sources indirectes sont celles qui ne sont pas nécessairement produites à la ferme, mais qui sont liées à la production de porcs. L’énergie électrique produite à l’extérieur de la ferme est un exemple de source d’émission indirecte. »
- Selon Agriculture et Agroalimentaire Canada, pour l’année 2013, chaque habitant a consommé 16,09 kg de porc. Selon la Fédération des producteurs de porc du Québec et sur la base d’une analyse de cycle de vie réalisée par Agéco, OCO Technologies et Quantis Canada : 1 kg de porc consommé équivaut à l’émission d’environ 4 kg de CO2 éq.
- Ainsi, 16,09 kg de porc X 4 kg de CO2 = 64,36 kg de CO2/habitant canadien pour sa consommation annuelle de porc, soit l’équivalent des émissions d’une voiture qui roulerait environ 300 kilomètres.
Située à Mont-Tremblant dans les Laurentides, la Cabane à Tuque a tout d’une cabane à sucre traditionnelle : on y retrouve une érablière, une ambiance chaleureuse et de la bonne tire sur la neige! Toute menue, elle peut accueillir entre 35 et 40 personnes à la fois. Elle possède toutefois une philosophie écoresponsable et végétarienne : aucune viande n’est servie et tous les produits sont achetés localement. Son propriétaire pousse même la chose un peu plus loin pour réduire ses émissions de GES. Il fait son marché à vélo, évite les emballages à tout prix et composte les restants de table.
À table!
Et un menu de cabane à sucre sans viande, ça ressemble à quoi? Soupe aux pois, cretons végétariens, tourtière au millet et aux légumes, choucroute et ketchup maison, omelettes aux légumes, fèves au « pas de lard », patates rissolées et betteraves marinées et, bien sûr, beaucoup, beaucoup, beaucoup de sirop d’érable! Bref, un menu qui s’apparente à celui de l’authentique cabane à sucre. Autre clin d’œil à la tradition québécoise, le chef propriétaire compte offrir l’an prochain des oreilles… de courge!
Alors la Cabane à Tuque, est-ce seulement pour les hipsters du Plateau? « Non, ils ne se rendent pas, car il n’y a pas de métro ici! », lance Simon Meloche Goulet en rigolant. « J’aime ça, car ma clientèle est hétéroclite. Je ne voulais pas juste des vegans convaincus. On a de tout : des baby-boomers, des jeunes, des vieux et, oui, des hipsters. Mon défi, c’est de faire découvrir aux gens qu’il existe autre chose. Au-delà du fait que c’est végétarien, c’est aussi biologique et local. »
Et la recette, même sans bacon, semble séduire. Louis, un client non végétarien rencontré sur place, est satisfait. « Une de mes filles est végétarienne et un de mes amis de Saint-Sauveur m’a suggéré de l’essayer. C’est très bon, c’est différent, il faut être ouvert d’esprit. »
Tout y est pour profiter du temps des sucres en limitant la production de GES. Une cabane à sucre alternative où Unpointcinq est allé faire un tour pour vous permettre de goûter à distance l’expérience.