Apprentis coureurs des bois

Stage de survivalisme avec les primitifs
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© Laura Martinez
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Le survivalisme gagne régulièrement de nouveaux adeptes – il a même fait son entrée dans le dictionnaire Larousse cette année! Convaincus que la crise climatique est imminente, des gens comme vous et moi souhaitent s’y préparer en apprenant à devenir autonomes en forêt. Direction Sainte-Anne-des-Monts, en Gaspésie, pour rejoindre l’école de survie Les Primitifs où, pendant deux jours, j’ai suivi à la trace ces apprentis coureurs des bois des temps modernes.

Texte et photos Laura Martinez

« Si quelqu’un se blesse, on crie médic! » lance dès notre arrivée l’instructeur adjoint, Arnaud Amoros. Une fois le groupe d’une trentaine de participants réuni, c’est le départ vers ce qui sera notre salle de classe pendant deux jours : la forêt. Sans le savoir, nous venions d’apprendre – et presque d’enfreindre! – la première règle en survie : retrouver les membres de sa tribu.

L’entraide

Stage de survivalisme avec les primitifs

« Le premier réflexe, c’est de se rassembler! » Sylvie Pouliot sait de quoi elle parle : elle a vécu neuf jours sans électricité à Montréal durant la crise du verglas. « Au Québec, l’électricité, c’est fondamental. Et quand on perd cette ressource-là, ça nous rend tellement vulnérables, c’est incroyable! » se rappelle l’apprentie survivaliste en ramassant du bois pour le feu pendant que d’autres en récoltent pour l’abri.

Un lieu pour se réfugier

Stage de survivalisme avec les primitifs

« Come on in! » nous interpelle le cofondateur des Primitifs, Mathieu Hébert, pour nous rassembler. « Come on in! » répondent les élèves en écho. Mathieu se lance alors dans la construction de la maquette d’un abri destiné à une ou deux personnes. « C’est l’exposition aux éléments [chaleur, froid, précipitations, etc.] qui est le plus grand risque en survie », assure-t-il en plaçant délicatement les branches du toit de son abri miniature.

De nouveau, le groupe s’éparpille. Il faut ramasser plus de bois, des feuilles mortes et des balais de sorcière, ces fines branches mortes aux multiples ramifications. « C’est agréable! C’est du bonheur de faire ça », s’enthousiasme le jeune Isaac, qui s’active à la construction de l’abri. Une fois celui-ci terminé, on fait la queue pour s’y faufiler à tour de rôle. Bien qu’on s’y sente au chaud et en sécurité, aucun de nous n’osera y passer la nuit. Nous dormirons plutôt dans nos tentes – certains dans leur véhicule –, un luxe permis lors de ce cours sur les bases de la survie en milieu naturel.

L’indispensable feu

Une fois l’abri construit, on passe à une étape plus difficile : faire du feu sans briquet ni allumettes. « La technique du feu par friction est celle qui a été utilisée par le plus de cultures à travers l’histoire », explique le survivaliste en chef en maniant son archer pour faire rouler le foret – un bout de bois taillé en pointe – sur la planche à feu. Les deux instructeurs obtiennent rapidement une étincelle. Les apprentis, eux, passeront des heures – la frustration monte – à essayer. J’y échappe, car, armée de mon appareil photo, je guette le groupe qui fera jaillir la première étincelle. Seuls deux y arriveront!

Stage de survivalisme avec les primitifs

La nuit tombée, ce ne sont pas des guimauves que les apprentis survivalistes font griller sur le feu, mais la pointe d’un bout de bois qui, une fois calcinée, sera frottée sur une roche pour en faire une lance. En plus de façonner des armes, le feu permet de « cuisiner et de préserver la viande. Il éloigne aussi les animaux dangereux, comme l’ours noir », indique le cofondateur des Primitifs.

Une nuit sous la pluie

Stage de survivalisme avec les primitifs

Au réveil, je retrouve Mathieu trempé. « Si j’avais dormi dans l’abri, on risquait de perdre le feu », m’apprend ce père de famille de 41 ans, qui aurait aimé que l’un de nous s’en occupe. Pour lui, passer la nuit sous la pluie et dormir sur un matelas de brindilles, ça fait partie de l’entraînement. Vivre ce genre d’expérience, « éloigne la panique en cas de vraie situation », ajoute-t-il en faisant sécher ses habits mouillés.

Stage de survivalisme avec les primitifs

Puis, c’est dans un champ de bouette que le survivaliste en chef nous montre comment faire bouillir de l’eau en déposant dans une flaque des pierres chauffées dans le feu. Le groupe, encore trempé par l’averse matinale, se retrouve dans un nuage de vapeur. L’eau ainsi purifiée peut ensuite être filtrée à l’aide de plusieurs épaisseurs de t-shirts.

La marche du renard

Stage de survivalisme avec les primitifs

Pas de temps à perdre, il nous faut encore apprendre à reconnaître les plantes, à nous camoufler et à nous déplacer sans bruit, puis nous entraîner au tir instinctif et à faire de la corde en tressant des fibres végétales. « Avant, peu de personnes s’intéressaient au survivalisme, me raconte Mathieu. Mais aujourd’hui, on n’a plus besoin d’en parler parce que les médias rapportent chaque jour des scénarios catastrophes… Et les gens sont de plus en plus conscients et inquiets. »

Stage de survivalisme avec les primitifs

Se tenant à bonne distance d’Arnaud, le groupe, immobile, retient son souffle. Aucun de nous ne voudrait déclencher par inadvertance le « collet catapulte » destiné à capturer des petits mammifères qu’il est en train de mettre en place. Dès que le piège est activé, le collet – et sa proie fictive – s’envole à la vitesse de l’éclair. Trapper, au lieu de chasser, permet de gagner du temps, souligne l’instructeur adjoint : « Tu poses ton piège et tu vas faire autre chose, comme purifier ton eau, monter ton camp. »

À l’issue de ces deux jours, nous avons découvert les rudiments de la survie en forêt. Mais les techniques enseignées à l’école des Primitifs peuvent aussi réduire l’empreinte carbone d’une sortie en plein air, assure Mathieu. Se construire un abri, faire du feu et cuisiner juste avec ce que procure la forêt, ça remplace la tente synthétique, le briquet, la bonbonne de gaz, etc. « Et tu vas trouver que ton expérience est plus intense, plus le fun! » garantit Mathieu. Une petite nuit en abri, ça vous dit?