Moins de carbone dans l’univers des éprouvettes

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© Perrine Larsimont
Created with Lunacy 3 min

02 août 2019 - Perrine Larsimont, Paparazzi du climat

Réduire l’empreinte carbone des laboratoires universitaires et collégiaux par des gestes simples? C’est l’un des objectifs de MON ÉCOLABO, un programme de certification mis au point par un duo scientifique de choc. Suivez les guides!

On dit souvent qu’il n’y a pas de hasard dans les rencontres. L’histoire d’Olivier Leogane et de Jacqueline Kowarzyk en témoigne. Alors que les deux scientifiques ne se connaissaient ni d’Ève ni d’Adam, ils ont engendré MON ÉCOLABO, un programme aujourd’hui adopté par une trentaine de laboratoires au Québec qui se préoccupent des impacts climatiques et environnementaux de leurs activités.

Tout a commencé en 2012. Chimiste de formation, Olivier est engagé comme conseiller à la SST, la division Santé et sécurité au travail de l’Université de Montréal. Sa première mission lui fait l’effet d’une claque : « On m’a confié le déclassement des laboratoires d’un chercheur partant à la retraite. J’y ai trouvé tout un tas de produits chimiques et de matières dangereuses qui allaient être détruites si personne ne les utilisait. J’ai réalisé d’un coup l’ampleur du gaspillage au sein des laboratoires et ç’a lancé le hamster dans ma tête », raconte-t-il.

Olivier Leogane
Olivier Leogane
Mon écolabo Jacqueline Kowarzyk
Jacqueline Kowarzyk est toujours impliquée bénévolement. © Perrine Larsimont

Pendant ce temps, Jacqueline travaille comme agente de recherche au Département de biochimie et médecine moléculaire. Alors qu’elle met au point un protocole de nettoyage de boîtes de Pétri pour éviter leur gaspillage, elle partage ses préoccupations antidéchets avec le coordinateur en développement durable de l’UdeM… qui la met aussitôt en contact avec Olivier. « Entre nous, ç’a cliqué. On était dans le même esprit », se souvient Jacqueline.

L’empreinte des labos…

Les laboratoires universitaires peuvent consommer trois à cinq fois plus d’énergie que les bureaux ou les salles de classe, selon des recherches menées par l’Université de Californie à Davis. Les labos produisent également des quantités importantes de matières résiduelles – papier, carton, plastique, métal – en plus de déchets chimiques dont le traitement est coûteux en énergie… et en GES.

« On ne réinvente pas la roue »

De leur rencontre presque fortuite naît rapidement MON ÉCOLABO, une compilation de gestes concrets visant à diminuer la consommation énergétique des laboratoires ainsi qu’à réduire les déchets chimiques et solides, et à les recycler de façon appropriée. « On ne réinvente pas la roue. On change les habitudes par des actions simples », résume humblement Olivier.

Le manuel préconise, par exemple, d’employer des contenants en verre plutôt qu’en plastique jetable, de ne pas abaisser plus que nécessaire la température des congélateurs, de maintenir les fenêtres fermées lorsque le système de ventilation est en marche (voir encadré ci-dessous) ou encore d’optimiser les expériences de laboratoire afin d’utiliser moins de réactifs. Car moins de commandes pour les renouveler, c’est aussi moins de transport et moins d’emballages de livraison.

En plus de réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) des activités de recherche, ces pratiques s’avèrent rentables. À l’échelle des labos participants, elles génèrent des économies de plus de 15 500 $ par année, selon les estimations du duo! Des efforts qui leur ont valu de recevoir le prix du recteur de l’UdeM en 2015.

Chaud les ventilos!

D’après une étude menée en 2011 par des chercheurs de l’Université de Bradford au Royaume-Uni, la majeure partie de la consommation énergétique des laboratoires est attribuable à leur système de ventilation (voir tableau ci-dessous). Un laboratoire nécessite en effet une ventilation beaucoup plus performante que celle d’un bureau afin d’éviter tout échappement de vapeur toxique dans les couloirs et locaux adjacents.

Une certification en 1, 2, 3… 4 niveaux!

En plus d’un guide, Jacqueline et Olivier ont mis en place une certification ouverte aux laboratoires des écoles et cégeps. « Si on veut changer les pratiques, il faut sensibiliser les jeunes dès le début », explique Jacqueline. Depuis le lancement de la démarche, une trentaine de labos universitaires, collégiaux et scolaires ont obtenu l’un des quatre niveaux de certification de MON ÉCOLABO : « On a mis en place une méthode évolutive qui ne pénalise pas un labo d’enseignement en milieu collégial par rapport à un labo de recherche fréquenté par des techniciens employés. Comme les expertises, les budgets et les pratiques sont très différentes, ce système permet à tous d’obtenir de la visibilité pour leurs actions », ajoute Olivier.

Plus qu’une grille d’évaluation, MON ÉCOLABO est conçu pour s’intégrer à une communauté de pratiques. Chaque laboratoire participant désigne un ou plusieurs « écoleaders », des personnes-ressources chargées d’effectuer le suivi du programme dans leur établissement et de collaborer à la diffusion du mouvement.

C’est le cas de Josée Beauchemin, technicienne en travaux pratiques en biologie et microbiologie au Cégep de Granby. Elle a inscrit son labo au programme après avoir assisté à une présentation donnée par Jacqueline et Olivier dans un colloque. « En parlant avec eux, je me suis rendu compte qu’on en faisait déjà beaucoup et que la démarche était assez simple », indique-t-elle.

Mon écolabo Josee Beauchemin
Josée Beauchemin (photo courtoisie)

Une communauté impliquée

Il faut dire qu’à Granby, on réutilise et on s’échange régulièrement le matériel. « On est un petit cégep, donc c’est une pratique courante entre les départements », signale Josée, qui ajoute que son établissement porte un soin particulier au recyclage et à l’élimination adéquate des produits chimiques lorsque le réemploi n’est plus possible. Son labo a reçu l’accréditation de niveau 1, et elle a bon espoir de lui faire atteindre le deuxième palier. Son équipe a maintenu ses bonnes habitudes et les a même étendues aux pratiques de bureau : « Les recommandations de MON ÉCOLABO, elles entrent même dans nos boîtes à lunch! » s’exclame-t-elle en pouffant de rire.

Six ans après le lancement du programme, Olivier s’apprête à passer le flambeau comme coordinateur, tandis que Jacqueline poursuit son implication de façon bénévole. Les deux peuvent compter sur la communauté des écoleaders pour perpétuer les bonnes pratiques et faire grandir le mouvement. « Les ressources actuelles ne permettent pas de nous rendre dans chaque nouveau laboratoire pour y réaliser un audit, mais le programme existe et se poursuit », lance la laborantine, comme un appel aux indécis. À bon entendeur…