Tactiques anti-tiques

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© INSPQ
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Les tiques, il y en a toujours eu au Québec, mais l’une d’entre elles fait régulièrement la manchette : la fameuse Ixodes scapularis, aussi appelée « tique à pattes noires » ou « tique du chevreuil ». Parce qu’elle se multiplie à vitesse grand V et, surtout, parce qu’elle peut transmettre la maladie de Lyme.

Pour les entomologistes qui étudient ces acariens piqueurs, il y a un avant et un après 2007. Jusque-là, le Québec avait ses propres tiques endémiques qui naissaient, se métamorphosaient et mouraient ici. On retrouvait communément cinq espèces dans les forêts, les zones boisées et les herbes hautes. Les plus courantes : l’Ixodes cookei, ou tique de la marmotte, qui peut être vectrice du virus de l’encéphalite de Powassan, et l’Haemaphysalis leporispalustris, ou tique du lapin. Bon à savoir : ces deux bibittes-là ne piquent que très rarement les humains.

Il en va autrement d’Ixodes scapularis, plus communément appelée tique du chevreuil, qu’on croisait il y a une quinzaine d’années au petit bonheur la malchance. Repérées dans le Connecticut au début des années 2000, ces tiques voyageaient à dos d’oiseaux avant d’éventuellement atterrir dans nos contrées. « Ce qui a changé à partir de 2007, c’est qu’on a découvert que l’Ixodes scapularis s’était établie dans notre environnement. Les larves éclosent désormais ici », explique Karine Thivierge, la responsable du secteur parasitologie au sein du Laboratoire de santé publique du Québec (LSPQ).

Depuis, la tique du chevreuil s’est propagée. « Il y en a de plus en plus, et à plus d’endroits », constate la parasitologue en chef, ajoutant que « les changements climatiques sont vraisemblablement la cause » de cette invasion. Les températures se réchauffant, ces acariens se sentent chez nous comme chez eux.

50 km par an

Le biologiste et épidémiologiste Patrick Leighton, qui collabore au Plan d’analyse de la surveillance intégrée de la maladie de Lyme du ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS), estime leur progression à 50 km par année, vers le nord de la province.

« Tout dépend de l’environnement et de l’animal qui les transporte », ajoute Karine Thivierge. On retrouve ainsi l’Ixodes scapularis en Estrie, dans une grande partie de la Montérégie, le sud-ouest de la région de la Mauricie et du Centre-du-Québec et le sud-ouest de l’Outaouais.

Au Québec, de 15 à 20 % des tiques à pattes noires sont infectées par la bactérie Borrelia burgodorferi, qui provoque la maladie de Lyme. « Les larves ne sont jamais contaminées. Il faut qu’elles s’infectent, généralement sur une souris à patte blanche, le principal réservoir de la bactérie », poursuit la spécialiste. C’est donc aux stades suivants de leur développement – nymphes puis adultes – que les tiques peuvent devenir dangereuses. « Et plus il y en a dans la nature, plus elles ont de chances de nous piquer », ajoute la parasitologue, qui précise que leur période d’activité débute au mois d’avril et se termine vers la fin du mois de novembre.

Les différents stades de développement de l'Ixodes scapularis. © INSPQ

Prévalence en hausse

Depuis 2003, la maladie de Lyme est une maladie à déclaration obligatoire au Québec, ce qui permet de suivre son évolution. Entre 2004 et 2010, les rares cas déclarés ont été infectés à l’extérieur de la province, souvent dans le nord-est des États-Unis. Depuis, les cas de contamination qui surviennent ici, principalement dans les régions de l’Estrie et de la Montérégie, augmentent d’année en année : de cinq en 2011, on est passé à 249 personnes contaminées en 2017, selon les chiffres du MSSS.

Comment reconnaître les tiques?

Ce n’est pas franchement évident. La taille d’une tique au stade de larve ou de nymphe dépasse rarement plus d’un millimètre tandis que celle des adultes varie entre trois et cinq millimètres, selon l’espèce. De couleur noire, avec ses quatre paires de pattes, elle ressemble un peu à une petite araignée. Son corps est composé d’une petite tête et d’un abdomen plus gros, qui gonfle lorsque l’insecte s’est nourri du sang de son hôte. Pour plus de détails, vous pouvez consulter le Guide d’identification des tiques de l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ).

Gros plan sur les différentes parties de l'Ixodes scapularis femelle à l'âge adulte. © INSPQ

Comment se prémunir?

En forêt ou à la campagne, Karine Thivierge conseille de :

  • porter des vêtements longs, si possible de couleur pâle, pour mieux repérer les tiques;
  • glisser votre pantalon dans vos bas, et votre chandail dans le pantalon;
  • mettre une casquette ou un chapeau : « la tique ne vole pas, mais elle peut se trouver dans les herbes hautes », signale la parasitologue;
  • marcher de préférence dans les sentiers;
  • se munir d’un chasse-moustiques.

De retour à la maison, inspectez-vous sous toutes les coutures. En cas de doute, prenez une douche et mettez vos vêtements à la sécheuse; les tiques ne résisteront pas à la chaleur!

Que faire en cas de piqûre?

Si une tique vous pique, elle restera accrochée à votre peau. Cependant, pas de stress. Il faut qu’elle soit gorgée de sang pour être potentiellement dangereuse. « Si on l’enlève dans les 24 à 36 h, il n’y a pas de risque de contamination », prévient Karine Thivierge. À l’aide d’une pince à épiler, saisissez la tête de la tique le plus près possible de la peau et tirez lentement en prenant bien soin de ne pas l’écraser. « Si ses pièces buccales se brisent et demeurent dans la peau, retirez-les avec la pince à épiler ou, si vous n’êtes pas en mesure de le faire, laissez-les en place et laissez votre peau guérir », indique la parasitologue. Placez ensuite la tique dans un contenant hermétique et remettez-la à un médecin ou à un pharmacien qui la transmettra ensuite au LSPQ pour analyse.

Si vous êtes en Estrie et que vous avez été piqué dans une zone identifiée à risque, vous pouvez consulter un pharmacien. Au besoin, il vous prescrira directement un traitement prophylactique de manière préventive. Autre option : consulter un médecin.

Contribuer à la surveillance active des tiques

Vous êtes invité à participer au projet etick.ca de l’Université Bishop’s, qui a développé une plateforme d’identification et de suivi des populations de tiques en partenariat avec le LSPQ et l’Agence de la santé publique du Canada. Il suffit de prendre des photos de votre spécimen, de donner quelques informations pratiques (date, lieu, contexte, etc.) et d’envoyer le tout par Internet. En retour, vous recevrez rapidement un rapport d’identification de la tique en question, l’université se servant des données pour surveiller la progression des acariens. Une carte interactive permet d’ailleurs de repérer les endroits où des tiques ont été retrouvées récemment.