Le camionnage au régime

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Si le camion électrique en fait rêver plusieurs, la route sera encore longue avant de voir l’arrivée massive de camions carburant exclusivement à la borne de recharge. « Avant l’arrivée de camions électriques, l’industrie continuera à consommer du carburant en proportion de la demande de l'économie, mais en s’efforçant de minimiser sa consommation par des techniques de conduite écologiques et l’utilisation de nouvelles technologies qui améliorent l’efficacité et réduisent les émissions », peut-on lire dans un mémoire déposé par Marc Cadieux, président-directeur général de l’Association du camionnage du Québec au ministère des Transports

 « On a fait arrondir les coins pour enlever un peu d’acier. Au lieu de peser 20 000 livres, nos camions en pèsent 18 000 »

Mario Morin
Que ce soit pour des raisons économiques ou pour réduire leur empreinte carbone, les entrepreneurs en camionnage cherchent depuis plusieurs années à réduire leur consommation en carburant. Mais comme les marges de profits sont très minces, des programmes de financement sont « essentiels pour accompagner les entreprises dans leur effort d’acquisition de technologies vertes, toujours plus coûteuses », ajoute Marc Cadieux. Pour Mario Morin, actionnaire dirigeant de Bécar, une entreprise de transport basée à La Tuque, « la flambée du coût du pétrole, des pièces et des pneus nécessite une attention particulière pour réduire les coûts ». Son partenaire Stéphane Boilard et lui ont décidé de tout mettre en œuvre pour réduire le poids des camions et des remorques et, ainsi, le coût du carburant et les émissions de GES. « On a fait arrondir les coins pour enlever un peu d’acier. Au lieu de peser 20 000 livres, nos camions en pèsent 18 000 », lance fièrement Mario Morin.  " ["post_title"]=> string(24) "Le camionnage au régime" ["post_excerpt"]=> string(339) "Le transport des marchandises génère près de 13 % des émissions de gaz à effet de serre (GES) au Québec. En attendant la venue du camion électrique, les entrepreneurs ne chôment pas pour réduire leur empreinte carbone, voire à miser sur leur faible consommation pour se démarquer. Bienvenue dans le monde de l’écocamionnage." ["post_status"]=> string(7) "publish" ["comment_status"]=> string(6) "closed" ["ping_status"]=> string(6) "closed" ["post_password"]=> string(0) "" ["post_name"]=> string(27) "le-camionnage-mis-au-regime" ["to_ping"]=> string(0) "" ["pinged"]=> string(0) "" ["post_modified"]=> string(19) "2020-03-09 16:11:02" ["post_modified_gmt"]=> string(19) "2020-03-09 20:11:02" ["post_content_filtered"]=> string(0) "" ["post_parent"]=> int(0) ["guid"]=> string(65) "https://unpointcinq.ca/non-classifiee/le-camionnage-mis-au-regime/" ["menu_order"]=> int(10) ["post_type"]=> string(4) "post" ["post_mime_type"]=> string(0) "" ["comment_count"]=> string(1) "0" ["filter"]=> string(3) "raw" ["header"]=> string(4) "blog" ["displayCategories"]=> bool(true) }
©Bécar
Created with Lunacy 5 min

Le transport des marchandises génère près de 13 % des émissions de gaz à effet de serre (GES) au Québec. En attendant la venue du camion électrique, les entrepreneurs ne chôment pas pour réduire leur empreinte carbone, voire à miser sur leur faible consommation pour se démarquer. Bienvenue dans le monde de l’écocamionnage.

Si le camion électrique en fait rêver plusieurs, la route sera encore longue avant de voir l’arrivée massive de camions carburant exclusivement à la borne de recharge. « Avant l’arrivée de camions électriques, l’industrie continuera à consommer du carburant en proportion de la demande de l'économie, mais en s’efforçant de minimiser sa consommation par des techniques de conduite écologiques et l’utilisation de nouvelles technologies qui améliorent l’efficacité et réduisent les émissions », peut-on lire dans un mémoire déposé par Marc Cadieux, président-directeur général de l’Association du camionnage du Québec au ministère des Transports

 « On a fait arrondir les coins pour enlever un peu d’acier. Au lieu de peser 20 000 livres, nos camions en pèsent 18 000 »

Mario Morin
Que ce soit pour des raisons économiques ou pour réduire leur empreinte carbone, les entrepreneurs en camionnage cherchent depuis plusieurs années à réduire leur consommation en carburant. Mais comme les marges de profits sont très minces, des programmes de financement sont « essentiels pour accompagner les entreprises dans leur effort d’acquisition de technologies vertes, toujours plus coûteuses », ajoute Marc Cadieux. Pour Mario Morin, actionnaire dirigeant de Bécar, une entreprise de transport basée à La Tuque, « la flambée du coût du pétrole, des pièces et des pneus nécessite une attention particulière pour réduire les coûts ». Son partenaire Stéphane Boilard et lui ont décidé de tout mettre en œuvre pour réduire le poids des camions et des remorques et, ainsi, le coût du carburant et les émissions de GES. « On a fait arrondir les coins pour enlever un peu d’acier. Au lieu de peser 20 000 livres, nos camions en pèsent 18 000 », lance fièrement Mario Morin.  
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Pour les entrepreneurs de l'industrie, réduire leur empreinte carbone rime avec rentabilité. (© Guillaume Roy / Unpointcinq)

Vitesse verrouillée

Pour le transport sur route, ils ont aussi opté pour des moteurs plus petits avec une transmission automatique. « Il y avait beaucoup de réticence des chauffeurs au début, mais on réalise de bonnes économies de carburant et de pneus », souligne Stéphane Boilard. Les camions sont aussi verrouillés de sorte qu’ils ne peuvent rouler à plus de 92 km/h, une pratique de plus en plus répandue dans l’industrie. « Ça nous permet d’économiser sur le carburant et les pneus. C’est juste une manière différente de travailler. »

Bécar a aussi installé une balance dans ses camions et un système de positionnement GPS avec des équipements SPOT qui permettent de géolocaliser les camions même lorsqu’ils sont hors du réseau cellulaire, lors des transports forestiers. « Ça nous permet de savoir où sont nos camions en temps réel et d’optimiser l’utilisation de nos ressources humaines », note Mario Morin.

Quels gains en carburant peut-on faire en améliorant la chaine logistique? En sachant où sont les camions en tout temps, les entreprises peuvent éviter que l’un d’eux ne fasse un voyage à vide tout en réduisant les temps d’attente où le camion roule sans avancer.

Le camionnage au Québec

  • 13,4 G$ : retombées annuelles du camionnage au Québec
  • 4 % : proportion du camionnage dans le PIB du Québec
  • 500 000 millions de tonnes de marchandises transportées annuellement sur nos routes

Optimiser les déplacements

Autre entreprise, même constat. Pour optimiser les voyages, Dimension Transport, une entreprise basée à Saint-Bruno, a aussi installé un système de repérage par GPS sur tous ses camions dès 2010 pour faciliter la gestion de la flotte en temps réel. « C’est un investissement qui nous a permis de faire de grosses économies, car ça nous évite énormément de pertes de temps, des voyages à vide ou des détours inutiles », soutient Alexandre Brassard, le propriétaire de Dimension Transport, qui a aussi voulu en faire bénéficier ses sous-traitants.

C’est pourquoi il a mis sur pied un système de répartition des tâches qui permet d’offrir des transports à des sous-traitants sur un réseau privé et, ainsi, d’optimiser les déplacements de chaque camion. Ce système permet de combler de 75 à 100 voyages par semaine, réduisant d’autant les voyages à vide. La construction d’un nouveau garage à Québec a aussi permis de réduire le nombre de transports inutiles vers le Lac-Saint-Jean, diminuant ainsi l’empreinte carbone.

La diversification des activités est une autre technique qui permet d’optimiser les opérations et de réduire les coûts d’opération et la production de GES. C’est le constat tiré de l’expérience du Groupe Avantage Logistic, une entreprise de déménagement qui a décidé d’investir dans le domaine du transport réfrigéré.

Depuis ce temps, tous les camions reviennent pleins de Montréal pour approvisionner les clients du Saguenay‒Lac-Saint-Jean, ce qui a eu pour effet d’augmenter la rentabilité des opérations. La marchandise est ensuite triée, puis redistribuée localement par la dizaine de petits camions réfrigérés, explique Luc Simard, propriétaire d’une flotte de 140 camions qui génère un chiffre d’affaires de 15 millions de dollars annuellement.

D’autres entreprises comme Fastfrate, basée dans l’Ouest canadien, misent pour leur part sur le transport intermodal en maximisant l’utilisation du train, privilégié dans près de 60 % des transports. Pourquoi le train? Parce que ce mode de transport consomme quatre fois moins de carburant!

De grosses entreprises de transport comme Polaris, basée en Ontario, misent d’ailleurs sur une image de marque à faible empreinte carbone en dressant la liste de leurs initiatives pour réduire leur empreinte sur la page d’accueil de leur site Web. Au menu : politique interdisant la marche au ralenti, design de remorques plus aérodynamiques, achats de camions récents plus écoénergétiques, planification optimisée des itinéraires et formation des chauffeurs sur les techniques d’économie de carburant.

Technologies du futur… aujourd’hui

Un nombre grandissant d’entrepreneurs comme Stéphane Théolis, président de TTI Environnement, voient d’un bon œil l’arrivée de véhicules fonctionnant au gaz naturel comprimé. « Avec une réduction de 25 % des émissions de gaz à effet de serre (GES), nous ne pouvions pas passer à côté d’une telle option », souligne avec fierté l’homme qui a fait l’acquisition de son tout premier camion de collecte de matières résiduelles fonctionnant au gaz naturel comprimé.

Pour réduire encore davantage l’empreinte carbone du transport, Gaz Métro travaille à la commercialisation d’un gaz naturel renouvelable, le biométhane, qui peut être récupéré lors de la décomposition des déchets organiques. Déjà, un projet pilote réalisé à Saint-Hyacinthe permet de propulser les véhicules de la Ville, ce qui permet de réduire de 25 000 tonnes annuellement le bilan carbone de la municipalité.

Plusieurs gros fabricants et de nouveaux joueurs planchent sur des solutions innovantes. Walmart a entre autres lancé un prototype de camion hybride en fibre de carbone. Nikola Motors compte pour sa part lancer un moteur à hydrogène d’ici 2021.

Au cours des prochaines années, l’avènement des technologies connectées et du transport 4.0 pourrait permettre de réduire encore davantage les émissions dans le secteur du transport. Des tests de conduite autonome ont d’ailleurs permis de réaliser des économies de 15 % lorsque les camions roulent en peloton.

Les entreprises québécoises ne sont toutefois pas en reste. L’entreprise Nordresa, basée à Laval, compte produire une vingtaine de camions de livraison électriques, qui auront une autonomie de 200 km, dès 2017. Le mois dernier, l’homme d’affaires Alexandre Taillefer a encore une fois démontré son intérêt pour l’électrification des transports en annonçant le lancement de la nouvelle filiale Téo Cargo, une flotte de camions électriques qui reliera Montréal et Toronto d’ici le 23 décembre 2018. Il compte aussi démarrer une filiale de livraison baptisée Téo Express.

De telles initiatives sont bien accueillies par Québec qui souhaite réduire ses émissions de GES de 37,5 % d’ici 2030. Lancé en 2014 par le ministère des Transports, le programme Écocamionnage, qui vise à améliorer l’efficacité énergétique des véhicules lourds, a d’ailleurs permis des investissements de plus de 80 millions de dollars, ce qui a pour effet de réduire les émissions de gaz à effet de serre de plus de 200 000 tonnes. Et ce n’est qu’un début!

Le transport des marchandises génère près de 13 % des émissions de gaz à effet de serre (GES) au Québec. (© Guillaume Roy / Unpointcinq)