Mon condo : 1 — GES : 0

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© Nordic Structures
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11 juillet 2018 - Simon Diotte, Coureur des bois dans l'âme

Vivre dans un duplex, un château ou un bungalow, quel manque d’originalité! Pourquoi ne pas habiter plutôt un puits de carbone, un bâtiment dont la structure en bois séquestre le gaz carbonique de l’atmosphère?

L’appartement de Gaétan Beaudoin est une source de fierté pour lui. Ce n’est pas que la décoration soit digne d’un magazine de design scandinave, mais le pied-à-terre montréalais qu’il loue depuis quelques mois se situe dans le projet Arbora, l’un des plus imposants ensembles résidentiels en bois massif au monde.

« Pour moi, la mise en valeur du bois de la forêt québécoise devrait être une source de fierté pour l’ensemble des Québécois. Ça fait travailler du monde de chez nous, et c’est une ressource locale et abondante », dit ce chirurgien de 57 ans natif de la métropole et rattaché à l’hôpital de Chibougamau.

S’élevant actuellement dans Griffintown, un quartier en vogue au sud du centre-ville de Montréal, Arbora comptera à terme un peu plus de 400 logements et vise une certification LEED Platine, la plus haute reconnaissance en bâtiment durable au pays. Ses trois immeubles de huit étages, dont le dernier est en chantier, comportent une structure composée essentiellement de bois lamellé-croisé – des poutres, des colonnes et des pans de murs en bois massif, si vous préférez. Ce produit innovateur, fabriqué depuis 2011 par Nordic Structures – un manufacturier québécois spécialisé dans le bois d’ingénierie –, est fait à partir d’épinettes noires récoltées dans les forêts d’ici, gérées de manière durable.

Un des condos à aire ouverte du projet Arbora (© Alexandre Parent).

Le petit poids du bois

Dans le secteur de la construction, le bois est le matériau champion de l’action face aux changements climatiques. Pendant sa croissance, un arbre emprisonne le gaz carbonique dans sa fibre, comme l’explique le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs. Sa transformation en bois d’œuvre permet de stocker ce gaz à effet de serre (GES) pendant toute la durée de vie du bâtiment, qui devient ainsi, dans le jargon scientifique, un « puits de carbone ».

Autre bienfait : la transformation de cette ressource nécessite moins d’énergie que celle de l’acier et du béton, ses deux concurrents pour l’érection de bâtiments en hauteur, ce qui diminue d’autant son empreinte carbone. Selon la Charte du bois, une politique du gouvernement québécois qui encourage l’emploi du bois dans le secteur du bâtiment, utiliser un petit mètre cube de bois à la place d’autres matériaux évite en moyenne l’émission d’une tonne de GES!

Habiter dans un puits

Selon Cecobois, un centre d’expertise sur la construction commerciale en bois, une construction à structure de bois de 2400 pieds carrés contient l’équivalent de 29 tonnes métriques de carbone. Cela représente les émissions de GES que génère une voiture sur cinq ans (environ 12 500 litres d’essence).

Les avantages du bois sont aussi esthétiques. Par exemple, pour le projet Arbora, les poutres et les colonnes en bois demeurent apparentes dans les appartements, leur conférant une touche chaleureuse. « L’effet visuel est imbattable », soutient Gaétan Beaudoin. Côté confort, la faible conductivité thermique du bois stabilise la température intérieure, ce qui entraîne des économies d’énergie.

Même le constructeur y trouve son compte, car l’érection d’un bâtiment en bois massif se fait plus rapidement que celle d’un bâtiment à ossature d’acier ou de béton, ce qui apporte des gains de productivité. « Puisqu’il s’agit d’une technique relativement récente, nous avons dû apprendre, mais d’une phase à l’autre, nous avons gagné en rapidité », affirme Annie Lemieux, présidente de LSR GesDev, promoteur principal de ce projet de 140 millions de dollars. « À terme, l’ossature de bois pour les bâtiments multiétagés pourrait devenir une option de plus en plus avantageuse sur le plan économique. »

Toujours plus haut

Les habitations en bois ne datent pas d’hier. Si la grande majorité des résidences unifamiliales du Québec possèdent une ossature en madriers (ou « 2×4 »), ce n’est que depuis quelques années qu’il est possible d’ériger des constructions en hauteur en bois. En 2013, par exemple, la Régie du bâtiment du Québec a adopté de nouvelles lignes directrices qui permettaient la construction en bois à ossature légère pour des immeubles d’habitation de cinq ou six étages. Depuis 2015, la réglementation québécoise autorise une hauteur maximale de 12 étages pour les bâtiments de construction massive en bois, y compris les immeubles commerciaux.

Ces avancées ont d’ailleurs permis la construction de l’ensemble Origine, dans l’écoquartier de la Pointe-aux-Lièvres, à Québec, qui serait la plus haute tour d’habitation 100 % bois au monde. Terminés en novembre 2017, les 93 logements de ce bâtiment de 13 étages (12 étages en bois massif sur un podium en béton) redéfinissent la manière de construire en hauteur.

Quelque 3000 mètres cubes de bois ont été assemblés pour construire l'immeuble Origine. Il abrite 93 logements et serait la plus haute tour d’habitation 100 % bois au monde.
Avec ses 13 étages, elle a une hauteur de 41 mètres.

« Puisque le bois est 5 fois plus léger que l’acier et 15 fois plus léger que le béton, son utilisation permet de construire, à moindre coût, des immeubles en hauteur sur les sols à faible capacité portante – qui présentent des risques de tassement –, comme c’était le cas dans ce projet pionnier », explique Yvan Blouin, l’architecte concepteur du projet.

Si l’acquisition d’une maison ou d’un condo en bois massif est un puissant moyen d’action face aux changements climatiques, certains acheteurs se font tirer l’oreille, remarque Annie Lemieux, d’Arbora. « Les gens pensent que ce type de structure résiste moins bien aux incendies que l’acier et le béton, ce qui est totalement faux (voir l’encadré ci-dessous). Nous devons faire beaucoup d’éducation. » Les premiers acheteurs, confirment Yvan Blouin et Annie Lemieux, sont des audacieux. « Ils ne regardent pas que le prix. Ils veulent faire la différence sur le plan de l’environnement et des changements climatiques », conclut Yvan Blouin.

Assurément des acheteurs bien branchés!

Le bois cartonne

Dans sa publication L’avantage environnemental des systèmes de construction en bois dans le contexte des changements climatiques, Cecobois compare l’empreinte carbone de trois types d’ossature (bois, acier et béton) pour des murs offrant un degré de résistance au feu d’au moins 45 minutes. Résultat : par rapport au bois, les émissions de GES sont 1,2 fois plus importantes pour le mur à ossature d’acier et 3,3 fois plus grandes pour le mur de béton.