Le Bas-Saint-Laurent veut prendre en main son transport collectif

Couloir de bus
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©Shutterstock
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La toute nouvelle Régie de transport du Bas-Saint-Laurent (RTBSL) voit grand. Son objectif ? Connecter 96 municipalités avec un réseau abordable et accessible d’ici 2025. Mais pour y arriver, ses instigateurs et instigatrices doivent d’abord régler l’épineuse question du financement.

Après 10 ans de travail conjoint entre différents organismes régionaux, la RTBSL a vu le jour en janvier dernier. Un travail de longue haleine motivé par le « besoin criant » d’un territoire de 22 000 km2.

« Il faut savoir que dans le Bas-Saint-Laurent, il y a eu d’importantes coupures de services interurbains [opérés par Orléans Express], explique Mélodie Mondor, directrice générale du Collectif régional de développement. On est passés de 40 à 15 villes desservies, ce qui posait vraiment un problème de mobilité régionale. »

« La région a voulu se doter de sa propre régie de transport pour répondre à ce besoin. L’idée était de retisser le réseau en bonifiant les services de transport des MRC et en les interconnectant entre elles. »

La proposition est la suivante : créer 13 circuits qui relient sept MRC de la région, sept jours sur sept avec un horaire fixe et un prix abordable. Par exemple, un trajet entre Rimouski et Matane coûterait 6 $ aux passagers, en comparaison aux 33 $ que demande Orléans Express présentement. Tout ça avec des minibus électriques.

« C’était important que le projet respecte notre vision environnementale et notre engagement face aux changements climatiques », soutient Mme Mondor.

Pour élaborer le réseau, l’équipe de concertation s’est inspirée de la Régie intermunicipale de transport Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine (REGIM). Celle-ci opère depuis près de dix ans un service de transport avec des défis semblables au Bas-Saint-Laurent, soit de grandes distances et une faible densité de population.

« Nous avons calqué notre modèle sur la REGIM, c’est un système qui a fait ses preuves, poursuit-elle. Le territoire de la Gaspésie, comme le nôtre, n’est pas simple à couvrir, mais ils ont démontré que c’était possible de le faire d’une manière viable et efficace. »

Faire confiance aux régions

Depuis plusieurs années, des organismes régionaux réclament une meilleure vision du transport collectif en région. Pour Sarah V. Doyon, directrice générale de Trajectoire Québec, une association qui milite pour le développement des transports collectifs dans la province, il n’existe pas de solution one-size-fits-all (solution passe-partout).

« Ce qui fonctionne dans les centres urbains ne fonctionne pas nécessairement dans les régions, explique-t-elle. Celles-ci connaissent mieux les particularités de leur territoire, les besoins de la population. En faisant confiance aux régions, on s’assure aussi d’avoir une meilleure acceptabilité sociale et des projets pérennes. »

Sarah V. Doyon et Mélodie Mondor s’entendent sur une chose : pour que les gens utilisent le transport collectif en région, les options doivent être intéressantes et diversifiées.

« Je suis convaincue que s’ils ont des options qui répondent à leur besoin, ils seront au rendez-vous, ajoute Sarah V. Doyon. Évidemment, on ne peut pas s’attendre aux chiffres d’achalandage des grands centres. Mais ça fait une réelle différence dans la vie des gens qui les utilisent. »

« C’est un peu l’œuf ou la poule, illustre quant à elle Mélodie Mondor. L’offre doit précéder la demande. Si on n’a pas assez de fonds pour développer les infrastructures, la fréquentation ne va pas juste augmenter par magie. »

La grande question du financement

Pour financer la mise en service de son plan, la RTBSL propose une majoration de la taxe sur les carburants d’environ 2 cents sur le litre d’essence vendu. Ce mécanisme est déjà utilisé en Gaspésie (0,01 $) et à Montréal (0,03 $), pour respectivement la REGIM et l’Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM).

« C’est le meilleur levier financier pour aller chercher les 5 millions annuels nécessaires au projet, argue Mélodie Mondor. On est convaincus que les gens de la région sont prêts à contribuer, mais ça bloque du côté du gouvernement pour une raison qu’on s’explique mal. »

La taxe serait appliquée sur les pompes essence du territoire desservi par la RTBSL, soit de Rivière-du-Loup à Matane. Le Kamouraska a décidé de ne pas rejoindre la Régie.

« Une demande a été adressée au ministre des Finances en décembre. On sent qu’il y a beaucoup de résistance, on nous renvoie plutôt vers une taxe sur l’immatriculation, qui n’est pas adaptée du tout. Notre bassin de population n’est pas assez grand pour accumuler suffisamment de revenus avec l’immatriculation. »

Cette impression a été exacerbée dans les dernières semaines avec le propos de la ministre des Transports et de la Mobilité durable, Geneviève Guilbault, qui a mentionné que « l’État n’a pas à gérer le transport collectif ». Pour Mélodie Mondor, c’est une « déresponsabilisation totale ».

« C’est une très mauvaise compréhension des enjeux régionaux, ajoute-t-elle. Il faut percevoir le transport collectif comme un service public, au même titre que les services de santé, les services d’éducation et les services d’aide à l’emploi. C’est vraiment un élément crucial pour la vitalité de nos régions. »

En attendant des clarifications sur son financement, la RTBSL promet de continuer à mettre de la pression politique et de garder le cap sur son objectif ultime : offrir un réseau de transport collectif adapté aux besoins des Bas-Laurentiens et Bas-Laurentiennes.

Ce texte fait partie du cahier spécial Municipalités du Devoir.

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