Verdir les déserts alimentaires en Haute-Gaspésie

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©Marie-José Lemieux
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La Haute-Gaspésie est devenue un véritable laboratoire de l’autonomie alimentaire grâce à l’organisme Nourrir notre monde. Trois ans après sa création, ses artisans vont pouvoir voir de plus en plus grand.

L’autonomie alimentaire est un sujet à la mode depuis le début de la pandémie, mais dans le coin de Sainte-Anne-des-Monts, cela fait longtemps qu’on s’en préoccupe. Car le virus qui se répand le plus dans cette région côtière, c’est celui de la fermeture des épiceries de proximité, qui a transformé de grandes parties de la MRC de la Haute-Gaspésie en déserts alimentaires — c’est-à-dire des lieux situés à plus de 16 kilomètres d’un commerce d’alimentation, une situation qui concerne 23 % des Gaspésiens. Parallèlement, l’exode vers les villes et le vieillissement de la population provoquent la disparition des entreprises agricoles, qui sont désormais moins d’une vingtaine en Haute-Gaspésie.

Depuis trois ans, l’organisme Nourrir notre monde s’est donné pour mission d’inverser cette tendance et d’améliorer l’autonomie alimentaire dans cette région. Tous les moyens sont bons, comme créer des marchés publics pour rapprocher les producteurs des consommateurs ou se réapproprier les savoirs ancestraux en montrant à la population comment cultiver, cuisiner et conserver les aliments, que ce soit dans les écoles ou les cuisines collectives.

Riche d’une aide financière de 619 000 $ provenant du programme Climat municipalités du gouvernement du Québec, Nourrir notre monde passe maintenant à l’étape supérieure avec le lancement de son « Lab » : il s’agit d’un projet pilote qui vise à mettre en place des infrastructures bioalimentaires nourricières dans les villages de la MRC, afin que la population prenne davantage sa destinée en main.

Dans les trois prochaines années, celle-ci devrait donc voir apparaître des poulaillers communautaires, des fumoirs à poisson, des fours à pain ou encore des caveaux pour conserver les légumes, par exemple, des infrastructures qui seront toutes publiques et accessibles à tous. Des comités citoyens seront formés pour mener à bien la mise en place de ces infrastructures, qu’ils auront préalablement choisies et dessinées, et pour assurer leur pérennité.

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Dans les trois prochaines années, des fours à pain devraient apparaître dans la MRC de la Haute-Gaspésie. ©Marie-José Lemieux

Déterrer des savoirs

Si certains savoir-faire agricoles ancestraux ont été perdus à mesure qu’une industrie alimentaire mondialisée se mettait en place, recréer l’organisation collective qui existait autrefois dans les localités rurales est un autre défi que le Lab entend relever. « C’est vraiment facile, de creuser un caveau, mais ensuite, plusieurs questions se posent auxquelles il faut répondre : comment sépare-t-on l’espace à l’intérieur, qui y a accès, comment l’entretient-on, comment le rendre viable ? » énumère Marie-Ève Paquette, co-coordonnatrice de Nourrir notre monde.

Des cartes postales présentant le Lab Nourrir notre monde ont été distribuées dans les commerces de la Haute-Gaspésie et les citoyens peuvent les retourner à l’organisme pour lui faire part de leurs idées. Des réunions seront ensuite organisées pour définir un peu mieux les souhaits de la population. « Ce n’est pas un appel de projets avec des critères bien définis, souligne Mme Paquette. On veut partir des besoins des gens et voir s’ils ont ce qu’il leur faut dans leur village pour mettre en place l’infrastructure qu’ils désirent. » L’objectif est d’avoir un maximum de propositions de projets, puis de partager une enveloppe de 300 000 $ entre eux.

Le reste de la subvention servira à payer le salaire des membres de l’équipe de mobilisation et coordination, mais aussi à documenter le projet pilote. Des capsules vidéo et des fiches techniques seront réalisées pour chaque infrastructure qui verra le jour, afin de pouvoir inspirer d’autres municipalités.

Les gens veulent goûter de plus en plus de produits locaux, et la COVID-19 ne fait que renforcer cette tendance.
Allen Cormier, préfet de la MRC de la Haute-Gaspésie

Diminuer les GES

En parallèle, le Centre d’initiation à la recherche et d’aide au développement durable (CIRADD), qui est basé à Carleton-sur-Mer, mesurera en quoi les actions menées par les comités citoyens permettent réellement d’augmenter la résilience de la région face aux changements climatiques.

« Favoriser l’autonomie alimentaire locale va diminuer notre dépendance à l’alimentation extérieure, ce qui aura un effet positif sur les émissions de gaz à effet de serre », assure Marie-Ève Paquette. Sans compter que la route 132, qui relie la région au reste du Québec, est menacée par une érosion côtière accrue par les changements climatiques, souligne le préfet de la MRC, Allen Cormier. « On se souvient tous de l’ouragan Arthur [en 2014] ; la route avait alors été fermée pendant trois jours à Marsoui », rappelle-t-il. Les tablettes des (rares) épiceries s’étaient vidées très vite.

Les municipalités de la MRC soutiendront le Lab à hauteur de leurs moyens, par exemple en affectant un employé pour une journée, en prêtant une pelle mécanique ou en faisant des « voyages de terre ». Le jeu en vaut la chandelle, selon le préfet, puisque l’autonomie alimentaire pourrait renforcer l’attractivité de la région. « Les jeunes familles sont emballées. Les gens veulent goûter de plus en plus de produits locaux, et la COVID-19 ne fait que renforcer cette tendance. Ça rend ce projet d’autant plus important ! »

Cet article provient d’un cahier spécial « Ma ville, mon climat », publié par le quotidien Le Devoir, en partenariat avec Unpointcinq.

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