Maman de quatre adolescentes et souffrant de fibromyalgie, Marie-Andrée Foucreault-Therrien aurait très bien pu garder son énergie pour elle et sa famille. En s’impliquant au sein de Mères au front, elle se découvre une force insoupçonnée pour porter la cause climatique et préserver le futur des siens.
C’est une brunette aux lunettes rouge vif arborant un chandail noir avec le cœur vert, symbole du mouvement Mères au front, qui se présente à moi pour une entrevue par visioconférence. Cette femme de 45 ans, mère de quatre filles âgées de 14 à 19 ans et ex-membre des Forces armées canadiennes, a vu sa vie basculer il y a six ans lorsqu’elle a été reconnue invalide. La douleur et la fatigue chronique associées à la fibromyalgie l’empêchaient alors de vaquer à ses activités quotidiennes. Jaser avec elle aujourd’hui de son implication pour le climat tient donc du miracle, en quelque sorte.
Je ne pouvais pas concevoir qu’une de mes filles ne puisse pas se projeter dans l’avenir.
Ça suffit!
Après plusieurs années à devoir apprendre à vivre avec sa maladie, Marie-Andrée a retrouvé un peu de force et d’énergie l’an dernier. Elle aurait alors pu décider de devenir bénévole au sein d’une organisation qui vient en aide aux personnes atteintes de fibromyalgie ou continuer de s’investir auprès des jeunes, comme elle l’a toujours fait. Mais c’est pour le climat qu’elle a choisi de concentrer ses forces.
Il faut dire que sa fille cadette avait commencé à tenir un discours du genre ça-ne-vaut-pas-la-peine-d’aller-à-l’école-ou-de-faire-des-enfants-parce-qu’il-n’y-a-pas-de-futur. « Je ne pouvais pas concevoir qu’une de mes filles ne puisse pas se projeter dans l’avenir », se désole-t-elle encore juste à y penser. Au printemps 2020, Marie-Andrée tombe par hasard sur des publications Facebook des Mères au front et lit leur cri du cœur sur leur site Internet. « Je me suis dit : “My God! C’est tellement ça!” »
C’était la première fois que je me mettais sur la place publique, que je posais mon pied à terre en criant “Ça suffit!”
Sa première action militante a été de mettre en ligne une photo d’elle arborant le cœur vert à l’occasion de la fête des Mères. « Ç’a été une révélation », dit la femme timide et réservée qui s’enflamme instantanément et prend de l’assurance. Les mots suivants déboulent. « C’était la première fois que je me mettais sur la place publique, que je posais mon pied à terre en criant “Ça suffit!” » Celle qui aspirait à changer le monde à petite échelle en s’impliquant auprès des jeunes y voit une occasion « de faire quelque chose de plus grand et d’apporter de vrais changements ».
D’implications occasionnelles à engagement total
C’est ainsi qu’elle met sur pied le groupe Facebook Mères au front – Saint-Jean-sur-Richelieu au courant de l’été suivant. Elle multiplie les publications sur le réseau social, puis les rencontres avec les élus de sa région.
Une séparation avec le père de ses enfants et un déménagement à Stanstead-Est plus tard, elle confie la branche montérégienne à un groupe de femmes pour mieux implanter Mères au front Brome-Missisquoi avant la fin de l’année. À cela s’ajoutent sa participation au comité national de Mères au front ainsi que la coordination du comité inclusion, auquel collabore l’une de ses filles. Toute la force et l’énergie qu’elle possède, elle l’investit dans le mouvement. « Je veux que mes filles sachent que lorsqu’on souhaite voir un changement, il faut passer à l’action. Alors, c’est ça que je leur montre. »
À la maison, Marie-Andrée et ses filles parlent maintenant de climat, de mobilisation et d’action. « Je partage les bons coups de Mères au front et je les sensibilise aux petites actions qu’elles peuvent poser au quotidien. » Est-ce que sa plus jeune a changé de discours? « Tu me fais réaliser que oui avec cette question. Elle a même dit récemment “Quand je vais avoir des enfants…” »