Des insectes riches en protéines, faibles en GES

Alimentation, insectes, gaz à effet de serre, économie circulaire, fermes TriCycle
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© Laura Martinez.
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Retombées positives générales

En s’inspirant des écosystèmes – où rien ne se perd, tout se transforme –, la ferme d’insectes montréalaise TriCycle récupère des déchets alimentaires pour produire une protéine alternative à la viande à base de larves d’insectes. Et pour ne rien gaspiller, les excréments de ces larves sont transformés en fertilisant! Visite de cette ferme hors norme basée sur l’économie circulaire.

Photos: Laura Martinez

« As-tu des allergies respiratoires? Des allergies aux crustacés? » me demandent, avant la visite, Louise Hénault-Éthier et Guillaume d. Renaud, deux des quatre fondateurs de l’entreprise créée en janvier 2019. Aucune allergie à la chitine – un allergène présent dans la carapace des crustacés et dans l’exosquelette des insectes – de mon côté. C’est parti!

Première étape : récupérer les restes réfrigérés de pulpe de carotte produits par l’entreprise de jus de fruits et légumes Loop. Puisque Loop détourne déjà ses carottes des poubelles, c’est une troisième vie que la ferme d’insectes leur offre, d’où le « Tri » de TriCycle, explique Louise Hénault-Éthier tout en se déclarant passionnée d’insectes et de stratégies de revalorisation des résidus agroalimentaires.

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« Tous nos résidus alimentaires [pulpe de fruits et légumes, résidus de son de blé de boulangerie, drêche de brasserie, etc.] sont collectés dans un rayon de moins de 5 km de la ferme », précise Guillaume d. Renaud en pénétrant dans l’immense frigo de la Centrale agricole, une coopérative en agriculture urbaine située dans le quartier District Central. « En réduisant le transport des matières, on réduit la consommation de carburant fossile et, donc, les émissions de gaz à effet de serre (GES) », ajoute Louise Hénault-Éthier.

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Vêtu de sa blouse blanche, le jeune entrepreneur pousse sa cargaison de carottes dans le local d’environ 80 m2, où 10 millions de larves de ténébrions meuniers, un type de petit scarabée noir, grouillent dans 1000 bacs en plastique. C’est l’heure du lunch!

« Au départ, on a des adultes reproducteurs qui sont dans environ un centimètre de substrat composé de résidus céréaliers… Quelques semaines plus tard, on ajoute notre moulée composée de résidus de boulangerie, de meunerie et de brasserie. Puis on nourrit les larves deux ou trois fois par semaine avec des aliments humides [par exemple la pulpe de carotte] », explique la chercheuse tout en me montrant de jeunes larves minces comme des cheveux.

« J’estime qu’en nourrissant nos ténébrions avec des résidus agroalimentaires plutôt qu’avec de la moulée conventionnelle composée majoritairement de maïs et de soja [que certains éleveurs d’insectes utilisent], on sauve au moins 2,5 kg d’équivalent CO2 par kilogramme de ténébrions produits », poursuit la chercheuse en se basant sur plusieurs études scientifiques.

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En surcyclant des résidus organiques comme intrants dans ses élevages, TriCycle évite à la fois les GES liés au compostage de ces résidus ainsi que ceux liés à la production des moulées conventionnelles, précise celle qui est également la nouvelle directrice du Centre Eau Terre Environnement de l’INRS, et qui espère faire bientôt sa propre analyse de cycle de vie en utilisant les données de la ferme.

De manière générale, produire un kilogramme de protéines de ténébrions émet moins de GES que produire la même quantité de protéines de lait, de poulet, de porc ou de bœuf, selon une étude européenne parue dans PLOS ONE en 2012.

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La récolte a lieu de 10 à 12 semaines plus tard, quand les larves sont plus charnues. Un tamis industriel vibrant les sépare des nymphes – le stade précédent de la mue adulte –, des céréales résiduelles et des excréments de ténébrions. Le fumier de larve ainsi isolé est conservé pour être ensaché comme fertilisant, nommé le Ferti-Frass, poursuit Louise Hénault-Éthier, qui ajoute que les éleveurs d’insectes génèrent deux ou trois fois plus de tonnes de fumier d’insectes que d’insectes comestibles.

« En voulant faire une ferme en économie circulaire valorisant les sous-produits agro-industriels, je n’allais certainement pas laisser nos propres sous-produits se gaspiller », affirme la quarantenaire récemment engagée comme professeure associée à l’Institut national de la recherche scientifique (INRS).

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D’abord testé par TriCycle sur le toit végétal de la Centrale agricole, le Ferti-Frass est aussi utilisé par d’autres agriculteurs urbains comme Vignes en ville qui partagent le même toit. « Notre fertilisant combiné avec du compost est 16 fois plus performant que du compost seul [16 fois plus de matière végétale produite] », lance le jeune entrepreneur tout en croquant une tomate cerise.

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À l’étage au-dessous, on prépare un autre produit, les ténébrions séchés. Et, justement, les larves sortent du four. « La technique la plus efficace pour faire des larves croustillantes et attrayantes à consommer, c’est la technique par micro-ondes, car la larve va devenir dorée et gonflée », explique Louise Hénault-Éthier. Résultat : une texture de craquelin au goût de noisette. La farine de ténébrions est, quant à elle, généralement produite par blanchissage et déshydratation à basse température, poursuit celle-ci.

Même si la boucle semble bouclée, TriCycle a d’autres projets, notamment celui d’essayer d’extraire la chitine des ténébrions adultes pour en faire du bioplastique. « Ce serait un projet fou de produire à la fois les aliments et leur emballage! » conclut avec enthousiasme la chercheuse.

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