Leurs 11 bons coups de 2022 pour le climat

Mosaïque 11 personnalités
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Ils et elles sont urbaniste, animateur radio, anthropologue, sportive, professeur, médecin, chercheuse, experte en mobilité durable, « jeune ministre »… Nous leur avons demandé quelle était leur bonne nouvelle climatique pour l’année qui s’achève. Le portrait global qui se dessine met du baume au cœur.

L’aménagement urbain au cœur
de la campagne électorale

Olivier Niquet, chroniqueur radio et titulaire d’une maîtrise en études urbaines

 
Ma bonne nouvelle n’est pas un événement précis, mais plutôt la place qu’ont prise les questions d’aménagement urbain dans la campagne électorale québécoise. On a parlé de troisième lien, de tramway, d’étalement urbain, de densification. On a discuté de ces concepts en regard de leurs conséquences à moyen et à long terme et de leurs impacts environnementaux. C’est un pas dans la bonne direction. Ces discussions ne mèneront peut-être pas à des avancées concrètes, mais elles auront mis à l’avant-plan ces questions et auront au moins eu des vertus pédagogiques. La façon dont on aménage nos villes a de sérieux effets sur l’environnement et, par conséquent, sur la qualité de vie des citoyens. Que ceux-ci en soient de plus en plus conscients est une excellente chose.

Olivier Niquet
Olivier Niquet ©Lëa-Kim Châteauneuf

Ma démarche pour devenir une athlète carboneutre

Marion Thénault, athlète olympique spécialisée dans le saut acrobatique à ski

 
Ma bonne nouvelle de 2022 du côté environnemental est un projet personnel sur lequel je travaille depuis un certain temps et qui a pris vie cet été. Je suis en démarche pour devenir une athlète carboneutre pour le cycle olympique actuel (jusqu’aux Jeux d’hiver de Milan en 2026). Je me suis associée à WSP Canada pour quantifier mes émissions de gaz à effet de serre, trouver des façons de réduire cette empreinte et utiliser leurs ressources pour compenser le reste en crédits carbone. Cette initiative a soulevé un intérêt au sein de la communauté sportive du Québec et je trouve cela tellement encourageant de voir des athlètes qui veulent s’impliquer à leur façon. Ce projet me permet d’en apprendre énormément sur la carboneutralité et de faire de belles rencontres qui me donnent de l’espoir. Les athlètes d’hiver comme moi dépendent des montagnes enneigées pour pratiquer leur sport et ils les ont à cœur.

Marion Thénault
Marion Thénault

Les investissements vélo qui ont doublé
à Montréal et à Québec

Suzanne Lareau, experte en mobilité durable, transport actif et collectif

 
Montréal va investir 30 M$ par année, pendant les cinq prochaines années, pour le développement et l’amélioration de son réseau cyclable, soit plus du double des sommes investies dans les dernières décennies. L’augmentation de 20 % de fréquentation du réseau cyclable montréalais, au cours de la dernière année, n’est pas étrangère à ce budget majoré. À l’autre bout du fleuve, la Ville de Québec va aussi doubler son budget pour déployer des autoroutes vélo (REV québécois) et d’autres infrastructures. Sans environnement convivial et sécuritaire, la part modale du vélo ne pourra jamais progresser. Les meilleures intentions du monde ne seront que de belles paroles si on n’y accole pas un budget significatif pour passer à l’action.

Suzanne Lareau
Suzanne Lareau

Les villes les plus ambitieuses en termes d’investissements vélo sont celles qui ont déjà beaucoup fait et qui savent que ce n’est jamais terminé. Plusieurs autres villes québécoises comme Longueuil et Laval ont fait des annonces ambitieuses qui nous indiquent que le vent tourne. Accroître le part des cyclistes dans nos rues signifie y mettre plus d’argent et y consacrer plus d’espace, et l’un ne va pas sans l’autre!

La recherche de souveraineté énergétique de la Première Nation Heiltsuk (C.-B.)

Mamy Diouma Sow, élève au secondaire et « jeune ministre » en environnement*

 
Je veux parler de la Première Nation Heiltsuk, qui vit sur l’île Campbell, en Colombie-Britannique. C’est une communauté très inspirante pour nous toutes et tous, au Canada, et au-delà. Grâce à plusieurs projets qu’elle développe, la Première Nation Heiltsuk pourrait être la première au pays à atteindre sa souveraineté énergétique et, donc, à réduire de façon très importante son empreinte carbone. Elle installe par exemple des systèmes de panneaux solaires sur les écoles et remplace les « fournaises à l’huile ». En fait, elle a entamé une transition vers des énergies vertes. Cette recherche de souveraineté énergétique par rapport aux gouvernements est très importante. La Première Nation Heiltsuk protège la nature, se réapproprie son territoire. Les Autochtones partout au Canada sont très impliqués dans l’action climatique et ils font parfois plus de changements que nos grands leaders. Ils transmettent également leurs traditions aux plus jeunes qui, à leur tour, s’impliquent dans la protection de l’environnement.

* Membre de « Sors de ta bulle », un projet de lutte contre les changements climatiques de la Fondation Monique-Fitz-Back.

Mamy Diouma Sow
Mamy Diouma Sow

Le financement de l’adaptation à la crise climatique, sujet de campagne

Alain Bourque, directeur général d’Ouranos, consortium sur les changements climatiques

 
L’un de mes moments favoris de 2022 est clairement lorsque la mairesse de Montréal, Valérie Plante, a demandé davantage de ressources financières pour s’adapter aux changements climatiques à François Legault lors d’une rencontre dans le cadre de la campagne électorale. M. Legault a semblé refuser la demande et, le soir même, plusieurs régions de Montréal ont été inondées à la suite d’orages violents, atypiques au mois de septembre. Le premier ministre s’est ensuite ravisé, dans un contexte où il avait en outre annoncé un 100M$ pour les enjeux côtiers et l’érosion des berges, liés au passage de Fiona. Bref, même si on parlait peu d’environnement pendant les campagnes électorales dans le passé, il semble aujourd’hui de plus en plus fréquent de voir le climat s’y inviter!

Alain Bourque
Alain Bourque ©Ouranos

La reconnaissance du poids social des changements climatiques

Marianne-Sarah Saulnier, anthropologue et chercheuse à l’Observatoire québécois des inégalités

 
Dans les dernières années, on a vu que la principale tendance en ce qui concerne les changements climatiques était de se tourner vers des méthodes techno-économiques de réduction des effets négatifs des bouleversements climatiques.

La reconnaissance des changements climatiques comme accélérateurs des inégalités sociales déjà existantes était pour ainsi dire complètement mise de côté, surtout dans les pays occidentaux.

Marianne-Sarah Saulnier
Marianne-Sarah Saulnier

Or, je sens une tendance à reconnaître de plus en plus l’impact social des changements climatiques et leurs effets sur les inégalités existantes. On voit de plus en plus de discussions, de panels, d’articles et de chroniques qui portent sur l’importance de se tourner vers des mesures d’adaptation aux changements climatiques s’adressant à tous. À ce titre, le Conseil des Montréalaises a publié un rapport pour une transition écologique juste et féministe à Montréal. Ce dernier a été accueilli avec ouverture et écoute en plus d’avoir suscité un grand intérêt sur plusieurs tribunes.

Je remarque qu’aborder cet enjeu semble répondre à un besoin qui était présent, mais encore trop peu nommé. Cette reconnaissance permet d’entendre des voix qui sont généralement réduites au silence et qui portent des solutions, des idées nouvelles. On espère, à terme, que cette prise en compte se fera sentir dans des politiques publiques visant une plus grande justice sociale et, donc, une transition écologique plus équitable.

L’usage officiel de l’expression « sobriété énergétique »

Pierre-Olivier Pineau, titulaire de la Chaire de gestion du secteur de l’énergie à HEC Montréal

 
Dans la Stratégie québécoise sur l’hydrogène vert et les bioénergies 2030 rendue publique par le gouvernement québécois en 2022, la sobriété énergétique est mentionnée explicitement. Elle fait même partie du premier principe directeur (parmi cinq) de cette stratégie. Le premier ministre François Legault a aussi mentionné cette sobriété énergétique dans son discours inaugural, le 30 novembre, et Pierre Fitzgibbon – le nouveau ministre de l’Énergie – a fréquemment fait référence à la sobriété énergétique dans les entrevues qu’il a accordées lors du dépôt du projet de loi 2 (visant notamment à plafonner le taux d’indexation des prix des tarifs domestiques de distribution d’Hydro-Québec et à accroître l’encadrement de l’obligation de distribuer de l’électricité). Étant donné que les Québécois sont de grands consommateurs d’énergie et d’électricité, cet usage du concept par nos dirigeants est une bonne nouvelle. Il ne reste maintenant qu’à passer de la parole aux actes et à s’activer pour réduire notre consommation.

Pierre-Olivier Pineau
Pierre-Olivier Pineau ©HEC Montréal

L’engagement social et le développement technologique font équipe

Louise Millette, responsable du bureau de développement durable de Polytechnique Montréal*

 
Je suis convaincue que nous, les ingénieurs, pouvons dépasser les aspects technologiques et embrasser le développement durable sous toutes ses formes. Il m’arrive de douter de nos chances de réussite, puis, tout d’un coup, une preuve tangible que les choses changent renouvelle mes convictions. C’est ce que j’ai ressenti quand j’ai découvert que Polytechnique avait attribué le prix de la meilleure thèse de doctorat 2022 à une recherche hors du commun, centrée sur l’amélioration des conditions de vie. La thèse de Carole Brunet, intitulée « L’énergie solaire à l’épreuve du développement durable », se situe à l’intersection du génie et des sciences sociales. Son analyse scientifique repose sur des centaines d’entrevues avec des citoyens de pays africains et sur l’écoute de leurs points de vue quant au déploiement, dans leur territoire, de technologies que nous qualifions de durables. J’ai eu un coup de cœur pour son travail et cette reconnaissance.

* Louise Millette est également professeure au Département des génies civil, géologique et des mines à Polytechnique Montréal.

Louise Millette
Louise Millette ©Polytechnique

La qualité de l’air s’est imposée dans l’espace public

Claudel Pétrin-Desrosiers, médecin de famille et présidente de l’Association québécoise des médecins pour l’environnement

 
J’ai aimé la façon dont les enjeux de qualité de l’air se sont imposés dans l’espace public cette année. Ça a commencé en février avec la norme sur le nickel à Québec, ça s’est poursuivi au courant de l’été avec l’arsenic et la fonderie Horne et, plus récemment, il y a eu le cas de l’aluminerie Arvida à Saguenay.

Sur les questions de qualité de l’air, j’ai constaté l’émergence des voix du monde de la santé, au côté de celles des groupes environnementaux. Que le Collège des médecins du Québec se positionne de façon très franche, en soutien à ses membres engagés dans l’amélioration de la qualité de l’air, cela démontre une évolution. C’était une première!

Claudel Pétrin-Desrosiers
Claudel Pétrin-Desrosiers ©Laurence Plouffe

Il y a par ailleurs une campagne de l’Association canadienne des médecins pour l’environnement dont deux des objectifs sont de bannir la publicité sur les énergies fossiles et dénoncer le greenwashing qui est fait autour du gaz naturel. Ces industries contribuent à augmenter les émissions de gaz à effet de serre, accélèrent les changements climatiques et détériorent la qualité de l’air, avec des impacts directs sur la santé des gens.

Ce qu’il s’est passé cette année témoigne d’un appétit dans la population pour mieux comprendre ces enjeux et pour défendre des milieux de vie en santé, et cela me fait dire qu’on ne peut plus négocier la qualité de l’air.

L’écho des élections municipales de 2021

Charlotte Montfils-Ratelle, urbaniste, chargée de projets et coordonnatrice générale | Arpent

 
« L’aménagement est un acte politique », nous répétait souvent un professeur d’urbanisme à l’université, lui-même praticien. J’ai pris la pleine mesure de ce principe fondamental dès mes premières expériences professionnelles dans le domaine. Une dizaine d’années plus tard, je me réjouis de constater que de plus en plus d’élu·e·s du monde municipal prennent le taureau par les cornes et abordent de front la crise climatique.

En 2022, j’ai ressenti l’écho d’une relève politique municipale unie dans l’urgence d’agir. Cette nouvelle génération d’élu·e·s tend à se doter d’orientations claires en matière d’environnement et à mobiliser les leviers à sa disposition pour générer des solutions. Cette année, ces élu·e·s ont osé se prononcer en faveur d’une densification consciencieuse de nos villes, de la protection de nos milieux naturels et agricoles et de la réduction de la place de la voiture dans nos milieux de vie. Ça me donne de l’espoir.

Charlotte Montfils-Ratelle
Charlotte Montfils-Ratelle ©Arpent

La force des signaux faibles

Matthieu Dugal, animateur, ICI Première, Radio-Canada

 
Le concept de « signal faible » a été créé dans les années 1970 par un consultant pour la grande entreprise, Igor Ansoff. On décrit ce signal comme un élément (ou une action) qui est potentiellement porteur de grands changements, mais qui pour le moment est noyé dans le bruit ambiant, donc qu’on perçoit difficilement.

La pandémie dont nous sortons péniblement était-elle prévisible? Plusieurs spécialistes pensent que oui, car il s’agissait d’un « rhinocéros gris », une métaphore décrite par l’autrice américaine Michele Wucker dans un essai paru en 2016. Le rhinocéros gris désigne une menace très probable qui fonce à pleine vitesse sur nous (d’où l’idée de rhinocéros), mais que nous négligeons, que nous transformons en signal faible.

Matthieu Dugal
Matthieu Dugal

La crise climatique et de la biodiversité appartient à cette catégorie. Rarement avons-nous été collectivement en mesure d’aussi bien identifier une menace qui pèse sur nous. Les signaux faibles peuvent constituer des menaces, mais on les retrouve aussi dans des gestes et/ou des manifestations de comportements ou d’attitudes qui pourraient nous aider à répondre adéquatement à la menace.

Où trouve-t-on ces signaux faibles aujourd’hui?

Dans le fait qu’il devient de plus en plus difficile d’élaborer des politiques publiques qui n’intègrent pas les derniers développements scientifiques en environnement. Dans le calcul de plus en plus précis du concept d’externalité en économie et dont on peut de moins en moins faire abstraction. Chez les jeunes générations aussi, qui nous disent qu’elles ne veulent pas refaire les mêmes gestes que ceux qui nous ont amenés là.

Dans le fait aussi que des termes jadis désuets retrouvent une nouvelle actualité, par exemple « sobriété heureuse ». Dans le fait que la science nous démontre que l’action contre cette crise climatique demandera de plus en plus de social, de plus en plus d’égalité, de moins en moins d’individualisme. Dans le fait qu’on voit désormais apparaître des concepts comme celui d’« une seule santé », une approche qui repose sur l’idée que la santé humaine et la santé animale sont interdépendantes et liées à la santé des écosystèmes dans lesquels elles coexistent.

Cette crise est un défi lancé à notre intelligence. Nous avons tout ce qu’il faut pour y répondre!

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