Un stationnement pour prendre le bus

Stationnement de Boucherville
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11 décembre 2019 - Maude Carmel, Journaliste

Boucherville a inauguré en juin le deuxième stationnement incitatif du terminus De Montarville, situé dans l’embranchement de la route 132. Construit selon des critères écoresponsables, il est relié à trois lignes d’autobus pour faciliter la vie de ces automobilistes de la Rive-Sud qui souhaitent traverser le fleuve… en transport en commun.

Il m’arrive, plus souvent qu’il ne le faudrait, de scruter le marché immobilier de la Rive-Sud sur Centris ou DuProprio. Si je veux un jardin et de l’espace pour mes deux futures paires de jumeaux, il faut que je me fasse à l’idée de devoir, un jour, quitter l’île de Montréal.

Mon seul critère : vivre à moins de 15 minutes en bus du métro Longueuil. Car, pour moi, banlieue ne doit pas rimer avec dépendance à la voiture.

Alors, quand on m’a proposé d’écrire un article sur le nouveau stationnement incitatif écoresponsable de Boucherville, j’y ai vu l’occasion rêvée de tester les transports en commun de la ville fondée par Pierre Boucher en 1667!

Longueuil-Boucherville à la vitesse de l’éclair

Station de métro Longueuil–Université-de-Sherbrooke, un matin pluvieux d’Halloween. Dans la file d’attente de l’autobus 80, une jeune professionnelle qui habite à Montréal et travaille à Boucherville me raconte qu’elle prend tous les jours le métro et le bus pour aller au boulot. « Le bus se rend direct, c’est fou! Il n’y a jamais de trafic! »

Abri à vélo du stationnement de Boucherville
L’abri à vélos inclut une station de réparation.

 
Elle avait raison : 10 minutes et 35 secondes plus tard, je retrouve, sous l’abri à vélos, Claude Poirier, l’ingénieur qui a conçu le fameux stationnement. « L’abri, ça fait partie des critères pour qu’un stationnement soit considéré écoresponsable », m’explique-t-il avant de m’emmener faire le tour du propriétaire. Car ne devient pas stationnement écoresponsable qui veut. « On s’est basé sur la liste de critères établie par le Conseil régional de l’environnement (CRE) de Montréal. On n’a pas leur certification puisqu’on est en Montérégie, mais si c’était le cas, on serait au top du top », affirme Claude.

Stationnement de Boucherville
Lorsque les arbres auront grandi, leur canopée couvrira jusqu’à 25 % du stationnement.

Pavés drainants pour réalimenter la nappe phréatique et éviter les inondations; système de biorétention pour abreuver les arbres; murs végétaux construits en gabions pour créer de la verdure; pavés pâles pour réduire le phénomène d’îlot de chaleur; 4000 végétaux plantés pour assurer la biodiversité, dont 114 arbres de 12 essences différentes; deux bornes de recharge électrique; des lampadaires aux DEL certifiés « ciel noir » pour diminuer le plus possible la lumière émise… La liste des aménagements climato-sympathiques de ce stationnement gratuit de 220 places est longue, longue, longue.

Ingénieur Claude Poirier - Stationnement de Boucherville
L’ingénieur Claude Poirier s’est basé sur les critères établis par le CRE-Montréal pour aménager le stationnement de Boucherville.

Aujourd’hui, les deux tiers à peine des places sont occupées, mais Claude est convaincu qu’il en sera autrement d’ici 2020. « Ce stationnement a été construit en partie parce que l’autre à côté était toujours plein, mais aussi en prévision des travaux que subira le tunnel Louis-Hippolyte-La Fontaine. L’été prochain, plus personne ne voudra prendre sa voiture pour aller à Montréal! »

C’est déjà le cas de Geordi Gabriel, un heureux utilisateur quotidien du stationnement situé près de la bretelle de la route 132 : « Ça me coûterait bien trop cher en stationnement et en gaz d’aller tous les jours à Montréal en voiture. Ici, ça ne me coûte rien, et j’essaie même de travailler dans le bus! »
 
Quant à Raphaëlle, une étudiante, elle me dit qu’avant juin, elle n’utilisait pas le stationnement voisin, ayant trop peur de ne pas trouver de place. « Je prends beaucoup plus le bus depuis qu’il y en a un nouveau », m’indique-t-elle avant de monter dans l’autobus 80 en direction de Longueuil.

Geordi Gabriel - Stationnement de Boucherville
Geordi Gabriel voit un avantage économique à stationner à Boucherville plutôt qu’à Montréal.
Raphaëlle, usagère du stationnement de Boucherville
Raphaëlle prend davantage l’autobus depuis l’inauguration du stationnement en juin.

Dix secondes passent. Quelques retardataires arrivent essoufflés à l’arrêt. Comme ils ont raté le 80, ils traversent la rue et prennent le 61 qui les mènera à la station Radisson, sur la ligne verte du métro, en empruntant le pont-tunnel Louis-Hippolyte-La Fontaine. Avant que les portes du bus ne se referment, une certaine Carol, me crie : « It’s the same for me anyway, I love it! » (Ça ne change rien pour elle, elle adore ça!)

Des stationnements pour… piétons

De retour en 20 minutes à Montréal, je rejoins Romain Coste à la Maison du développement durable. C’est lui qui, au CRE-Montréal, s’occupe du dossier des stationnements. « On a établi nos critères d’attestation il y a presque trois ans, en s’appuyant sur un guide produit par le Bureau de normalisation du Québec (BNQ) ainsi que sur des exemples inspirants en Oregon, à Toronto et dans plusieurs villes au Québec. »

Au Québec, 34 % des émissions de gaz à effet de serre (GES) proviennent du transport routier. Les automobiles ont émis à elles seules 9,4 mégatonnes d’équivalent (éq.) CO2 en 2016, ce qui représente plus du tiers des émissions du secteur routier. Source : Inventaire québécois des émissions de gaz à effet de serre en 2016.

Si on remplace l’auto solo par le bus, on émet 3,5 fois moins de GES. À raison de 20 km aller et 20 km retour par jour pendant une semaine de travail, on évite l’émission de 30 kg de GES.

Romain Coste du CRE-Montréal
Romain Coste, du CRE-Montréal, à la Maison du développement durable.

 
Au-delà du verdissement des lieux et de la gestion des eaux pluviales, Romain me fait bien comprendre que ces stationnements écoresponsables sont avant tout pensés pour… les non-automobilistes. « On veut vraiment intégrer l’ensemble des modes de transport durable. Il y a des corridors sécurisés pour les piétons, des abris à vélo fermés, tout ça en créant de nouvelles places pour la voiture. »

Dans la métropole, ces stationnements – parfois payants, parfois privés – incitent donc les Montréalais à réduire leur utilisation de l’automobile. « C’est vraiment une vision à long terme qui vise à optimiser les terrains et à privilégier les modes de transport actif. Au final, même si l’aménagement coûte parfois plus cher, on réalise des économies à long terme. »

Un support à vélo, c’est en effet moins cher qu’une place de stationnement. « Sans compter la gestion de l’eau en surface, ce qui évite plusieurs dépenses, ainsi que le revêtement de sol à base de végétaux, comme le Végécol, qui semble tellement mieux vieillir que l’asphalte traditionnel! » Affaire à suivre dans les prochaines années.