Boire la mer

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© Oneka Technologies
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Utiliser la force des vagues pour dessaler l’eau de mer est l’idée ingénieuse d’une jeune entreprise sherbrookoise. En plus de produire 10 000 litres d’eau potable par jour, chaque bouée autonome économise entre 15 et 35 tonnes de CO2 par an. Un petit verre du dernier cru de l’Atlantique?

D’ici 2050, plus de 40 % de la population mondiale risque de vivre une pénurie d’eau potable, selon l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Une solution : le dessalement de l’eau de mer! L’opération, par contre, est gourmande en énergie et émet de grandes quantités de gaz à effet de serre (GES).

Au Québec, dessaler sans augmenter les GES devient possible grâce aux efforts d’une dizaine d’étudiants en génie mécanique de l’Université de Sherbrooke, dont l’idéateur du projet, Dragan Tutić. Rencontre avec ce jeune ingénieur de 27 ans, qui est le président et cofondateur de l’entreprise de dessalement Oneka Technologies, sise à Sherbrooke.

Comment vous est venue l’idée d’utiliser la force des vagues pour dessaler l’eau de mer?

En prenant ma douche lors d’un voyage en Corse, je me suis demandé d’où venait l’eau. Lorsque j’ai appris qu’elle provenait surtout des puits reliés aux nappes phréatiques, je me suis posé une autre question : comment se fait-il qu’on n’utilise pas l’eau des océans [97 % de l’eau terrestre] comme réserve d’eau potable?

Je savais qu’il existait des technologies qui se servent des vagues pour produire de l’électricité et d’autres qui utilisent l’électricité pour dessaler l’eau de mer. J’ai eu l’idée de combiner les deux! C’est devenu mon projet de fin d’études en 2012, qui a mené à la création de l’entreprise Oneka Technologies en 2015.

Oneka technologies : photo de Dragan Tutić
Dragan Tutić, le président et co-fondateur d'Oneka Technologies. © Oneka Technologies

Vous produisez de l’eau douce à partir de l’eau de mer. Comment ça marche?

Oneka technologie : Schéma d’une bouée de dessalement
Schéma d’une bouée de dessalement Oneka de 5e génération, composée d’un flotteur et d’un piston relié à un ancrage sur le fond marin. Les petits panneaux solaires servent à collecter des données pour mesurer l’état de la bouée (salinité, quantité d’eau produite, etc.). © Oneka Technologies

Ça fonctionne un peu comme une pompe à vélo. Les bouées sont composées d’un flotteur à la surface de l’eau et d’un ancrage dans le fond marin. Les vagues agitent le flotteur de haut en bas, ce qui actionne un piston qui aspire de l’eau de mer et l’injecte sous pression à travers une membrane qui filtre non seulement le sel, mais aussi les bactéries et les virus. L’eau devient potable! Et même pas besoin d’électricité. C’est mécanique à 100 %.

L’eau est ensuite acheminée vers la côte grâce à un tuyau qui peut faire jusqu’à 2 km de long. Pas besoin de la traiter, on peut directement boire au tuyau!

Faut-il beaucoup de vagues pour produire de l’eau potable?

En effet, dans les zones où l’on installe nos bouées, il doit y avoir des vagues d’au moins un mètre. Par contre, il n’y a pas de limite. Si les vagues dépassent 3,5 m, l’énergie est simplement perdue. La bonne nouvelle, c’est que les vagues représentent la forme d’énergie renouvelable la plus constante. Utiliser une énergie discontinue comme le solaire ou l’éolien impliquerait de stocker dans des batteries l’électricité nécessaire au fonctionnement 24 heures sur 24 de la station de dessalement.

Avec un système à 100 % mécanique, on est plus concurrentiel en termes de coût par litre d’eau potable. Par exemple, pour produire la même quantité d’eau qu’une bouée Oneka de 3 m de diamètre, il faudrait une éolienne de 18 m de hauteur ou une surface de 70 à 100 m2 de panneaux solaires.

En quoi votre technologie émet-elle moins de GES qu’une station de dessalage conventionnelle?

Pour actionner les pompes qui font le travail de dessalement, une usine conventionnelle – il en existe quelque 16 000 dans le monde (voir l’encadré) – se sert de diesel pour produire de l’électricité au moyen d’une génératrice. Le problème, c’est qu’injecter de l’eau de mer sous pression à travers une membrane nécessite beaucoup d’électricité. La transformation du carburant en eau potable émet par conséquent de grandes quantités de GES. Avec une bouée Oneka, on évite l’utilisation de diesel et, donc, l’émission de 15 à 35 tonnes de CO2 par an [soit l’équivalent d’à peu près 35 à 85 allers-retours Montréal-Percé en voiture, selon le calculateur du Fonds d’action québécois pour le développement durable].

À qui sont destinées ces bouées autonomes?

Pour que notre technologie puisse aider une communauté, il faut que, premièrement, elle manque d’eau douce. Deuxièmement, elle doit être située près d’un rivage qui reçoit des vagues d’au moins un mètre. Troisièmement, la production de son électricité doit être coûteuse. On parle donc essentiellement de petites communautés isolées sur des îles, comme dans les Caraïbes. Mais ça ne marche pas pour le Québec. Ici, on a plein d’eau et d’électricité pas chère!

Oneka Technologies
Chaque bouée produit 10 000 litres d’eau potable par jour, soit l’eau nécessaire à environ 2000 personnes. © Oneka Technologies

Où avez-vous installé des bouées?

Une de nos unités a été installée pendant plus d’un an à Fort Pierce en Floride, où on planifie en ce moment l’installation d’une bouée de cinquième génération, qui est plus performante et demande moins d’entretien. D’autres projets sont en cours, notamment dans les Caraïbes et au Chili, des endroits où les problèmes d’approvisionnement en eau potable sont critiques.

Aujourd’hui, Oneka Technologies emploie 11 personnes. Grâce à une équipe dynamique de jeunes Québécois – tous sont dans la vingtaine –, on commence à se faire connaître mondialement!

Dessaler les océans